Hollande harcelé par sa gauche

Hollande sur une voie étroite
(Photo AFP)

Le gouvernement a tenté de faire bonne figure après la défaite du PS à Villeneuve-sur-Lot, qu’il a attribuée principalement à l’affaire Cahuzac. Mais, au PS, l’inquiétude politique s’est substituée à l’inquiétude économique et sociale. Nombre de socialistes réclament une révision de fond en comble du programme de Jean-Marc Ayrault. François Hollande est déterminé : il continuera sur la voie qu’il a tracée.

AIGUILLONNÉS par le Front de gauche, ceux des socialistes qui dénoncent des mesures d’inspiration libérale, exigent à cor et à cri un retour aux fondamentaux keynésiens, sinon marxistes. Ils prônent une politique de relance économique susceptible de créer des emplois au mépris de la dette et des déficits. Ils estiment, à juste titre, que le PS s’engage sur une voie, celle de l’impopularité croissante, qui aboutira à une défaite aux élections municipales. Ils notent que leur parti a perdu les huit élections partielles qui ont eu lieu depuis juin 2012 et que la fameuse austérité dont on tait le nom conduit leur propre électorat à se tourner parfois vers le Front national. Naguère considérée à gauche comme un moyen d’affaiblir l’UMP, la montée du FN  terrorise le PS aujourd’hui : à Villeneuve-sur-Lot, une grande partie des électeurs socialistes s’est abstenue ou a voté pour le candidat du Front.

Le recours systématique à l’impôt.

François Hollande, depuis qu’il est à l’Élysée, n’est pas resté inerte. Il a lancé des réformes multiples, qui s’inspirent à la fois de l’égalitarisme et du réalisme. C’est ainsi que, pour celle des retraites, on s’achemine vers un système qui, une fois de plus, risque d’être insuffisant, parce qu’on ne prend à bras-le-corps ni les régimes spéciaux ni celui des fonctionnaires. Et qu’on va augmenter, pour boucler la réforme, les prélèvements obligatoires pour les actifs, pour les retraités, pour les entreprises. Dans un cycle de pression fiscale qui ne diminue jamais, on ne peut que réduire le pouvoir d’achat. En attendant le miracle d’un retour de la France à la compétitivité, qui va demander des années d’efforts, il ne reste plus, pour faire tourner la machine, que la consommation intérieure. Au lieu de l’encourager, on l’affaiblit. Au lieu d’entrer dans un bras de fer avec les syndicats, on ponctionne la classe moyenne. Au lieu du courage dicté par la réalité, on préfère ces bons vieux impôts.

Il y a une vérité absolue dont il est impossible de se détourner :  impôt ou réduction des dépenses publiques, le résultat est le même, c’est la diminution du pouvoir d’achat. Que la pension d’un retraité diminue par une hausse de la CSG ou par la désindexation, cela revient au même. L’effet macro-économique, en revanche, est différent : la part de la fiscalité devient gigantesque et elle nous prive de marges indispensables à l’investissement. Le président de la République puise la confiance qu’il affiche dans la voie étroite des compromis auxquels il se rallie : s’il prend ses distances à l’égard des méthodes de la droite et des préconisations de l’aile gauche du PS, c’est sans doute, pense-t-il, qu’il est sur le bon chemin.

Christian Eckert, rapporteur général du Budget, a reconnu hier que la politique économique du gouvernement n’avait pas « produit de résultats », rejoignant ainsi un constat très répandu. Les Français, en effet, notent qu’ils font des sacrifices, mais que l’emploi n’est pas au rendez-vous. C’est ce qui explique que le président perd toute crédibilité quand il continue à redire, comme il l’a fait dimanche dernier, qu’il inverserait la courbe du chômage à la fin de l’année, phrase incantatoire qui a fait souvent sourire, mais commence à indigner.  Dans la réaffirmation solennelle du maintien du cap choisi, il y a une bonne nouvelle : la France ne va pas tomber dans une terrible mésaventure, comme le protectionnisme ou la sortie de l’euro. Et une mauvaise : la route sera d’autant plus longue que l’on fera des réformes insuffisantes ou timides.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Hollande harcelé par sa gauche

  1. Levadoux dit :

    « Un bras de fer avec les syndicats », à droite, à gauche, qu’importe, puisqu’en réalité ce sont, en France, les syndicats, représentatifs pourtant que d’une minorité, qui « gouvernent »……dans le négatif

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