La mêlée et le dégoût

Mensonge et relapse
(Photo S. Toubon)

Les développements de l’affaire des écoutes posent maintenant deux très sérieux problèmes : d’une part, le mensonge d’État caractérisé commis par Christiane Taubira jette une ombre sur les méthodes du pouvoir actuel ; d’autre part, Nicolas Sarkozy aura beaucoup de mal à échapper à l’accusation de trafic d’influence dont il fait l’objet.

LA MINISTRE de la Justice a cru bon de brandir devant les caméras, mercredi, la note du 26 février que le parquet lui a adressée et dans laquelle, selon elle, il n’y avait que des informations anodines. « Le Monde » a examiné les photos du document et découvert que la garde des Sceaux était informée des écoutes mises en place depuis septembre 2013 et des raisons de l’investigation : M. Sarkozy et son avocat, Thierry Herzog, auraient cherché à obtenir des informations du juge Gilbert Azibert sur les intentions de la Cour de cassation au sujet de la demande de l’ex-président de restitution de ses agendas, saisis dans le cadre de l’affaire Bettencourt, dans laquelle M. Sarkozy a obtenu un non-lieu. Mme Taubira a donc menti quand elle a dit qu’elle en savait rien et qu’elle respecte l’indépendance de la justice.

Une erreur de communication.

Ce mensonge est-il grave pour autant ? La presse y voit surtout une énorme erreur de communication. Il est vrai que, si cela devient nécessaire, le président de la République peut se passer des services de Mme Taubira. Néanmoins, le public retiendra l’idée qu’il règne au sommet de l’État une atmosphère de duplicité et d’hypocrisie et que, contrairement aux affirmations solennelles de la garde des Sceaux, « fière d’appartenir à un gouvernement » qui se tient à l’écart du fonctionnement de la justice, ce gouvernement cherche tout autant que ses prédécesseurs à se servir de la justice pour faire avancer ses pions politiques.  Même s’il est vrai que, comme le dit un socialiste, « demain, on ne parlera plus de Taubira, mais, après-demain, on reparlera de Sarkozy », le fiasco de la ministre, qui éclabousse aussi le Premier ministre, confirmera les soupçons du public au sujet d’une majorité plutôt magouilleuse.

En même temps, le contenu de la note atténue la colère ou l’indignation que soulève l’acharnement contre M. Sarkozy. Une justice complètement indifférente à la cacophonie médiatique exprime sa volonté de faire la lumière sur un délit qu’elle considère comme assez grave pour utiliser des moyens d’une exceptionnelle ampleur. L’enregistrement d’une conversation entre Nicolas  Sarkozy et Thierry Herzog relative au rôle du juge Azibert constituerait la preuve accablante du trafic d’influence, même si cette bande magnétique a été obtenue dans des conditions qui, pour être légales, restent très exceptionnelles.

La droite n’en a pas fini.

Ce serait alors la ligne de défense de M. Sarkozy : il tentera de prouver, si on l’entend prononcer le nom du juge Azibert, que la confidentialité des échanges entre l’avocat et son client a été violée. À première vue, le délit ne nous semble pas particulièrement  grave. Chercher à savoir où en est un dossier judiciaire est une façon de s’informer. En revanche, échanger l’information contre une intervention en faveur de l’informateur correspond au trafic d’influence. Si on a bien compris, M. Azibert souhaitait être nommé à Monaco. Il ne l’a pas été et les autorités monégasques ont démenti qu’elles aient été jamais approchées en vue de cette nomination. Le délit ne peut pas être constitué par l’intention, il ne l’est que par l’acte.

En tout cas, la droite n’en a pas fini avec ses multiples mésaventures. Une information judiciaire a été ouverte au sujet des relations financières de l’UMP avec la société Bygmalion, qui aurait surfacturé ses prestations pour le parti. L’affaire Bettencourt va faire l’objet d’un procès ou Éric Woerth, ancien ministre UMP, devra comparaître. Les instructions dans les affaires Karachi, Tapie, Kadhafi, sondages de l’Élysée se poursuivent. Pour l’électeur, le choix reste le même, entre une majorité qui navigue en eaux troubles quoi qu’elle en dise, et une opposition très affaiblie par les affaires.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La mêlée et le dégoût

  1. LECRU JEAN dit :

    Espérons que M. sarkozy est en bonne santé car sa disparition prématurée serait la fin du fond de commerce de toute la gauche quand elle était dans l’opposition ou maintenant aux affaires, de même que l’essentiel du système judiciaire et médiatique. Pourquoi ne pas avoir écouté M. Cahuzac, à qui on reproche d’avoir ignoré un compte de 3 millions d’euros. Si cet argent( et le reste) provient de son activité, les implants capillaires, nous sommes tous très très cons d’avoir travaille pour 23 euros pendant si longtemps.

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