Violences françaises

Marine Le Pen dénonce la précipitation du gouvernement
(Photo AFP)

C’était inéluctable : la mort d’un adolescent de 17 ans dans des conditions « inexcusables » s’est traduite par des actes de violence qui ont  embrasé le pays tout entier. La police a procédé à 150 interpellations. Une marche blanche aura lieu aujourd’hui à Nanterre. Emmanuel Macron a réuni un conseil de crise. 

LE JOUR où une injustice flagrante sera condamnée par des manifestations paisibles n’aura pas lieu bientôt. La réaction de la jeunesse à un dérapage de la police obéit à un canevas familier qui a force de deuxième loi. La polémique n’a pas tardé, avec le Rassemblement national qui juge scandaleuse l’émotion du président de la République et avec le maire de Béziers, Robert Ménard, auto-institué arbitre des équilibres, qui dénonce la précipitation des pouvoirs publics pour condamner la police.

Une exécution sommaire.

On n’est pas surpris : les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Que n’aurait-on pas dit, et surtout fait, si le gouvernement avait fait mine de défendre un policier qui a trop vite perdu le contrôle de ses nerfs ?  Bien entendu, il faut avant tout que la justice passe, mais nous avons tous assisté, par vidéo interposée, à une exécution sommaire dans un pays théoriquement en paix. L’ordre n’est pas juste quand il tue un civil, il l’est encore moins quand il est émaillé de violences à la faveur d’un grand coup de colère nationale.

L’histoire est terrible.

La présidente de l’Assemblée nationale, Gaël Braun-Pivet, a décidé une minute de silence dans l’hémicycle à la mémoire de la victime, ce qui n’aura pas plu à tous les partis présents qui, quoi qu’ils pensent, ne souhaitent pas paraître inhumains. C’est pourtant bien simple : soyons nous-mêmes. Ne craignons pas de ressentir des émotions, de dénoncer le gâchis et la répression.  Ne soyons pas, pour nos concitoyens, des machines à couper les cheveux en quatre. Un tout jeune homme, le fils d’une famille paisible, a été tué dans de navrantes conditions qui auraient pu être évitées. C’est toute l’histoire et elle est terrible quand elle est replacée dans le contexte d’un pays où les relations entre les concitoyens doivent être gouvernées par le civisme.

La seconde répression.

Le populisme fait qu’une crise d’une gravité indiscutable entraîne avec certains partis politiques une polémique sans fin sur une vérité alternative susceptible, disent-ils, de remplacer l’autre. Donald Trump est passé par là. C’est sa logique absurde qui a embrasé la France dans la nuit, c’est elle qui, pour corriger une répression excessive, crée une seconde répression, souhaitable cette fois, mais lourde de conséquences dès lors que la violence devient le seul mode d’expression de la jeunesse.

Récit sans fin.

Nous sommes les spécialistes du récit sans fin. Les batailles opposant les jeunes à la police, ne sont jamais terminées. Un exemple : on repart de l’affaire Adama Traoré. Ses avocats essaieront sans cesse de chercher des indices qui confondraient la police. On sait comment un fait-divers devient vite un problème social ou politique. Nous traînons des centaines d’affaires dont les décisions judiciaires ne satisfont pas les familles, les proches, la ville. On est en République, n’est-ce pas ? Donc, on doit retourner au procès. La mémoire, loin d’entretenir notre distinction entre le bien et le mal, devient un poison lent qui nous jette les uns contre les autres.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à Violences françaises

  1. Dominique S dit :

    Le problème est de pouvoir commenter cette affaire, tout en restant politiquement correct. J’ai déjà dit hier ce que je pensais, en essayant moi-même de ne pas être provoquant. J’ai regardé aujourd’hui « C dans l’air » d’hier, mercredi. Les analyses des quatre invités ont été excellentes, comme ils en ont l’habitude dans cette émission. Je viens aussi de regarder les nombreux messages correspondant à un article du Figaro de ce jour. Celui ci évoque l’interview de la mère du jeune homme « C’est la faute d’un homme, pas d’un système». Et là aussi, j’ai trouvé que le bon sens prévalait. Je veux parler du ressenti d’une grande majorité de lecteurs. Je n’en dis pas plus.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.