Ce qui a changé

Poutine et Xi : des modèles ?
(Photo AFP)

On ne peut pas dire que l’année 2022 nous a apporté des joies extrêmes ou de sérieux espoirs. Pas plus qu’on ne peut s’attendre en 2023 à la résolution des crises qui ont frappé le monde en général et la France en particulier.

IL SERAIT vain de s’abriter derrière un optimisme de façade : nous assistons, impuissants, à la destruction systématique de l’Ukraine, mais  avec la conviction que Vladimir Poutine, qui y a déjà enseveli son honneur et la dignité des Russes, consacrera ses derniers mois de vie politique à l’anéantissement pur et simple de son voisin. « L’homme de l’année », Volodymyr Zelensky, lui tiendra tête, mais en payant le prix fort. Les Occidentaux,  Emmanuel Macron en tête, ont renoncé aux négociations qui conduiraient à la paix. « Il ne faut pas humilier Poutine », disait-il il y a peu. Il a changé d’avis et, dans ses vœux à la nation du 31 décembre, il a clairement montré qu’il a rejoint le camp de ceux qui exigent une solution radicale.

Politique barbare.

C’est Poutine lui-même qui a décidé d’augmenter la mise et de prendre le risque d’une défaite historique. La barbarie qui lui sert de politique constitue un aveu à la fois de son impuissance et de stratégie dévoyée. La guerre en Ukraine prépare l’affaiblissement de la Russie. Si le mot était adapté à une crise qui entraîne autant de souffrances, on dirait que la conduite  de Poutine est inconvenante. Il n’y a aucune limite à son cynisme.  Il a souligné la « justesse » de ses actes dans son discours du premier de l’an. Ce n’est plus Kafka, c’est Ubu-Roi qui finit sa désastreuse carrière dans l’aphasie parce qu’il n’a plus rien à dire. Jamais, depuis Hitler, un chef d’État n’aura laissé un héritage aussi coûteux. Il faudra 1 000 milliards de dollars pour reconstruire l’Ukraine, et pendant des siècles, les Ukrainiens se souviendront qu’ils n’ont dû leur liberté qu’à leur courage.

La bêtise de Xi.

Le pire, c’est que les dirigeants du camp hostile à l’Occident espéraient nous démontrer la supériorité de leur système. De vouloir écraser l’Ukraine, la Russie se meurt. Quant aux espoirs hégémoniques de la Chine, ils ont été effacés par la pandémie. Avec une inconscience incroyable,  Xi a d’abord engagé la politique du zéro Covid qui jamais n’a été efficace, puis la liberté retrouvée des citoyens chinois qui risquent de contaminer le reste du monde. La bêtise de Xi Jiping fait autant de morts que le cynisme de Poutine.

On note que le nombre des démocraties a diminué au profit des régimes arbitraires en plein essor. C’est désolant, mais les systèmes libéraux durent plus longtemps que les dictatures. Forts des passions qu’ils suscitent, les dirigeants populistes ont inévitablement rendez-vous avec une réalité dont ils ont oublié l’existence après avoir prôné une vérité alternative qui n’existe pas. M. Xi estime que son peuple est si nombreux que perdre un million d’âmes n’est pas un drame pour la Chine ; M. Poutine pense que, si tous les Ukrainiens sont éliminés, il saura les remplacer par des Russes.

À la merci des dictatures ?

Pour tenir bon et cesser de geindre, il nous faut deux choses : admirer le courage des Ukrainiens et les imiter ; et se rappeler que la menace brandie par la barbarie est si grave que nous n’avons que le choix de nous battre contre elle. On s’est dit, ces derniers temps, qu’appartenir à un camp dominé par l’Amérique n’était pas une bonne affaire. Mais observez les hypothèses qu’il reste avec la Chine, la Russie, le mastodonte indien ou la prospérité pétrolière. Croyez-vous que nous serions plus heureux si nous étions à leur merci ?

Sur la gouvernance de l’opposition.

Ce qui nous conduit à l’état de la France. Elle est divisée, éclatée, au bord de l’explosion. Ou du moins, c’est ce que veulent nous faire croire Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. Ce qui vaut pour les relations internationales vaut pour la politique nationale. Une majorité de Français détestent Macron, ce qui est leur droit. Mais quel président auraient-ils s’ils adoptaient Mélenchon ou Marine Le Pen, lesquels gouverneraient  le pays comme ils gouvernent leurs partis, à la schlague ?  Nous ne devons donner ni l’Ukraine à la Russie, ni la France aux extrêmes. La question n’est pas de savoir qui est le meilleur mais qui n’est pas pire.

RICHARD LISCIA

 

 

 

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