Une économie résistante

Le contraire du travail, la grève.
(Photo AFP)

On pouvait craindre que l’inflation s’accompagnerait d’une récession dès cette année. Il n’en est rien. La progression du PIB (produit intérieur brut) au dernier trimestre de 2022 sera infime (+0,1 %) mais, au total il aura augmenté de 2,6 %, ce qui est honorable.

IL N’EN SERA pas de même en 2023, année pour laquelle les prévisions des experts ne sont pas optimistes : l’économie a subi deux coups violents, la pandémie et l’inflation. Toutefois, il est remarquable que le taux de chômage continue à baisser, que les employeurs ne parviennent toujours pas à embaucher autant de personnels qu’ils le souhaitent et que, malgré la morosité du climat général, les Français continuent à dépenser.

Le travail a changé.

Cependant, nous ne saurions croire que les affaires vont reprendre comme si de rien n’était. L’attitude de nos concitoyens face au travail a changé. Beaucoup de professionnels ont changé de métier, d’autres refusent de reprendre le travail et s’arrangent pour avoir une vie sobre adaptée à la réduction de leurs moyens ou à l’aide sociale qu’ils reçoivent.  Le télétravail a en outre rendu les déplacements insupportables, d’autant que le prix des carburants a augmenté.

De nouvelles exigences.

En réalité, ce n’est pas le travail que les Français détestent, c’est ce qu’il exige parfois de sacrifices au niveau des horaires ou de l’éloignement, ou encore du genre de l’entreprise. On ne veut plus consacrer un budget élevé à la navette entre le foyer et le lieu de travail ; on cherche un métier où on est traité décemment et payé correctement ; on tente de rapprocher le bureau de la maison, ce qui est plus facile que de faire l’inverse. Ces demandes ont été perçues par les employeurs qui s’efforcent, dans leurs propositions, de leur apporter une réponse satisfaisante et ont déjà augmenté les salaires dans le privé, ne serait-ce que parce que l’inflation les y contraint.

Vaincre l’inflation.

Malgré les critiques incessantes dont il fait l’objet, le gouvernement a multiplié les aides en faveur des salariés. Elles sont insuffisantes dans certains cas, par exemple quand le lieu de travail est trop éloigné. L’année 2023 est l’occasion de concevoir le travail d’une manière plus subtile, notamment en proposant un mix travail sur place et télétravail. Mais la tâche essentielle de nos dirigeants est la fin de l’inflation, qui ne doit pas dépasser 2 %, alors qu’elle est de près de 8 % en France. Il est indispensable de rassurer nos concitoyens sur leur avenir immédiat. Ils craignent de perdre leur statut et de ne plus pouvoir boucler leurs fins de mois.

La spirale prix-salaires.

Par rapport à nos partenaires européens, nous avons un taux d’inflation inférieur. Nous sommes donc assez bien armés pour confirmer la tendance l’année prochaine et repartir sur des bases solides. Tant que l’inflation persiste, en effet, la menace d’une spirale prix-salaires reste forte. Si les salaires augmentent, les prix, naturellement, augmentent, de sorte que les ménages ne retrouvent pas dans l’augmentation obtenue une satisfaction durable. Ce ne doit pas être un dogme et, de toute façon, il est normal que des efforts soient fournis en direction du pouvoir d’achat.

Un peu de courage.

À tous les efforts rendus nécessaires doit s’ajouter une fiscalité inchangée. Une hausse des impôts ruinerait le climat social plus vite encore que la réforme des retraites. L’État est certes pressé d’amorcer un mouvement en direction de l’équilibre budgétaire, mais il obtiendra des résultats en accélérant la croissance, ce qui réduit mécaniquement le déficit budgétaire. Toutes ces tâches et tous ces équilibres ne sont pas faciles à obtenir. Pour les accomplir, il faut seulement un peu de courage.

RICHARD LISCIA   

 

 

 

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