Le PS déchiré

Nicholas Mayer-Rossignol, avec Anne Hidalgo
(Photo AFP)

Les élections internes du Parti socialiste pour désigner le nouveau Premier secrétaire ont produit un résultat embarrassant, chacun des deux candidats au second tour revendiquant la victoire et la majorité absolue. Le dépouillement des suffrages sera sans doute terminé aujourd’hui et mettra fin au suspense.

DEPUIS qu’Anne Hidalgo a perdu la présidentielle avec 1,7 % des voix, le PS est dominé par Olivier Faure qui a engagé le parti dans une coalition la Nupes, elle-même dirigée par la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon. La stratégie, très personnelle, d’Olivier Faure, est vivement contestée par de nombreux élus socialistes pour qui les sociaux-démocrates ne doivent pas contribuer à l’ascension des Insoumis. Au premier tour, Hélène Geoffroy a été éliminée, mais elle a réuni des électeurs censés voter au second tour pour Nicolas Mayer-Rossignol. L’enjeu est important : ou bien le PS ne sert plus qu’à servir de faire-valoir à l’extrême gauche, ou bien il redevient le creuset où viennent se fondre les courants les plus traditionnels de la gauche.

L’avenir du PS est en jeu.

Si l’analyse de M. Mayer-Rossignol se vérifie aujourd’hui, la Nupes volera en éclats, le PS sera autonome, mais fragile et la gauche ne sera plus que la troisième force politique après Renaissance (Macron) et le Rassemblement national (Marine Le Pen). C’est donc l’avenir du PS qui est en jeu, mais c’est en retrouvant son identité qu’il pourra espérer jouer un rôle actif, soit en poursuivant son analyse critique des décisions du gouvernement, soit au contraire en s’associant à lui pour en obtenir des concessions sur le plan social.

Le raisonnement de Faure.

Les perspectives du PS resteront de toute façon brouillées. En rejoignant la Nupes, Olivier Faure a simplement compris que le PS était devenu minoritaire. C’est en la rejoignant qu’il a pu conserver ses 32 sièges à l’Assemblée, au prix d’un durcissement idéologique tel qu’il a cassé le PS dont on voit aujourd’hui les deux éléments principaux se quereller. Les militants socialistes se rendent bien compte de la dérive de leur parti sous Olivier Faure et lui, il a tiré la leçon de l’exil massif d’une partie de l’électorat vers le RN, les deux pressions étant liées.

La progression du RN.

De leur côté, les amis de François Hollande et d’Anne Hidalgo croient pouvoir retrouver les voix perdues par le PS. Mais rien ne leur garantit que la remise en route de leurs idées déclencherait en France un nouvel appétit pour le socialisme. Ils adoptent honnêtement les principes dictés par leur conscience, mais ils sont très loin d’une victoire à la présidentielle dans un pays où Marine Le Pen progresse chaque fois qu’elle est candidate. De fait, ce n’est pas dans un pays où la moitié de l’électorat croit dur comme fer que Marine Le Pen sera la prochaine présidente de la République qu’un inconnu venu du PS, c’est-à-dire de nulle part, pourra se faire élire. Le cynisme d’Olivier Faure est malheureusement plus adapté aux tendances populistes de l’électorat que les subtilités social-démocrates.

Macron tient bon.

Pour toutes ces raisons, M. Faure semble avoir ses troupes bien en main. Le contact avec la Nupes lui a donné une ligne de conduite et il a cédé sans rechigner. C’est le moment de rappeler que la cauche va mal, que la droite va mal et contre la poussée pratiquement inéluctable des deux extrêmes, il n’y a que la macronie qui puisse tenir le choc. À ce jour, elle n’a guère cherché à amadouer M. Mélenchon ou Mme Le Pen. Elle a juste reconnu qu’elle avait des affinités avec la droite, laquelle triomphe prématurément, ce qui permet à Macron de tenir bon sur la réforme des retraites. Personne ne nie vraiment que la politique en France, c’est compliqué.

RICHARD LISCIA

 

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.