Le spectre de l’inflation

Bruno Le Maire désarmé devant l’inflation
(Photo AFP)

Bien que l’inflation soit relativement modérée en France, les pouvoirs publics sont bien en peine de la juguler. Les négociations entre producteurs et distributeurs se sont terminées au  profit des seconds, malgré les efforts de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, pour juguler la hausse des prix.

LE GOUVERNEMENT annonce un bond des prix, notamment dans l’alimentaire, de l’ordre de 15% dans les trois mois qui viennent. La plupart des consommateurs, ceux qui estiment avoir donné leur livre de chair à l’inflation sont tout simplement terrorisés. Les pressions sur l’industrie seraient plus efficaces si l’État pouvait interdire la hausse, mais une telle option conduit tout droit à la récession.

La France se défend.

La France n’est pas mal placée qui, en Europe, a maintenu ses prix à un niveau plus abordable que chez nos voisins et concurrents. Mais elle a peut-être besoin d’aller plus vite en matière d’inflation parce que son économie est plus fragile.  L’indignation des consommateurs n’est ni feinte ni excessive. Des produits bon marché disparaissent des gondoles et sont remplacés par des produits plus chers. Le lait, le beurre, le pain ont déjà beaucoup augmenté. Les clients passent leur temps soit à réduire leur consommation, soit à faire les comptes tous les jours pour être sûrs de parvenir à la fin du mois sans être ruinés.

Des filières peuvent disparaître.

La hausse des produits frais  risque de ruiner les agriculteurs et les viticulteurs. La concurrence européenne est très vive. Notre balance commerciale est de plus en plus dégradée par le recours aux importations. L’appauvrissement de l’industrie agro-alimentaire risque de se traduire par la disparition de plusieurs filières. La hausse des prix a ceci de particulier que, sur le marché, elle constitue une chance pour le paysan et une occasion pour le distributeur, surtout s’il manque de scrupules. La disparition des produits bon marché est une excellente technique pour faire monter les prix. Les clients verront le retour d’anciens produits avec bonheur car ils auront l’impression qu’il s’agit pour eux d’un répit.

Un marqueur psychologique.

L’évolution des prix n’est pas qu’une question de chiffres, c’est un marqueur psychologique. Comme pour la météo, le « ressenti » explique la résignation ou la révolte du client. Si le prix lui paraît élevé, il s’indigne et cesse de l’acheter. S’il lui paraît raisonnable, c’est parce que le client a oublié le prix du produit avant l’inflation. Cependant, il y a une lueur au bout du tunnel. Associé à la hausse des taux d’intérêt, l’inflation de vient rapidement intolérable, favorisant le chômage. Sur le front duquel le gouvernement a obtenu des succès non négligeables, mais demeurent fragiles. La tâche est rude pour Bruno Le Maire qui craint qu’en mettant le couvercle sur l’inflation, il ne fasse exploser la cocotte.

RICHARD LISCIA

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