La France et Israël

Macron et Netanyahu à Jérusalem
(Photo AFP)

Un différend plutôt grave oppose, depuis quelques semaines, les gouvernements français et israélien. L’État juif, trêve ou pas trêve, veut éradiquer le Hamas ; la France, elle, veut un échange exhaustif de prisonniers et d’otages à la faveur d’une prolongation illimitée de la trêve.

LE SOUCI d’épargner des vies de civils palestiniens habite la diplomatie française tandis que, pour Israël, ce qui compte, c’est l’élimination définitive du Hamas, laquelle, affirme Macron, pourrait prendre dix ans. D’où le président de la République sort-il ce chiffre ? Il semble bien que le Hamas a souffert et souffre encore des bombardements, même s’il demeure capable de balancer des centaines de roquettes sur le sol israélien. Ce n’est pas Israël qui a rompu la trêve, c’est le Hamas. Autrement dit, c’est la première fois que l’on demande à un pays  de ne pas riposter à une invasion et de capituler avant la fin des combats. Il n’y a pas d’option idéale : trop de civils palestiniens meurent, mais 75 jeunes soldats israéliens ont déjà péri dans des combats dont nul ne peut dire quand ils seront terminés.

Frictions franco-israéliennes.

Bien sûr, la friction entre Macron et Netanyahu est accompagnée de quelques murmures ignobles : M. Macron ferait de l’humanitaire pendant que M. Netanyahu sacrifierait les otages. Il n’en est rien et personne ne peut dire quelle est la meilleure méthode, forte ou faible, pour persuader le Hamas de rendre les otages et  pour nous faire le plaisir de disparaitre dans les sables du désert.

Lassitude.

Il demeure que le président s’identifie à une tendance qui s’est déjà manifestée en Europe : la lassitude. Elle est apparue récemment en Ukraine, mais pas au détriment de Volodymyr Zelensky. Après le sursaut du 7 octobre, qui a valu à Israël le soutien des deux tiers de la planète, les représailles à Gaza ont déplu à l’opinion mondiale, notamment informée par la propagande du monde arabo-musulman. C’est très précisément ce que craint le chef de l’État : que les pays du Golfe prennent leurs distances avec la France. Après tout, Macron est le premier garant de la bonne santé commerciale de notre pays.

La dérive de Villepin.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le différend franco-israélien tombe mal. Les bombardements contre le Hamas ont ranimé la flamme jamais éteinte de l’antisémitisme mondial. Le 7 octobre dernier nous a permis de découvrir que l’antisémitisme n’était pas limité à l’extrême droite et à la France insoumise. Et voilà que le monde entier a déjà oublié le pogrom atroce auquel le Hamas s’est livré et pense qu’Israël tue des civils palestiniens pour son plaisir ! Dans ce contexte, les subites volte-faces des ténors de la politique aggravent le cas d’Israël, comme l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, qui juge sévèrement l’État hébreu sans rappeler qu’il dirige un cabinet spécialisé dans le lobbying auprès des pays arabes.

Le droit de se défendre.

Je propose que chacun d’entre nous s’en tienne à ce qu’il a toujours dit car, dans tout ce qui concerne Israël, tout manquement de la part de ses partenaires habituels constitue une trahison. Pour ma part, je me suis prononcé depuis quelques décennies en faveur de la création d’un État palestinien, avec Jérusalem-Est pour capitale. Ce n’est pas parce qu’il existe des extrémistes en Israël qu’il faut condamner ce pays globalement et sans nuances. Avant de juger qui que ce soit, balayons devant notre porte : que fait Israël que la France n’ait pas fait à plus grande échelle ? Et ce n’est pas parce que la France éternelle a enfin trouvé la sérénité en renonçant au colonialisme et à la guerre qu’Israël, confronté à des attaques d’une violence inouïe, doit copier le comportement de notre pays.

Netanyahu devra partir.

Enfin, on voit dans la gestuelle des grands du monde occidental un fort agacement causé par Benjamin Netanyahu. N’en venons pas à nous ingérer dans les affaires intérieures d’Israël. M. Netanyahu devra partir tôt ou tard. Sa carrière est terminée. Un nouveau gouvernement de coalition tracera le chemin de la paix grâce à des négociations pour créer un État palestinien. Le Premier ministre actuel est totalement hostile à cette éventualité, mais cela n’a plus aucune importance. Il est responsable de ce qui s’est produit le 7 octobre, responsable de ce que l’on ait redécouvert la solution à deux États et responsable de la fin de sa propre carrière.

RICHARD LISCIA

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