UMP : le répit

Copé entre Tabarot et Pécresse
(Photo AFP)

En définitive, François Fillon et Jean-François Copé sont parvenus à remettre l’UMP sur pied, en dépit des vifs ressentiments qui continuent à déchirer le parti. Les solutions trouvées pour équilibrer les deux camps témoignent de la méfiance entre les deux hommes : pour chaque copéiste, un filloniste monte la garde. On parle d’armée mexicaine. C’est un peu le cas de tous les partis, de droite ou de gauche. Le point capital demeure la réunification de l’UMP.

LA CRÉATION d’un mouvement dissident, le R-UMP, par François Fillon, c’était l’arme nucléaire brandie contre Jean-François Copé, qui reste néanmoins président de l’UMP pour quelques mois, en attendant l’élection de septembre 2013. On n’est pas sûr que M. Fillon ait encore envie de se présenter à cette consultation qui sera, après la terrible expérience du 19 novembre, la plus surveillée de l’histoire électorale. Mais l’ancien Premier ministre a jugé que les garanties offertes par le clan Copé étaient suffisantes, puisqu’il a renoncé au R-UMP, dont la seule existence contenait une condamnation à mort de la droite. De ce point de vue, le retour au calme (et surtout à l’unité) aura permis d’écarter le danger d’une division durable.

Les épées ne sont pas rengainées.

Certes, on ne peut pas dire que les épées soient rengainées. On devine que les protagonistes de l’affaire ont encore la main sur le fourreau. En dépit des sourires, le climat de suspicion n’est pas de nature à conférer à la droite la combativité requise. On l’a senti en écoutant les premières déclarations dans les deux camps enfin réunis : ils en sont à dénoncer l’indécision du président et du Premier ministre, alors que, depuis l’intervention au Mali et l’accord syndicats-patronat sur le marché du travail, l’un et l’autre ont fait un grand bond en avant qui se retrouvera dans la hausse probable de leur cote de popularité. Il faut déjà que l’UMP adapte son langage à l’évolution rapide de la politique économique et sociale et au conflit qui nous contraint à envoyer 2 500 hommes de troupes dans le Sahel.

Un discours appauvri.

Car l’un des effets négatifs du conflit Fillon-Copé, c’est la perte d’une dynamique d’opposition qui fonctionnait fort bien avant l’élection du président de l’UMP. En dehors de quelques hommes forts du parti, par exemple Laurent Wauquiez, le discours de la droite s’est appauvri. Il ne suffit pas que MM. Fillon et Copé se rabibochent, il faut qu’ils mettent au point une sorte de catéchisme de la droite où ils puiseront leurs arguments, quelles que soient les circonstances.

D’autant que, malgré la vigueur de leurs contestations, ils ne peuvent pas tout nier en bloc. Ils ne peuvent pas s’élever contre un accord avec les syndicats sur le flexibilité de l’emploi (réforme que Nicolas Sarkozy aurait bien voulu accomplir) si le patronat accueille l’événement avec joie. Ils ne peuvent pas davantage s’opposer à l’intervention militaire de la France au Mali quand nos soldats y risquent leur vie. Ils ne peuvent pas rejeter en bloc les réformes précédentes, comme le pacte de compétitivité et le crédit d’impôt aux entreprises. Ils doivent affiner leur langage et critiquer plus subtilement que la dénonciation pure et simple de tout ce que fait le pouvoir.

Ce ne sera pas un travail de tout repos car, dans l’opposition, ils ne sont pas seuls. Voilà que Jean-Louis Borloo qui espère nourrir son nouveau parti centriste des dépouilles de l’UMP, n’éprouve aucun complexe pour attaquer le gouvernement comme si rien de ce qu’il fait ne trouvait grâce à ses yeux. Cette attitude maximaliste pourrait bien inciter M. Fillon à parler plus délicatement et M. Copé à se déchaîner pour ne laisser aucun terrain aux centristes. Les sources internes et externes de la division n’ont pas, comme on le voit, disparu.

RICHARD LISCIA

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