Une France sans socialisme

Faure (à gauche) avec ses amis de la Nupes
(Photo AFP)

Comptes et recomptes : c’est Olivier Faure qui, au terme d’une pantalonnade électorale peu rassurante pour les socialistes français, l’emporte contre Nicolas Mayer-Rossignol et continuera de diriger le PS, assurant ainsi la main-mise de Jean-Luc Mélenchon sur toute la gauche.

LE PS N’A PAS PU résister à ce mouvement centrifuge qui l’éloigne chaque jour un peu plus de la social-démocratie et en fait l’un des instrments qui permet à la France insoumise de dominer aujourd’hui l’ensemble de la gauche. M. Mayer-Rossignol était jusqu’à hier le barrage fragile, improbable et peu efficace contre une dérive sectaire qui l’empêche chaque jour un peu plus de gouverner donc de peser sur le destin du pays. Un parti de gouvernement, comme LR ! Un parti désormais minoritaire qui, en dépit des résultats de l’élection, ne représente plus le peuple socialiste. Un parti condamné à faire de la figuration : il n’y a aucune chance pour que Olivier Faure protège le PS contre ce torrent verbal permanent qu’est Jean-Luc Mélenchon.

Le PS perd 2027.

Les socialistes ont de quoi être consternés : pratiquement, c’est la présidentielle de 2027 qu’ils semblent avoir perdu en préférant  le peu charismatique M. Faure à ses deux rivaux. Le gagnant en effet ne peut pas se targuer de représenter tous les socialistes alors que ceux d’entre eux qui ont une notoriété, Hollande, Cazeneuve, Valls, Hidalgo, Le Gall, et avec eux, les victimes de la fronde qui, aujourd’hui ne sait plus où elle se situe, en tout cas pas au cœur du socialisme français, sont relégués à faire de la figuration ou incités à quitter le parti, pour en créer un autre où personne ne reconnaîtra ses petits.

Une défaite à l’horizon.

Que feront-ils quand il y aura deux gauches représentées à l’Assemblée ? M. Faure a gagné cette manche, mais les manches qu’il emporte assurent sa défaite ultérieure. À gauche ou ailleurs, il est de bon ton de reprocher à Emmanuel Macron tout le mal qu’il aurait infligé aux partis traditionnels, mais enfin ce n’est pas le président qui a accordé 1,7 % à Anne Hidalgo aux résultats du premier tour à la présidentielle de l’année dernière ! On voyait bien , déjà, qu’il était urgent de rassembler le PS et peut-être de trouver un personnage plus emballant que le brave (mais calculateur) Olivier Faure. De la même manière, on se gausse d’un président qui quémande les suffrages des Républicains, et pourtant lui, au moins, a un parti de gouvernement et une majorité relative.

Marine Le Pen ramasse les cartes.

Enfin, la gauche et la droite ont été plongées par le macronisme dans un désarroi si profond qu’il contraint les Français à se jeter dans les bras du RN ou de LFI. La France a maintenant trois pôles magnétiques au lieu de deux. L’électorat, tiraillé à hue et à dia, est plus paralysé par la perplexité que mobilisé par le contenu des programmes. Il y a une force de trop. On se demande pourquoi tout profite à l’extrême droite. Mais c’est pour une raison bien simple : en tenant des discours excessifs, les partis ont sombré dans l’hystérie. Ils marquent des points mais seulement dans les escarmouches, pas dans les batailles décisives. Vous voyez Olivier Faure candidat de la gauche aux présidentielles ? Ce serait le meilleur moyen de faire gagner Marine Le Pen.

La préparation d’une alternance RN. 

C’est le destin vers lequel nous conduit la victoire d’Olivier Faure, comme s’il avait des œillères lui fixant l’objectif de la reddition au mélenchonisme. Cet extraordinaire battage populiste contre la réforme des retraites n’est rien d’autre que la préparation d’une alternance lepéniste. On en a tant parlé, on a dégusté avec tant de volupté béate les avantages d’une Marine au pouvoir qu’on serait impatient de la voir régner. Il y a peut-être des choses que Macron fait mal, il est peut-être agaçant, arrogant et commet des bévues. Mais face à l’autoritarisme irréversible, il est le seul, pour le moment, à garantir nos libertés.

RICHARD LISCIA

 

 

 

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3 réponses à Une France sans socialisme

  1. Jean Vilanova dit :

    Qui pour succéder à Emmanuel Macron ? Alors que les partis dits de gouvernement, LR et PS, sont cliniquement morts, quelles personnalités en effet ? A droite, Edouard Philippe, je n’y crois guère. Juppéiste psycho-rigide « qui la joue cool » mais dont je pense qu’il ne comprend rien au peuple. Pour preuve, petites causes et grands effets, sa décision calamiteuse sur les 80 km/h. Ou son entêtement sur le premier projet de réforme des retraites, un projet ultra-complexe, flou, mal ficelé et finalement abandonné en rase campagne. Ou encore ses premiers errements sur le covid (il n’était pas le seul, il est vrai) avant, il faut le lui reconnaître, de se ressaisir. Mais est-il excessif d’estimer qu’en tant que ¨Premier ministre, il a à peu près tout raté ? Darmanin ? C’est une plaisanterie. Lemaire, peut-être…
    Et à gauche, Mélenchon, le conducator qui, depuis son siège curule de carton règne sur son royaume de mouches, agitant ses petites mains et vociférant devant tous les micros tendus par les médias-moutons, le service public allant jusqu’à se déplacer en Guyane (bonjour le bilan carbone) pour recueillir « sa parole sacrée » ? Et voilà qu’il maudit à présent le président… le général Tapioca d’Hergé se métamorphose en Jacques de Molay. Au fou ! Alors qui reste-t-il ? Les pièces du puzzle se mettent en place sous nos yeux. Marine Le Pen, bien sûr… celle-ci parfait double renversé du conducator, même insulte au bon sens, à l’intelligence, à la compétence pour finir de saccager ce pauvre pays qui fut si beau et si grand. De bien sombres perspectives.

  2. Laurent Liscia dit :

    Ou peut-être une France où le socialisme à la maniere scandinave a été remplacé par la macronie et n’a plus lieu d’être? Les trois blocs ont des contours bien modelés : deux extrêmes qui n’acceptent de jouer le jeu démocratique que pour arriver au pouvoir et sans doute démanteler la République ; et un centre amorphe mais large qui fluctue avec la performance de Macron. Le problème, c’est que ces forces ne sont pas à égalité : on ne peut pas alterner entre la démocratie et son absence. Il faudrait pouvoir insuffler un peu de vigueur à la droite et à la gauche plus « traditionnelles ». Mais comme tu dis, la centrifugeuse politique bat son plein. Comme Jean Vilanova, je souhaite bon courage à la France.

  3. Annwn dit :

    « La France est-elle réellement un État socialiste ? »
    Nous répondrons à cette question à l’aide d’un extrait du livre de Valérie Bugault, « Les raisons cachées du désordre mondial » (2019), dans lequel il est écrit :
    « Dans l’objectif de hâter sa prochaine disparition volontaire, les autorités politiques en charge de la France relaient avec zèle, voire même anticipent, l’agenda mondialiste consistant à appauvrir matériellement, physiquement et moralement la plus grande masse des gens peuplant la planète au profit de quelques usurpateurs, véritables escrocs économiques qui ont, aujourd’hui, pris l’ascendant sur les pouvoirs politiques des États. La politique généreusement appliquée sur le territoire français est « globaliste » ; elle fait, à ce titre, fort peu de cas des petites gens et des petites et moyennes entreprises pour, au contraire, laisser la part du lion aux multinationales et à leurs propriétaires anonymes. En conclusion, la France qui n’a aucune politique, et encore moins de politique socialiste, dans le sens « social » du terme, est en revanche l’un des principaux fers de lance de l’agenda globaliste, lequel prospère sur le développement de la misère humaine. ».
    Résultat : Emmanuel Macron qui a osé dire : « il n’y a pas de culture française » (et on sait ce que Michel Audiard, ce digne représentant de cette Culture niée, aurait pensé de celui qui « ose » ainsi), a été réélu en 2022 grâce au leurre du suffrage universel.
    On comprend, alors, pourquoi le pouvoir politique se fonde volontiers sur l’ignorance du peuple et s’accroît d’autant que les esprits sont faibles, les gens incultes.

    Réponse
    Voilà ce que j’appellerai un commentaire hors sujet, lequel n’est pas sur le complotisme des États mais sur l’affaiblissement du parti socialiste français. D’autre part, l’expression le leurre du suffrage universel me paraît de nature subversive et ne convainc que les extrêmes.
    R. L.

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