Biden renforcé

Kamala Harris
(Photo AFP)

Au terme d’un nouveau tour de scrutin, la parti démocrate a élu un sénateur de plus en Géorgie, renforçant ainsi la majorité du président Joe Biden au Sénat. Au total, les élections de mi-mandat sont perçues comme favorables au camp démocrate, même s’il a perdu la majorité à la Chambre des représentants.  

JOE BIDEN peut se féliciter de ce résultat, mais l’opposition républicaine a réussi à faire du champ électoral une zone de chaos, notamment en essayant  d’obtenir une loi nouvelle sur le découpage des circonscriptions de manière à faire élire davantage de candidats républicains.

Trump candidat.

Cette provocation s’ajoute à toute une série de propos et d’actes qui tendent tous à délégitimer la victoire de Joe Biden en 2020. La Cour suprême, celle qui a laissé les États choisir ou rejeter l’IVG, a accepté de s’emparer du sujet, mais ne rendra pas sa décision avant le milieu de l’année 2023. Bien que la justice fédérale s’apprête à la fois à inculper Donald Trump pour fraude fiscale et pour son rôle dans le sac du Capitole, il est clair que l’ex-président se présentera pour le second mandat dont il a été privé en 2020 par l’électorat.

Un pouvoir « trumpisé ».

Si la résistance de Biden aux manœuvres de l’opposition a amélioré sa stature politique, il n’en reste pas moins le candidat qui a 80 ans et en aurait 86 à la fin d’un second mandat. Il ne souhaite pas annoncer sa candidature avant d’avoir consulté son épouse, Jill, ses médecins et les instituts de sondages. Cependant, la question ne porte pas sur les deux personnalités en lice, mais sur leurs programmes : Trump nous a donné un aperçu de sa gouvernance qui se résume par une sorte d’acquisition définitive du pouvoir, en modifiant les règles électorales et en s’appuyant sur le néo-conservatisme de la Cour suprême ; Biden, lui, entend effacer l’empreinte  de Trump, sachant notamment que les écuries d’Augias ne sont pas encore complètement nettoyées.

Le sort de Kamala Harris.

Le trumpisme peut survivre à Trump, ce qui veut dire que, même si le businessman n’est pas candidat, il peut être remplacé par un homme ou une femme chargé d’achever son travail de démolition de la gauche américaine. Celle-ci fait partie intégrante de l’équilibre des pouvoirs aux États-Unis, comme Biden l’a démontré en gouvernant au centre et en rendant aux États-Unis l’influence qu’ils ont dans le monde. On ne voit pas pourquoi la vice-présidente, Kamala Harris, ne devrait pas tenter sa chance. Ce n’est sûrement pas une révolutionnaire et elle s’efforcerait, en tant que présidente, de calmer les ardeurs de la gauche. Il ne faut jamais sous-estimer les qualités d’un vice-président, il suffit pour le comprendre de souvenir qu Mike Pence, le vice-président de Trump, a froidement rejeté l’idée de son patron, qui lui demandait tout bonnement d’annuler l’élection de 2020.

Ballons d’essai.

Les relations de Mme Harris avec Biden sont excellentes, mais, loin d’annoncer sa succession, il a envoyé deux ou trois ballons d’essai pour évaluer la réaction de l’opinion à son éventuelle candidature. De sorte qu’il n’a pas renforcé le statut de la vice-présidente, ce qui était prématuré dans la mesure où il a besoin de temps avant de se lancer dans une nouvelle candidature. Elle reste bien placée si Biden renonce, mais elle trouvera forcément des rivaux sur son chemin.

Retour au Moyen-Âge. 

Beaucoup d’Américains expriment leur étonnement face à l’extraordinaire soumission de Mme Harris  à Joe Biden et au parcours ultra-modeste qu’elle a accompli depuis 2020. Mais elle n’a fait que jouer sa partition, comme tous ses prédécesseurs dont la qualité principale est le dévouement au président. Et elle a pris le temps de se familiariser avec les dossiers. Nous ne saurions rester indifférents à ce qui se passe aux États-Unis car les élections de 2024 peuvent soit nous renvoyer à une sorte de Moyen-Âge ultra-conservateur, avec un affaiblissement des institutions et une perte de légitimité des élus, ainsi qu’une politique étrangère isolationniste qui livrerait l’Ukraine à Poutine, soit favoriser l’épanouissement de l’Europe et de l’OTAN.

RICHARD LISCIA

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