Retraites : une bonne idée

Un gouvernement de besogneux
(Photo AFP)

Comme si le blocage du pays et le chaos où grèves et manifestations le plongent ne suffisaient pas, des esprits éclairés proposent une autre méthodologie pour sauver le système par répartition, par exemple celui, cher à la gauche et cher pour les contribuables, qui imagine de taxer les retraités ou de diminuer les pensions. 

QUAND, pour de basses raisons politiciennes, et dans un pays où la pression fiscale est l’une des plus fortes du monde, on parle d’augmenter les impôts, cela signifie sans doute que l’on en arrive à proposer ce que la réforme n’a jamais prévu. La gauche et l’extrême droite, alliées de circonstance, redécouvrent la puissance du fisc. Et reconstituent un dossier qui a nourri bien des rancœurs, sur ces retraités qui vivent mieux que les actifs et dont la fortune personnelle est plus élevée. La créativité fiscale amollit les esprits. On s’étonne de ce que, après quarante ans de travail, un retraité ait accumulé plus de richesses qu’un jeune homme frais émoulu de l’école.

Triste fin de vie.

Ce retraité, on l’a pourtant ponctionné plusieurs fois dans sa vie : il n’a pu recevoir un salaire sans en payer une forte fraction en cotisations et impôts sur le revenu. Quand il a épargné pour se préparer une retraite plus confortable, il a encore payé des impôts. Quand, enfin retraité, il a retiré une partie de son épargne pour améliorer le plat du jour, il a payé de nouveau. Autrement, on fuit cette réforme, on la maudit, on la ridiculise, mais on en suggère une autre qui apporte au retraité une certitude : une fin de vie triste et une exclusion de facto de la collectivité. Cela s’appelle faire des vieux une sous-classe.

2 000 euros max.

Le projet du gouvernement prévoit des changements qui ne coûtent rien, qui n’augmentent les taxes d’aucun citoyen et qui, paradoxalement, font entrer dans les caisses des sommes considérables. À force de présenter le projet gouvernemental comme un épouvantail, on conçoit, au nom d’une idéologie qui a déjà fait des ravages, une sorte de lissage des revenus. Des retraités reçoivent une pension d’un montant élevé ? Quel scandale ! N’ont-ils pas travaillé dur pour l’obtenir, n’ont-ils pas versé une partie de leurs revenus au pot commun, pour eux-mêmes et pour les autres, et y a-t-il jamais eu en France le projet de fixer toutes les pensions à 2 000 euros ?

Un chaos alternatif.

En somme, nous disent-ils, si vous voulez éviter le chaos, nous envisageons d’en créer un autre, cette fois plus justifié que jamais. Inutile de préciser vers quel aboutissement on s’achemine. Les pensionnés étant de gros consommateurs qui renouvellent leur cuisine et voyagent, les difficultés financières qu’on leur offre se traduiront par une décélération de la croissance. En voilà, une bonne idée !

Tous le même nez.

Le mot qui galvanise 70 % des Français, c’est injustice. Chacun de nos concitoyens estime qu’il est la victime de tous les autres, les privilégiés, les nantis, ceux qui, appartenant à une bonne famille, ont eu une meilleure éducation et un emploi bien payé. C’est là que le concept d’égalité est surinterprété : il ne s’agit pas de faire des citoyens qui ont tous le même nez et le même menton. Il s’agit d’accorder à chacun une pension d’un montant qui tienne compte de celui du salaire, de la nature de l’emploi, des responsabilités qu’avait le futur retraité et des qualifications qu’il a apportées à la bonne marche de l’entreprise.

Valeur travail.

L’égalité des Français ne se traduit pas par un revenu unique et universel pour tous. Cela n’a jamais existé. Pour chaque citoyen, les circonstances de la vie le contraignent à demander plus ou moins l’aide de l’État. Il y aura peut-être demain des millions de personnes dans la rue, mais elles n’ont pas la moindre idée de l’identité de leur adversaire. Ce n’est pas en l’occurrence le gouvernement. Lui, il refuse d’augmenter les impôts. Il propose que les Français, qui ne sont pas accablés par les 35 heures, travaillent un peu plus pour accéder à une pension décente. Le travail est la source de la prospérité.

RICHARD LISCIA 

 

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3 réponses à Retraites : une bonne idée

  1. Alan dit :

    Merci, un rappel du réel est toujours utile, surtout actuellement.

  2. Laurent Liscia dit :

    La disponibilité d’un bien, disons la retraite et son montant, dépend de sa quantité et de son prix. Dans le cas de la retraite, on peut donc agir soit sur son delai (sa quantité: moindre si elle commence à 64 ans, supérieure si elle démarre à 62 ans), soit sur son montant. Imposer, c’est réduire son montant. Ce serait plus honnête pour les adversaires de la reforme, et les concepteurs du nouvel impôt de simplement dire: 62 ans, c’est un acquis, mais vous toucherez moins. Et de rappeler que c’est une double imposition – mais ça c’est vrai partout en Occident.

  3. Bruno dit :

    J’ai vraiment apprécié cet article qui ne fuit pas la réalité actuelle. Bonne continuation à vous.

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