Le pouvoir lâche du lest

Ciotti à la télévision
(Photo AFP)

Le gouvernement n’est pas resté aveugle et sourd aux revendications syndicales : il a ôté de l’assurance chômage un élément essentiel, celui qui consistait à  réduire les indemnités dans le cas d’une offre d’emplois plus généreuse et de les augmenter si le taux de chômage s’élève ; Élisabeth Borne, par ailleurs, a déclaré que la mesure d’âge pour les  carrières « n’était pas un totem » et qu’une discussion était possible.

L’EFFET de ces annonces a été nul alors que le pouvoir en attendait une relance de la négociation, qui n’a toujours pas lieu. S’il fallait à l’exécutif une preuve de plus que la résistance à la réforme des retraites est bel et bien politique, il vient de l’obtenir. Entre le rejet de la réforme par tous les syndicats et par presque tous les partis d’opposition, la voie est étroite ; elle passe par une mesure d’autorité sans vote, bref par le 49/3. Dans ce capharnaüm bien de chez nous, au fond, les extrêmes cherchent à démontrer que le pouvoir est à la fois minoritaire et autoritaire alors qu’ils le poussent cyniquement vers le 49/3.

« Tous aux abris ! « 

Le calendrier de la réforme des retraites est pourtant clair : le 10 janvier, mardi prochain, l’exécutif annoncera l’adoption de la réfome et l’opposition n’aura plus qu’à crier : « Tous aux abris ! ». Pëut importe qie la mesure d’âge ne s’appliquera que très progressivement, ce serait, à en croire les maniaques de la contestation, une malédiction alors qu’il faut encourager nos concitoyens à s’adapter, jour après jour, à une mesure d’âge qui  ne les affectera que s’ils sont âgés ou malades, cas déjà prévus et pour lesquels des décisions adaptées seront prises.

LR : patinage artistique.

On s’étonnera de la danse offerte par les Républicains, qui imitent à leurs risques et périls les athlètes du patinage artistique. Cet épisode étrange d’une parti qui refuserait de voter une loi réformiste parce qu’il veut chasser de toutes les têtes l’idée d’une collusion avec la majorité, indique que l’élection d’Éric Ciotti à la présidence de LR n’a rien changé, ne prouve, ne sert à rien, en tout cas pas à faire de l’Assemblée une fabrique de lois, mais un mouvement de grève permanent.

Ciotti en John  Wayne ?

M. Ciotti, en tout cas, n’est pas l’homme politique habile et sûr de lui qui poserait les bases d’une coopératon efficace entre LR et la macronie. Il se prend pour John Wayne et croit arrêter la bête d’un coup de lasso. Il n’en a pas le pouvoir et il ne reste plus à LR que d’élire un autre président qui serait, en même temps, un candidat à la magistrature suprême. Mais faut-il que toute la politique, aujourd’hui, ne soit qu’un calendrier conduisant à l’élection présidentielle ? Nous voici, comme d’habitude devant un paradoxe : un parti de droite rejette une réforme qu’il a toujours appelée de ses vœux et le gouvernement comprend si bien sa position qu’il s’empresse de se désavouer lui-même et de renoncer à des indemnités liées à l’offre d’emplois.

Un élu a (presque) tous les droits.

Bien sûr que, pour l’électeur, il y a là  quelque chose d’exaspérant. Mais à qui la faute ? À un pouvoir qui veut procéder à une réforme indispensable ou plutôt à ceux qui, à bout d’arguments, sont prêts à sacrifier l’avenir du pays à leurs sombres desseins ? À ceux qui continuent de crier que le pouvoir est minoritaire alors qu’il dispose d’une majorité relative et se déclarent majoritaires alors qu’en désacralisant leurs propre idéologie et en entrant dans des associations contre nature, ils ne parviendraient pas tout de même à la majorité absolue ? En France, un élu peut tout faire sans être réprimé sauf s’il gifle sa femme.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le pouvoir lâche du lest

  1. Doriel Pebin dit :

    bonjour et merci pour cette excellente analyse. Les Français ont manifestement oublié que jusqu’à l’élection de Mitterrand, l’âge de départ à la retraite était à 65 ans et l’espérance bien moindre que maintenant. A écouter les syndicats, les partis politiques et les médias, on a l’impression que repousser l’âge de la retraite est quelque chose de socialement « criminel » (?). Nous n’entendons que les populistes et les extrémistes du RN et de LFI. Pourtant, les syndicats (hors CGT et Sud) s’honoreraient comme les LR (de plus en plus ridicules), à avoir une vision d’intérêt public. Faire chuter Macron quel qu’en soit le prix, n’est pas un objectif en soi. Le RN et la NUPES sont eux, très clairement minoritaires, malgré leurs rodomontades et mensonges. Ils ne prospèrent que dans le chaos. Il est vrai que la France est atteinte d’une fatigue ou plutôt, d’une paresse (pauvreté ?) intellectuelle inquiétante. Continuez à dénoncer ces tartufferies avec lucidité.

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