Un coup dur pour Hollande

Hollande à Tulle dimanche
(Photo AFP)

Il n’y a qu’une façon d’analyser les résultats du premier tour des élections municipales : le Front national fait une percée spectaculaire, notamment à Marseille, la gauche recule sensiblement, la droite se défend, l’abstention est la grande gagnante du scrutin. Mais les jeux ne sont pas faits : face au triomphe du Front, l’électorat de gauche, qui s’est beaucoup abstenu au premier tour, pourrait se mobiliser au second.

AVEC UN TAUX d’abstention de 38,72 %, ces municipales battent un record inquiétant qui traduit principalement une vive désaffection à l’égard de la politique. Cependant, on ne voit rien là qui n’ait été prévu: la crise économique et sociale, l’impuissance du gouvernement à relancer la machine, les multiples affaires et les divisions de la droite devaient nécessairement aboutir à un nombre très élevé d’abstentionnistes et de suffrages en faveur du FN. La gauche au pouvoir enregistre cependant un échec particulièrement cuisant : le score accablant qu’elle a fait à Marseille est annonciateur d’une victoire de la droite emmenée par Jean-Claude Gaudin et la privera de sa domination actuelle dans les trois plus grandes villes de France derrière laquelle elle souhaitait cacher sa défaite au niveau national. Même à Lyon, elle n’est pas absolument certaine de rester à la tête de la mairie. À Paris, elle semble l’emporter, bien que Nathalie Kosciusko-Morizet recueille le plus grand nombre de voix.

LE FN nuit à la gauche.

Le FN a clairement perturbé le jeu droite-gauche, surtout à Marseille, a enlevé Hénin-Beaumont dès le premier tour et pourrait, au terme du second tour, se trouver à la tête de plusieurs villes d’importance moyenne. La majorité découvre, non sans stupeur et inquiétude, que le Front lui nuit bien plus qu’à la droite. Elle ne peut plus nier que l’abstention et le déplacement des voix ouvrières du PS au FN expliquent ce phénomène.

En nombre total de voix, la droite établit un excellent score, même s’il n’est pas significatif lors des municipales. Ce matin, le ministère de l’Intérieur accordait 46,50 % des suffrages à la droite contre 37,74 % à la gauche, et pas plus de 4,65 % au FN, présent seulement dans un millier de communes. Bien entendu, il est probable que les électeurs de gauche qui se sont abstenus au premier tour se rendront aux urnes dimanche prochain pour que la majorité ne sombre pas complètement. Mais les scores respectifs des partis permettront d’évaluer la réalité du rapport de forces pour les prochains rendez-vous électoraux, en particulier ceux de 2017. Si le FN est appelé à faire un tabac aux européennes (car il sera présent sur toutes les listes), l’état électoral des lieux tel qu’il est décrit par les municipales montre que la gauche est largement minoritaire.

Un nouveau programme ?

Cela conduit le Front à demander une dissolution de l’Assemblée nationale sous le prétexte que le PS n’a plus la légitimité requise pour gouverner. C’est bien sûr une exigence excessive dans la mesure où le président et les députés disposent d’un mandat de cinq ans et que rien n’oblige François Hollande à procéder à des élections anticipées. Sa cote de popularité se situant à 22 %, sa majorité n’étant plus que théorique, son Premier ministre devenant chaque jour plus impopulaire, il sera obligé, au lendemain du second tour, d’engager une réflexion sur la nécessité d’offrir aux Français une forme de changement qui pourrait aller du remaniement ministériel au remplacement de Jean-Marc Ayrault. Mais attention, il ne suffira pas de trouver un autre chef de gouvernement, il faudra qu’il incarne aussi un nouveau programme.

Cette projection sur l’avenir dépend des résultats du second tour. Lors des législatives de 2007, le triomphe annoncé de la droite au premier tour ne s’est pas concrétisé au second, à la suite d’un sursaut de l’électorat de gauche. Quant à la droite, elle peut se réjouir de n’avoir pas été trop affaiblie par ses carences et ses scandales. Mais, comme la gauche, elle voit arriver le bulldozer du Front et elle doit trouver les moyens de ne pas être laminée par lui.

RICHARD LISCIA

 

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