Macron l’Africain

Avec le président Ali Bongo, à Libreville hier
(Photo AFP)

Le président de la République fait en ce moment une tournée dans trois pays africains, le Gabon, le Congo et l’Angola. Ce périple a peu de chances d’améliorer les relations franco-africaines.

EMMANUEL MACRON a choisi trois pays dont les régimes ne sont pas hostiles à la France et qui ne sont pas des démocraties. Il n’était pas question pour lui de se rendre au Mali ou au Burkina Faso, deux pays qui ont préféré la milice russe de Wagner au soutien militaire français. Pour des raisons diverses, la jeunesse de ces pays est convaincue que la France continue à jouer en Afrique un rôle colonial, alors que c’est le gouvernement malien qui a appelé la France à la rescousse quand des colonnes de djihadistes menaçaient de prendre Bamako. Il ne s’agit pas d’un malentendu que l’on peut effacer avec une bonne conversation. Au Mali, il y a eu deux coups d’État militaires et la junte au pouvoir encourage la propagande contre la France.

Deux échecs.

Macron court donc vers deux échecs : il ne va pas réduire la crise anti-France en discutant avec des gouvernements qui lui sont favorables et il n’aura aucune infuence sur la nature de ces régimes puisqu’il ne craint pas de se rapprocher d’eux. Sa démarche contient donc une contradiction due à l’absence de dessein. Il aurait dû redéfinir la position de la France avant d’aller en Afrique, répéter que notre pays subit un manque de gratitude incroyable quand on sait que nous avons payé notre intervention au Mali de la mort de plus de 50 de nos soldats, sans compter le coût de l’opération Barkhane.

Une dose de démagogie.

Cependant, le voyage du président pare au plus pressé : il s’agit principalement de signifier à la Russie et, accessoirement, à la Chine, que la France reste présente en Afrique. M. Macron a dit, à juste titre, que les Maliens au pouvoir finiront eux-mêmes par se lasser des Russes. Dans ce genre d’affaire, l’anti-francisme se nourrit d’une dose énorme de démagogie et il ne faut pas trop faire confiance à Wagner pour ne pas commettre des exactions là où vont ses miliciens. Demandez aux Ukrainiens ce qu’ils en pensent.

Macron fait de la Realpolitik.

Curieusement, Macron, habituellement chantre de la démocratie, s’est transformé en adepte de la Realpolitik : il n’écartera pas les pays africains gouvernés par des militaires et il développera les liens de la France avec les nations qui lui sont favorables, ce qui lui permettra de contrer la dérive des réseaux sociaux. C’est un plan de qualité médiocre dès lors qu’il n’est pas assuré de réussir. Mais c’est le plan dicté par les circonstances historiques. La Russie, en effet, entend rester durablement en Afrique et seuls les Africains peuvent l’en déloger. De sorte que les pays dirigés par des juntes ou des gouvernements arbitraires n’ont rien de commun avec les autres. De fait, les efforts de l’Afrique pour s’affranchir du passé colonial la font tomber dans une nouvelle ornière, la colonisation silencieuse. La France doit protéger les atouts qu’elle a conquis.

RICHARD LISCIA

 

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