Migrants : le deuil et le chagrin

Favorable aux migrants, le maire de Saint-Brévin a dû démissionner
(Photo AFP)

En début de semaine, un remorqueur  chargé à ras bord de migrants syriens, pakistanais, palestiniens, et autres, a chaviré, faisant 73 morts et des centaines de disparus qui ne seront jamais retrouvés. En Europe, la prise de conscience a été brutale.

BIEN SÛR, chacun des élus français y est allé de sa bredouille consternée. Cela ne fera pas revenir des centaines de victimes qui gisent au fond de la Méditerranée dans la soute du caboteur. Le projet français de nouvelle loi sur l’immigration, destiné en premier lieu à protéger les émigrés, a provoqué un conflit entre la majorité et les Républicains, qui exigent le durcissement du texte. Comme l’immigration est régie par des lois européennes, LR se dit prêt à rechercher un accord qui exonère les 27 membres de l’Union des réglements favorables aux émigrés.

Regrets britanniques.

Les thèmes du « grand remplacement », de l’afflux incessant des migrants (qui menacerait l’emploi en France) et de la perspective d’une crise sociale sont éculés. L’immigration post-covid a fait un bond que pesonne ne nie. Ce n’est pas une raison pour que la France abandonne ce qu’il lui reste d’humanisme. Les faits montrent que l’immigration ne crée pas de conflit avec les populations européennes ; que la Grande-Bretagne dont le Brexit n’avait qu’un but avoué, l’arrêt pur et simple de l’immigration, n’a jamais été autant assaillie par les migrants. Ce qui confirme que le Brexit n’était pas une thérapeutique valable et qu’il n’a fait qu’apporter de nouveaux problèmes aux Britanniques qui, aujourd’hui, s’en mordent les doigts.

Un casus belli.

Quand un phénomène fait ces centaines de morts en une seule fois, il ne peut être traité que par la raison. Éric Ciotti, chef des Républicains, estime que notre politique migratoire n’est pas rigoureuse. C’est peut-être vrai mais la gravité du mal ne sera pas guérie par un remède de cheval. LR  fait de l’immigration un casus belli. Ce qui le place d’emblée dans l’opposition et ruine la recherche d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale. Il y a même quelque chose d’hystérique dans cette position tout simplement hostile à l’émigration alors que des milliers de postes de travail ne sont pas occupés en France. L’affaire et assez grave que nous la prenions tous au sérieux.

La force négative de LR.

Lasse, sceptique, dubitative, l’opinion publique n’aide guère à la recherche d’une solution. Elle compte les coups et se satisfait de la solitude du gouvernement, pendant qu’Olivier Marleix, chef des Républicains à l’Assemblée, déclare : « Même Horizons veut quitter la majorité. On ne va pas monter sur le Titanic ! ». Excellente formule, sauf qu’elle est toute indiquée pour un flirt avec le Frexit et un nouveau progrès de l’extrême droite. L’idée que LR va récupérer les suffrages qui sont allés au RN est tenace, mais ne s’est jamais vérifiée. Pour tenir la dragée haute à l’UE, pour traiter les immigrés comme des sous-hommes, pour des abandons d’humanisme destinés à récupérer des éléments de souveraineté, bref pour semer le chaos au nom du retour à l’ordre, LR est d’une force colossale.

La vraie nature du monde.

La menace migratoire peut-être contenue sans obliger le gouvernement à remettre en cause quelques principes qui assurent sa stabilité. Ce n’est pas parce qu’un caboteur a été foudroyé en Méditerranée que devions prendre des mesures dictées par la passion. Tout se passe comme si nombre d’élus, à la fois cyniques et naïfs, découvraient la vraie nature du monde. Mais il y a jamais eu besoin d’un grand pédagogue pour que les habitants de la planète en voient les horreurs.

RICHARD LISCIA

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