Le jeu pervers de LR

Wauquiez, ultime espoir de LR
(Photo AFP)

Le parti Les Républicains, toujours pressenti pour participer à une coalition avec majorité absolue à l’Assemblée nationale, a rejeté le plan immigration du gouvernement pour imposer le sien. LR entend bien durcir les dispositions de l’immigration en France et, conformément à l’air du temps, peut parfaitement y parvenir.

ET IL peut même récidiver. À  la politique de la majorité, qui cherche à conclure, pour chaque réforme ou projet, une majorité de circonstance,  il espère riposter en faisant voter des textes issus de ses propres instances. Jusque là, aucun souci : un parti doit avoir un programme spécifique. Encore faut-il qu’il soit applicable. LR oublie que, si le pouvoir n’a pas une majorité absolue, la droite classique en France est minoritaire, notamment à cause d’une fraction de son électorat qui lui a tourné le dos pour voter Le Pen.

Ciotti au Danemark.

Les Républicains sont convaincus qu’Emmanuel Macron n’a pu faire carrière qu’en arrachant des voix à LR.  Ils ont même été plus généreux que ça et ont envoyé une partie de la classer ouvrière accorder ses suffrages au Rassemblement national. Éric Ciotti vient de se rendre au Danemark où il a loué un programme d’immigration particulièrement sévère, mais favorisé par des exceptions au traité de Maastricht et par la faiblesse des flux migratoires au Danemark. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que l’expérience danoise est unique et ne peut, en l’état, être reproduite en France ; que LR risque d’être lâché par ceux des électeurs qui préfèreront l’original à la copie ; et que la droite classique n’a aucune chance d’empêcher le transfert des électeurs de droite vers Marine Le Pen.

L’hypothèse d’un Frexit.

À quoi il faut ajouter que la France, elle, n’a jamais négocié et encore moins obtenu les exceptions dont se sert le Danemark. Littéralement, une politique sévère d’immigration passerait par la rupture des liens de la France avec l’Union européenne. Un « Frexit » pur et simple. Ce que le Rassemblement national ne propose même pas. On voit mal Laurent Wauquiez, élu président de la République en 2027, claquer la porte de l’Union. Cela s’appelle écraser une mouche avec une arme lourde.

LR : « Cétait le bon temps… »

Les idées agitées constamment par LR ne risquent donc pas de se concrétiser un jour, ou alors elles passeront au détriment de tout ce qui fait l’énergie et le dynamisme économique de la France. De fait, comme d’autres partis dont l’obsession est la présence de M. Macron à l’Élysée, LR est en train de tailler pour le président un costume sur mesures, en négligeant les conséquences inéluctables d’une stratégie qui imiterait celle du RN. Les Républicains font le pari, plutôt osé, d’un retour au statu quo ante, avec une droite forte et une extrême droite incapable de s’emparer du pouvoir par les urnes.

Il n’y a plus qu’à attendre 2027, pour autant que la crise migratoire qui se développe en Europe peut être soignée pendant quatre ans par des cautères sur une jambe de bois. Bien entendu, les ténors de LR savent tout ce qui est écrit ici et n’ont pas besoin de lire notre chronique pour adapter leur politique à la réalité de la conjoncture. Leur chance est ténue, mais ils veulent la tenter, croyant que, le moment venu, la candidature de Laurent Wauquiez sera acclamée par un peuple enthousiaste. C’est une vision un peu facile de l’avenir fondée non pas sur l’espoir mais sur un sursaut de survie.

RICHARD LISCIA

 

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