Une guerre sans merci

L’un des chars français promis aux Ukrainiens
(Photo AFP)

Pendant que Russes poursuivent la destruction systématique des infrastrctures ukrainiennes, l’armée de Volodomyr Zelensky porte des coups terribles à celle de Poutine, comme cette attaque des missiles Himars qui a détruit une caserne en Ukraine occupée et tué plusieurs centaines de conscrits russes (90, selon Moscou).

ENTRE ce que les services des deux belligérants veulent bien nous révéler et la réalité d’un front multiple, il serait bien présomptueux de dire qui va gagner cette guerre, d’évaluer les stocks d’armes des deux armées et de tirer des conclusions à partir de la détermination ukrainienne et l’absence de moral russe. Le camp occidental a pris le bombardement de Makiivka comme un symptôme de l’effondrement russe et Poutine tente de prouver l’héroïsme de son armée en révélant pour une fois de lourdes pertes chez les jeunes conscrits, coupables, selon lui, de trop utiliser leurs téléphones portables. Il jette donc le discrédit sur des victimes.

Prédiction impossible.

Pourquoi les généraux du maître du Kremlin n’ont-ils pas éparpillé leurs hommes pour offrir une cible moins visible pour les Ukrainiens ? C’est  la fatalité d’un conflit très mal engagé, avec des moyens et des troupes insuffisants. La première leçon du bombardement est qu’il existe un continuum dans les revers russes, qui ne cesseront pas d’exaspérer les citoyens russes ; la deuxième est que Moscou va forcément riposter avec des armes dont les stocks semblent inépuisables, alors que la France s’apprête à vendre à Kiev des chars légers et que, plus que jamais, elle prend ses distances avec Moscou ; la troisième est qu’il est impossible de dire quand et comment la guerre va finir.

L’échec énergétique de Poutine.

Le stoïcisme des Ukrainiens est admirable et ancré dans une logique militaire dont l’objectif est une victoire et la durée du conflit une inconnue. Le degré d’hostilité dans les deux camps témoigne d’une politique énergétique que Poutine veut drastique mais qui va progressivement devenir inoffensive, avec la plafond des prix imposé par l’Europe et les moyens tortueux de la Russie pour augmenter les prix. Jamais nous n’avons été aussi engagés auprès d’un pays dont le seul crime et d’exiger sa liberté et, contrairement à des analyses superficielles, les Européens ne jouent pas un jeu transparent capable de donner des occasions au Kremlin : les prix finiront par baisser parce que Moscou n’a pas su empêcher que sa clientèle diversifie ses sources d’approvisionnement.

Des matches de 30 rounds.

Une constante énorme du conflit à laquelle Poutine reste aveugle : la sombre détermination des Ukrainiens que les armes les plus perfectionnées, dont le missile ultra-moderne mis en place par les Russes, ne peuvent subjuguer. Ce qui est inquiétant, c’est la capacité des Russes à donner et à prendre des coups, comme des boxeurs capables de se battre pendant 30 rounds. Ce qui est rassurant, c’est une politique générale tellement absurde qu’elle finira par exploser sous le nez de Poutine.

La Russie victimisée.

Pour Zelensky, c’est, depuis le 24 février dernier, un quitte ou double ; pour Poutine, une question de vie ou de mort politique ; il ne peut pas perdre, mais l’Ukraine non plus. Cependant,  le temps ne joue guère en sa faveur : le voilà maintenant qui admet ses défaites, qui tente de victimiser son pays, qui reconnaît son désarroi et sa souffrance, peut-être avec l’intention d’élargir le conflit et de faire de la Russie la nation qui défend les intérêts de l’Est contre la gloutonnerie occidentale. Mais, à ce jeu-là, il n’ira pas loin.

Sans pitié.

Les Américains ont tenté de présenter leur propre intervention comme un geste humanitaire. Mais leurs porte-parole tiennent aujourd’hui un langage sévère. Il ne s’agit plus d’épargner l’ennemi. Nous nous réjouissons, a dit en substance, un représentant du conseil de sécurité des États-Unis, des pertes de l’ennemi. Traduction : plus le nombre de russes mis hors de combat augmente, plus la victoire est proche. C’est une bataille au finish, « l’ennemi » doit périr. Et en face de nous, nous percevons le même état d’esprit.

RICHARD LISCIA 

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