La France perd une place

Cameron : des réformes libérales
(Photo AFP)

Selon une étude de la commission de Bruxelles publiée par « le Figaro » de ce matin, la France aurait perdu, au profit du Royaume-Uni, sa cinquième place dans la hiérarchie des grandes puissances économiques. Voilà qui ne fera plaisir ni au gouvernement ni à ses administrés, très sensibles lorsqu’il s’agit du rôle de leur pays dans le monde. Mais ce nouveau coup du sort ne signifie rien : les facteurs de ce ré-alignement ne rendent pas les Français plus pauvres ou les Anglais plus riches.

CERTES, la croissance de la Grande-Bretagne se poursuit à un rythme de 3 % par an, trois fois plus élevé que celui que nous attendons pour 2015 en France. Mais les Britanniques comblent de cette manière un retard relativement important qu’ils avaient pris sur la France quelques années plus tôt, au plus fort de la crise, qui a fait chez eux des ravages plus importants que chez nous.  De même, le taux de chômage au Royaume-Uni est largement inférieur au nôtre.

Au coude à coude.

Est-ce que la politique économique de David Cameron, le Premier ministre britannique, a donné de meilleurs résultats que la nôtre ? Le produit intérieur (PIB) britannique  a été recalculé en fonction de la baisse très sensible de l’euro et de l’ascension correspondante de la livre sterling. Le PIB anglais est de quelque cent milliards supérieur au nôtre (en euros, 2232 milliards contre 2134 en France). Une remontée de l’euro suffirait à nous rendre la cinquième place. En réalité, les deux pays sont au coude à coude. Leurs économies sont comparables parce que leurs populations, quelque 65 millions de personnes de chaque côté de la Manche, sont presque identiques en nombre. La différence est beaucoup plus nette entre la France et l’Allemagne, pays de quelque 80 millions d’habitants dont le PIB est donc largement supérieur au nôtre, ce qui fait d’elle la quatrième puissance économique.

Une recette libérale.

Néanmoins, la croissance anglaise, fortement stimulée par une recette libérale (baisse du coût du travail, avarice sociale de l’État, contraintes imposées aux chômeurs pour qu’ils se remettent au travail, même s’ils doivent changer de métier) doit faire réfléchir la gauche française, spécialisée dans le dénigrement des politiques économiques inspirées par le réformisme et prompte à dénoncer l’appauvrissement des populations au travail qu’engendre la fragilité du filet social. La Grande-Bretagne a une croissance comparable à celle des États-Unis, ce qui est considérable. Et elle est parvenue à ce résultat parce que le gouvernement conservateur britannique a soumis le peuple à une politique d’austérité.

On ne peut pas encore dire que la France a été déjà supplantée par le Royaume-Uni à la cinquième place. Mais si nous ne retrouvons pas rapidement une croissance plus forte, nous perdrons cette place définitivement. Nous ne pouvons en fait nous consoler qu’en observant les puissances économiques qui nous talonnent, l’Italie et l’Espagne, où, malgré d’intenses efforts réformistes, le chômage est encore très élevé et la dette de plus en plus abyssale. Nous sommes clairement dans ce groupe plutôt que de pouvoir nous situer dans le peloton de tête (États-Unis, Chine, Japon, Allemagne) et nous devons prendre avec sérieux le reclassement que Bruxelles nous impose.

RICHARD LISCIA

 

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