Un printemps « social »

Strict sur les contreparties
(Photo AFP)

François Hollande a explicité ce matin le contenu du pacte de responsabilité qu’il entend conclure avec le patronat. À vrai dire, il n’aura surpris personne. Comme le Medef commence à s’inquiéter sur la nature des fameuses contreparties qu’il doit offrir en échange de la baisse des charges, le président de la République a confirmé qu’il attendait des propositions « claires, précises, mesurables et donc vérifiables ». 

PAS QUESTION, donc, de faire un cadeau aux entreprises, censées répercuter sur l’emploi la diminution des coûts de production. Depuis la conférence de presse du 14 janvier, qui a marqué le tournant néo-libéral du président, même s’il s’en défend, les patrons n’ont pas cessé de réaffirmer à qui voulait bien les entendre, que l’entreprise ne crée pas des emplois parce que les prix de revient diminuent, mais parce qu’elle a des commandes. En somme, ils viennent d’entendre un rappel à l’ordre. La position de M. Hollande est dictée à la fois par des raisons économiques et par des raisons politiques. Il lui faut en effet remporter aussitôt que possible une victoire dans la lutte acharnée qu’il conduit contre le chômage et qui s’est déjà traduite par un échec, dès lors que son engagement à « inverser la courbe du chômage » à la fin de 2013 n’a pas été tenu. Il lui faut aussi apaiser la partie de sa majorité qui dénonce la politique de l’offre et se déclare convaincue que les patrons ne joueront pas le jeu.

Usine à gaz ?

Le chef de l’État dit qu’il n’a pas changé, qu’il n’a pas pris un tournant et que le pacte de stabilité n’est que le prolongement logique du CICE, crédit impôt compétitivité emploi, déjà en vigueur, et qui contribue à la baisse des charges. Malheureusement, le CICE est une usine à gaz, ce qui laisse imaginer que le pacte de stabilité, qui sera forcément engoncé dans une kyrielle de dispositions administratives, en sera une autre. Les exigences de M. Hollande ne sont pas nombreuses, mais elles sont lourdes : elles portent sur le nombre de créations d’emplois, prioritairement pour les jeunes et les seniors, sur la bonne qualité des emplois offerts, sur une hausse des investissements privés, sur des relocalisations. Beaucoup de choses à faire, peut-être trop, avec la trentaine de milliards que la combinaison CICE-pacte de responsabilité va apporter aux entreprises. Et, surtout,  le « choc de simplification » risque fort d’être amorti par les démarches administratives auxquelles les patrons seront conviés.

M. Hollande est optimiste qui voit, au terme d’une négociation positive avec le Medef, une grande conférence économique et sociale au printemps, avec tous les partenaires sociaux, alors que les syndicats sont sceptiques sur les vertus du pacte et que les patrons commencent à en redouter les complications et le coût, qui risque d’être supérieur à ce qu’il leur rapportera. On voit bien que diverses arrière-pensées politiques freinent l’ardeur nouvelle du président, mais il serait bien dommage que, après l’euphorie relative qui a suivi son ralliement à la politique de l’offre, le tohu-bohu positif d’une relance retombe comme un soufflé.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Un printemps « social »

  1. PAPOUNET dit :

    En grand rêveur, notre président Hollande croit sincèrement à ses inepties. Il n’a toujours pas compris, notre ancien élève d’HEC, que notre tissu industriel est moribond. Il suffit de se balader dans les zones industrielles pour constater que de nombreux locaux sont à louer, voire à vendre.
    Avant de soulager les entreprises de certaines charges, il aurait été nécessaire de remettre la semaine des 39 heures. Au lieu de dépenser les fonds de tiroirs dans les interventions guerrières inutiles et improductives, nos libertins aurait mieux fait d’investir intelligemment dans la recherche industrielle. Il est vrai que tous les politiques de tous bords ont toutes ces dernières décennies bradé nos fleurons industriels.Il ne faut pas rêver, les entreprises ne vont pas se mettre à embaucher alors qu’elles n’ont du travail que sur une courte durée. Ces abaissements de charges vont surtout aider à refaire une trésorerie propre à chaque entreprise concernée.

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