Xi, président à vie
(Photo AFP)
Ceux qui préfèrent la dictature à la démocratie assènent aux occidentaux des arguments prouvant leur supériorité. Il est vrai qu’ils ne lâchent pas le pouvoir et l’occupent en décimant des peuples.
LA CONQUÊTE d’un pays par ces artificiers, le plus souvent par le moyen du suffrage universel, est à leurs yeux une fin en soi. Ils se maintiennent à la tête de leur nation en multipliant les exactions et comme ils sont critiqués puis combattus pour ce qu’ils font, ils se protègent en commettant de nouveaux crimes. On l’a vu partout ces dernières décennies. La Chine est exemplaire du phénomène. Elle a laissé se développer le virus du Covid, son goût du secret a déclenché une pandémie mondiale, puis elle mis en place une politique de zéro Covid qui a réduit le nombre de naissances, tandis que ce nombre ne cessait d’augmenter en Inde.
Monarques doublés d’imbéciles.
C’est une désastre sanitaire, économique et social. Xi Jinping, maître de la Chine, ne s’est pas cru obligé de rendre des comptes à son peuple. Il entend rester président à vie, au mépris de l’existence de ses concitoyens. Il n’est pas difficile de citer les apprentis-dictateurs qui essaient de lui ressembler en subissant les mêmes déboires, en Russie, en Turquie, en Iran, au Venezuela et ailleurs. Le problème n’est pas circonscrit à l’enfer que ces monarques d’un autre âge, doublés d’imbéciles, ont réduit leurs populations. Persuadés de leur génie, ils espèrent servir d’exemple aux démocraties, systèmes fragiles et inachevés, qui mériteraient de disparaître. Il faudrait que leur méthode s’étende à toute la planète, de façon à ce qu’ils restent au pouvoir jusqu’à leur dernier souffle.
Un bien précieux.
Ces quelques lignes posent le dilemme de tous les peuples qui, assujettis uniquement au suffrage universel, ont toujours le choix entre la reconduction de leur système et l’alternance autoritaire ou dictatoriale. Quand, au sein d’une démocratie, des voix nombreuses s’élèvent pour critiquer l’exécutif et le législatif issus des urnes, ils doivent savoir que l’importation d’un régime autoritaire ne se traduit pas automatiquement par une société heureuse. Et encore ne s’agit-il ici que de pratiquer la litote. La démocratie parlementaire est un bien précieux qu’il ne faut pas sacrifier sans réfléchir.
Un guérisseur.
Tout le monde sait, depuis Churchill, que le système parlementaire est le pire des systèmes, à l’exception de tous les autres. Le suffrage universel représente l’occasion, à chaque échéance, de le conserver. Nous ne devons attendre une alternative que d’un homme, ou plutôt d’un parti, capable de résoudre les crises qui nous font souffrir. Pour prendre le cas de la France, il n’est pas anormal que le peuple, après avoir réélu Emmanuel Macron, songe aujourd’hui à s’en débarrasser, mais avec une idée forte de la personnalité qui pourait le remplacer.
Le choix du chaos.
Il y a beaucoup de candidats : ont-il tous les qualités requises pour gouverner mieux que lui, c’est une autre affaire. En effet, le président en exercice nous apporte déjà la certitude de ce qu’il fait et comment il le fait. Qu’il échoue ou réussisse, c’est un mystère qu’il partage avec tous ses concurrents. On a énormément critiqué Emmanuel Macron pour ses crises d’autorité, ses caprices, ses allers-retours, ses égarements, mais il n’a jamais cessé de respecter les règles du fonctionnement démocratique de la société française. Rien, mais alors rien, ne nous garantit que Jean-Luc Mélenchon ou Marine Le Pen ne se serviront pas du piédestal parlementaire pour pénétrer à l’Élysée et y rester aussi longtemps que, par exemple, un Xi Jinping.
La bataille qui commence demain autour de la réforme des retraites ne saurait se réduire à la personnalité politique que vous aimez le plus ; mais il ne tient qu’à vous d’en faire le terrain où ne s’opposeront que des démocrates respectueux des libertés. Sinon, la gestion, si mouvementée qu’elle soit, cèdera la place à l’autoritarisme et, rapidement, au chaos.
RICHARD LISCIA