L’UMP brisée, mais en forme

Beau succès pour Devedjian
(Photo AFP)

Trois élections législatives partielles se sont déroulées dimanche dans les Hauts-de-Seine, dans le Val de Marne et dans l’Hérault. Elles se sont traduites par une excellente prestation de l’UMP dans les trois cas. Dans le Hauts-de-Seine, Patrick Devedjian a failli être élu dès le premier tour avec plus de 49 % des suffrages. Dans l’Hérault, le candidat UMP arrive en tête. Dans le Val de Marne, les candidats UMP et UDI mènent le bal.

COMME QUOI les pronostics les plus avisés sont trompeurs. La sagesse conventionnelle voulait que l’UMP souffrît de la terrible division Copé-Fillon ; qu’une partie de l’électorat UMP votât pour le Front national ; ou que le PS, affaibli par un exercice du pouvoir qui a déçu, fût soutenu par des électeurs des centre droit et gauche. Il n’en est rien. On note cependant un taux d’abstention qui dépasse les 60 %, signe incontestable de l’indignation que la classe politique, exécutif et législatif confondus, inspire à l’électorat. En d’autres termes, personne ne peut se réjouir des résultats, pas même l’UMP, l’abstention jouant le rôle d’une sanction contre l’ensemble des candidats.

Le phénomène le plus redouté n’a pas eu lieu.

Il n’empêche que le phénomène le plus redouté, le déplacement attendu d’une fraction des suffrages UMP vers le FN, ne s’est pas produit, ce qui, sans vouloir tirer une leçon définitive d’une consultation mineure, pourrait signifier que le FN a atteint, lors du premier tour de la présidentielle de cette année, un niveau qu’il ne pourrait plus dépasser. Ceux qui ne se sont pas rendus aux urnes ont certes été motivés par la lassitude au terme d’une année riche en consultations électorales. Il demeure qu’il leur restait la possibilité de sanctionner l’ancien et le nouveau pouvoirs en renforçant le FN. Marine Le Pen et ses principaux lieutenants se sont empressés de minimiser les résultats en invoquant la faible dimension de l’enjeu ou la fatigue électorale, ou en tentant de démontrer que le Front a fait un score satisfaisant si l’on tient compte d’une très insuffisante participation. Argument fort peu convaincant : le FN n’a pas convaincu les abstentionnistes de voter pour lui.

Le PS, lui, subit le reflux naturel de la vague qui l’a porté au pouvoir. Il ne saurait toutefois s’abriter derrière la seule notion d’un scrutin qui n’aurait pas d’importance. Il subit de plein fouet les conséquences d’une politique gouvernementale qui n’est ni claire ni efficace et n’ouvre pas aux Français une perspective de fin de crise. L’UMP peut se réjouir de son succès presque inespéré, mais elle ferait bien d’en tirer une leçon positive : si elle ne semble pas avoir été discréditée par l’inqualifiable querelle entre François Fillon et Jean-François Copé, elle ne construira pas son avenir sur la base d’un conflit qui la déchire et qui, trois semaines après l’élection interne du parti, n’a toujours pas trouvé de solution. On ne dira jamais assez combien de chances l’ambition excessive de ces deux hommes a gâché les chances de l’UMP. On imagine le score que l’UMP pourrait faire aux élections municipales de 2014 si seulement elle choisissait son chef dans la sérénité et, surtout, dans la légalité, et si elle mettait fin le plus tôt possible à sa division en deux groupes parlementaires, l’acte le plus suicidaire qu’elle ait commis depuis sa création.

RICHARD LISCIA

 

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