Oublier la politique

Mbappé (France) dans les bras de Hakimi (Maroc)
(Photo AFP)

Je ne m’engage pas dans cette ultime chronique de l’année sans l’ambition de sortir des sentiers battus et d’évoquer des sujets qui ne figurent pas dans mes champs de compétence.

LA SUITE des saisons n’enlève rien à nos préoccupations mais elle nous offre une pause que nous devrions saisir avec avidité. Ce n’est pas remettre à demain les soucis qui nous accablent, c’est déceler dans les séquences inéluctables de la vie nationale quelques moments de satisfaction que nous retrouverons dans nos familles. Si nous renoncions tous à nous chamailler pendant quelques heures ou quelques jours, nous nous sentirons mieux. Cette perspective est à la fois simple et efficace. Elle nous protègera.

Rendez-vous dimanche.

Malgré tout ce que nous inspire le football, énorme machine qui fonctionne avec un carburant qui s’appelle l’argent, il n’est pas honteux de se réjouir d’une France en finale qui nous fait oublier tout le reste. Dimanche prochain, « nous », c’est-à-dire notre équipe nationale, allons tenter un exploit qui restera dans les annales. Nous assisterons à la performance depuis notre salon, certitude que nous resterons à l’abri de toutes les violences. L’an prochain, nous reparlerons des retraites, de l’inflation et du Covid. Pour le moment, nous sommes collectivement invités à passer agréablement les fêtes de fiin d’année.

Une certaine magie.

Bien entendu, les problèmes à gérer ne vont pas disparaître d’un coup de baguette magique. Mais si nous ne voyons aucune magie dans notre société, c’est bien parce que nous voulons y rester aveugles. Il n’y a pas que l’argent, il y a la santé, la chaleur du foyer, l’espoir d’améliorer notre standing, toutes choses utiles et agréables qu’on obtient par le travail et non en demandant désespérément à l’État de nous venir en aide. Fort heureusement, nous ne sommes pas tous des assistés, mais nous devons être les acteurs de l’assistance. Nous ne saurions éprouver de la joie, même à Noël, si nous n’avons pas aidé ceux qui souffrent.

Le choix est vite fait.

Ceux-là sont d’autant plus vulnérables qu’ils n’ont pas les moyens de résister alors que les mieux lotis d’entre nous peuvent soutenir des causes valables sans y laisser leur prospérité ou leur stabilité. Nous ne pouvons pas aller nous battre en Ukraine, en tout cas pas les plus âgés d’entre nous, mais entre Moscou et Kiev, le choix est vite fait. Nous admirons les Iraniennes, et nous les soutenons. Prendre quelques jours de vacances, ce n’est pas fuir devant la montée des périls. Nous savons exactement à quel moment nous serons nous-mêmes, décidés et impavides.

C’est dans notre intérêt.

Enfin, notre comportement est dicté par la logique et par notre intérêt personnel. Il n’y aura pas de salut pour nous si nous fléchissons face à l’arbitraire, au cynisme et à la férocité. Notre compassion pour les peuples en souffrance est une excellente manière de nous protéger nous-mêmes. Si nous ne dénonçons pas les nouveaux Staline, ils finiront par nous persécuter.  Voilà ce qui importe aujourd’hui et nous aurons tout le temps, l’an prochain, de participer à la défense des droits de l’homme, comme nous aurons participé aux festivités traditionnelles de notre société.

RICHARD LISCIA

PS- Comme je l’ai indiqué plus haut, j’interromps pendant quelques jours la publication de cette chronique. Je la reprendrai au début du mois de janvier. À tous, bonnes fêtes de fin d’année.

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Une réponse à Oublier la politique

  1. Laurent Liscia dit :

    Les nouveaux Staline, euh, Poutine, nous persécutent déjà à travers le prix et la carence des ressources naturelles. Ce serait bien qu’ils nous fassent à tous et toutes de vacances: aux Ukrainiens, aux Iraniens, aux Coréens du nord, aux Chinois, la liste est longue, hélas.
    On oubliera tout le temps d’une finale historique, qui soit consacrera la légende de Lionel Messi, soit marquera un exploit qui n’a pas été égalé depuis le Brésil en 1962. On oubliera même d’etre 100 % français, car qui n’admire pas Messi? Tout en aimant ces Bleus fort sympathiques qui ont montré au football marocain tout le respect qu’il mérite. La vie est faite de petites choses, et comme tu le dis si bien, la France est avant tout un pays prospère ou il fait dans l’ensemble bon vivre. On essaiera de s’en souvenir et de râler un peu moins dans les semaines qui viennent.

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