Trump : peur panique

Trump a peur
(Photo AFP)

En attendant le résultat des votes sur deux motions de censure à l’Assemblée, il n’est pas inutile de s’attarder sur la dernière de Donald Trump, ex-président des États-Unis qui, persuadé qu’il serait arrêté demain mardi, a demandé à ses partisans d’empêcher la police et le procureur de New York d’aller le chercher.

TRUMP accumule les records : il n’y a pratiquement pas de semaine où ne rebondissent ses démêlés avec la justice. Cette fois-ci, il ne s’agit pas de la mise à sac du Capitole, qu’il a ordonnée le 6 janvier 2021, mais d’une sombre affaire pendant laquelle il a soudoyé une prostituée pour l’empêcher de révéler sa liaison avec elle, ce qui aurait gêné sa campagne électorale.

La « perp walk ».

On ne cesse de le répéter, le rythme de la justice n’est pas le rythme politique, mais les juges finissent toujours par boucler un dossier ; de sorte que Trump n’a pratiquement aucune chance de s’en sortir et de se présenter à nouveau comme candidat à la présidence. Sans doute songe-t-il à la « perp walk », la méthode à laquelle Dominique Strauss-Kahn, en son temps, a été soumis. Il s’agit de promener le « perpetrator », le suspect coupable avant l’heure, pour mieux l’humilier : l’application de la peine avant le jugement.

Forte popularité.

Ses amis, alliés et électeurs ont assez foi en lui pour ne pas s’embarrasser de considérations éthiques : ils préfèrent un candidat autoritaire à un candidat honnête. S’il est vrai que la popularité de l’ex-président est forte, sur le papier, il n’a pas une chance, contrairement à ce que disent nombre d’experts de la scène politique américaine. D’abord parce que Joe Biden, contrairement à sa réputation, a réusi à maintenir l’unité de la gauche, et ensuite parce que le gouverneur de Floride, Ron de Santis, compte bien représenter les Républicains à l’élection présidentielle de 2024.

De Santis, second choix.

Ron de Santis est un conservateur bon crin, mais par rapport à Trump, c’est un saint. Il n’est mêlé à aucune affaire de mœurs ou de fraude politique. S’il réussissait, il ramènerait les égarés, les malades mentaux, les cyniques et les sinistres dans le giron institutionnel, ce qui n’est pas une mince affaire. Cependant, sa stature ne lui suffirait pas pour vaincre Trump lors des primaires du parti républicain. Ce sont les déboires judiciaires de Trump qui lui offrent une occasion exceptionnelle d’entrer à la Maison Blanche.

Biden, bon président.

Les inconnues des élections de 2024 sont donc nombreuses et tout pronostic est hasardeux (je prends le risque d’en faire un). On aurait tort de sous-estimer Biden qui est peut-être le président le plus efficace des États-Unis depuis Roosevelt. Et il peut battre de Santis avec la même méthode que celle qui  lui a assuré la victoire en 2020. Sous Biden, l’Amérique, globalement n’est pas malheureuse. L’inflation commence à reculer ; la croissance n’est pas galopante, mais elle existe ; jamais le taux de chômage n’a été aussi bas ; les salaires augmentent et les Américains, après une période où ils semblaient séduits par l’idée de ne rien faire, retournent au monde du travail.

C’est Trump qu’ils veulent.

On peut faire au moins un pronostic : Joe Biden aurait de meilleurs chances d’être réélu si son adversaire était Trump plutôt que de Santis. L’électorat de Trump est fanatique au point de le vénérer, même si son profil est celui d’un monstre ; les trumpistes n’ont jamais changé de projet, c’est Trump qu’ils veulent, ses excès, sa grossièreté, ses mensonges, ses crimes. Quelque part au fond des âmes d’électeurs assez chanceux pour vivre en démocratie pointe la nostalgie de l’autoritaire et du despotisme. À quoi bon voter Biden quand on peut avoir un sosie de Poutine ? Tous les électeurs ne méritent pas forcément de vivre dans la vérité et dans l’intégrité.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Trump : peur panique

  1. Laurent Liscia dit :

    Ron de Santis peut bien y compter, en attendant il n’avance pas dans les sondages. Il reculerait plutôt. On se gratte la tête face à l’électorat républicain qui semble sombrer dans le déni et la bêtise. Comment peut-on encore soutenir Trump ?

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