Iran : espoir ou illusion

Hassan Rohani
(Photo AFP)

Le triomphe de Hassan Horani, élu président de l’Iran dès le premier tour avec plus de 50 % des suffrages, a été accueilli contre celui d’un modéré qui succède à l’épouvantable Mahmoud Ahmadinejad. Il semblait déjà surprenant que le Guide suprême, Ali Khamenei, eût autorisé Rohani à faire acte de candidature. Il est significatif que les Iraniens, surtout les jeunes, l’aient élu pour exprimer un fort désir de changement.

LE LENDEMAIN de son élection, M. Rohani s’est empressé de réaffirmer avec vigueur l’immuabilité de la politique nucléaire de l’Iran. On peut considérer cette profession de foi comme inévitable : tous les Iraniens, même les dissidents, ont pris position en faveur de la bombe atomique, expression inaliénable de leur nationalisme. Mais les électeurs de Rohani n’ignorent pas que la recherche nucléaire en Iran leur vaut tous les tourments. C’est à cause d’elle qu’ils subissent des embargos efficaces qui ont mis à plat leur économie. Les sanctions ne cesseront pas tant que l’Iran n’aura pas renoncé à la bombe ou tant que ce pays n’aura pas accepté un compromis qui entraînera une politique occidentale plus souple.

L’étrange duo.

Il est donc impossible de dire si le nouveau président constitue à lui seul un gage essentiel de changement. Il n’est modéré que dans les termes qu’il emploie, à l’opposé des imprécations d’Ahmadinejad. Tout président est sous la coupe du Guide, un extrémiste qui s’est offert un conflit politique avec Ahmadinejad, lui-même un excité proche de la pathologie mentale. Il n’est pas du tout impossible que Khamenei ait désigné un candidat modéré à dessein parce qu’il aurait enfin compris qu’une ligne dure n’a pas besoin d’être assortie d’un langage provocateur. Autrement dit, le pouvoir s’offre un président courtois mais ne modifie en rien son programme.

Le Guide suprême sera très vite placé devant ses propres contradictions, justement parce que les sanctions économiques et commerciales sont principalement subies par les classes populaires : inflation, rupture de stocks, cherté de la vie sont les ingrédients du mécontentement ; et les dernières élections, celles d’il y a quatre ans, ont montré que les modérés d’alors qui, eux,  s’étaient dressés contre le Guide, ont déclenché une révolte qui n’a pu être contenue que par une répression aveugle et brutale. Ali Khamenei veut éviter à tout prix de faire donner les pasdarans ou les bassijis. Il ne reste plus à Rohani qu’à obtenir une levée ou une réduction des sanctions en ouvrant avec les Occidentaux une négociation. Pour le moment, on ne voit pas comment elle pourrait aboutir s’il ne consent pas au moins à un ralentissement de l’enrichissement de l’uranium.

Obama-Poutine : conversation glaciale.

Comme la Syrie, l’Iran a le soutien (quoique moins marqué) de Moscou. Au sommet qui vient de se terminer en Irlande du Nord, Barack Obama et Vladimir Poutine ont eu des conversations glaciales. La Russie n’a cédé sur aucun point. Elle s’est empressée de réclamer une abolition des sanctions contre l’Iran. Elle refuse toujours d’abandonner à son sort le régime de Bachar Al-Assad. Elle s’apprête à livrer des armes sophistiquées à Damas qui, dans la guerre civile, commence à regagner du terrain contre les insurgés.  C’était écrit, et la réunion du G8 était vouée à un échec. Barack Obama n’en sort par moins avec un aveu d’impuissance dont il ne limitera les conséquences que s’il continue à traiter l’Iran de Rohani comme il traitait celui d’Ahmadinejad. Les électeurs iraniens méritaient mieux que cet aboutissement négatif.

Les rebelles syriens, pour leur part, méritent que les États-Unis et l’Europe, les protègent contre une dictature dont personne ne peut dire aujourd’hui qu’elle va bientôt disparaître. Il y a peu, Qousseir, un bastion des insurgés, est tombé aux mains de Bachar qui va lancer incessamment un assaut contre Alep. Il n’y a pas plus de printemps syrien que de printemps iranien.

RICHARD LISCIA

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