Ces immigrés morts pour la France

Macron au Mont Valérien hier
(Photo AFP)

Emmanuel Macron a tenu hier à faire entrer au Panthéon Missak Manouchian et sa femme Mélinée. Arménien, il n’aimait que la France, est entré en résistance et a été fusillé par les nazis en 1944. 

AVANT de mourir, il a écrit une ultime lettre à Mélinée pour lui annoncer qu’il serait fusillé l’après-midi même et il l’a appelée « ma petite orpheline ».  Le geste du président de la République a surtout une valeur symbolique et il est d’actualité : Macron a voulu rappeler aux Français que les étrangers passionnés par la France sont des immigrés comme les autres mais capables de donner leur vie par patriotisme. Tous les Français n’ont pas eu ce courage pendant l’Occupation et l’exemple offert par ces hommes exceptionnels doit être admiré par les historiens mais aussi par les Français d’aujourd’hui, ceux qui refusent de se mettre en danger en toute circonstance et s’efforcent d’échapper à tous les dangers.

Un modèle.

Rien n’est innocent dans l’action du chef de l’État et son intense action mémorielle l’incite à exalter un modèle pendant le débat sur l’immigration. Il y a ceux qui ne voudraient accueillir que les migrants « utiles », ceux qui veulent fermer hermétiquement les frontières et ceux qui militent en chantant : « On est chez nous ! « . Chez nous, chez vous, encore faut-il que soit libre le foyer national et que le peuple soit protégé. Un rescapé du génocide vient « chez nous » défendre nos libertés au prix de sa vie. Il est panthéonisé. Les Le Pen et Zemmour en concevront une frustration, mais ils ont tort politiquement et historiquement. Terre féconde, la France est capable d’accueillir des étrangers efficaces jusqu’à la mort et le repli sur elle-même ne fera que la fragiliser.

La tête froide.

C’est au nom du durcissement des règles régissant l’immigration que les descendants du gaullisme, dont Manouchian est le modèle, sont renvoyés au passé. Le chef de l’État leur a ouvert la porte du Panthéon et aussi du pays actuel, qui doit se féliciter de compter parmi ses héros  des hommes dont le courage le dépasse. Ce ne sont pas tant les hommes, ceux qui se sont sacrifiés, comme Jean Moulin (dont LCP diffusait samedi soir une biographie romancée) ou qui ont mené et remporté une bataille perdue d’avance, comme Charles de Gaulle, que la nécessité absolue de garder la tête froide dans un moment de panique générale, qui raconte l’histoire.

De 1944 à 2023.

Il est certain que l’attentat monstrueux du chrétien de Syrie, qui a attaqué des enfants au couteau à Annecy, a refroidi les intentions les plus généreuses en matière d’immigration. Il y a une sorte de continuité entre le sacrifice de Manouchian et le traitement réservé à l’affaire d’Annecy. Un attentat ne doit pas dicter notre politique migratoire. Le sort des Arméniens du Haut Karabakh, massacrés par les musulmans azéris de la région montre assez que les événements d’hier et d’aujourd’hui se confondent. Que la leçon de 1944 doit être entendue en 2023. Qu’au lieu de livrer à la mort par noyade des centaines de Syriens dans un rafiot, nous devons nous rappeler constamment que les victimes sont des hommes, des femmes et des enfants et qu’il n’existe aucune différence entre une famille française et une famille bien de chez nous.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Ces immigrés morts pour la France

  1. woznica dit :

    Le problème de l’immigration est-il insoluble ? J’en suis un. Pour moi la question, vient essentiellement de la religion. Les immigrés ne veulent pas s’assimiler et restent des étrangers dans leur âme. Je le sais bien ; mes parents raisonnaient ainsi.

  2. pernot françois dit :

    Si on vous lit bien il faut continuer à accueillir tous les émigrés pour avoir quelque chance d’en avoir un ou deux qui voudront bien se charger de défendre la France quand ça deviendra nécessaire ; quant à livrer à la mort par noyade des centaines de migrants on sait bien qui en sont les responsables ; les passeurs qui n’hésitent pas à faire courir des risques insensés à ces gens pour gagner de l’argent et qui sont souvent encouragés par des associations dites humanitaires; quand vous dites : « il n’y a aucune différence entre une famille française et une famille bien de chez nous » vous enfoncez des portes ouvertes . Je soutiens bien évidemment le choix du président mais pas dans la façon où vous glissez de ce choix très judicieux à l’accueil très généreux qu’il faudrait avoir pour tous les migrants ; moi aussi je regrette cette catastrophe mais pas avec votre logique ; il n’est pas sur qu’un Abdeslam se serait comporté comme Manouchian pour défendre la France !
    Réponse
    C’est en extrapolant qu’on trahit l’auteur. Je n’ai jamais dit qu’il fallait accueillir tous les immigrés. J’ai seulement signalé qu’à côté du pire (Abdeslam), il y a le meilelur (Manouchian). Mais vous ne faites pas dans la dentelle. Vous croyez vous payer un journaliste à peu de frais, mais la simplification de la politique conduit forcément à l’erreur et à la catastrophe.
    R. L.

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