Fillon cogne

Fillon : un avertissement
(Photo S. Toubon)

On avait tendance à l’oublier, parce qu’Alain Juppé le devance dans les sondages, comme il devance Sarkozy : François Fillon, ce matin sur France Info, a dit qu’il serait candidat au premier tour de l’élection présidentielle en 2017 si les primaires de la droite ne sont pas honnêtes. « Une primaire honnête, a-t-il précisé, c’est une primaire à laquelle tous les Français qui souhaitent participer puissent participer ».

C’EST UN avertissement lancé à Nicolas Sarkozy, mais aussi à toute la droite qui, si elle présentait deux candidats, serait sûre de perdre, et prendrait même le risque de faire entrer Marine Le Pen à l’Élysée. On comprend l’ancien Premier ministre : il a déjà été victime de magouilles quand il a tenté de se faire élire président de l’UMP à la fin de 2012 et que, indigné, il a provoqué une scission du parti. Il refuse, cette fois, d’être le dindon de la farce. Sa sortie n’en est pas moins paradoxale. Il s’adressait principalement à Nicolas Sarkozy, lequel faisait campagne hier en Touraine, mais, pour le moment, ses chances de l’emporter à la primaire de l’UMP sont minces.

Un programme élaboré et sévère.

Ce qui le conduit à présenter le programme le plus élaboré des trois présidentiables de l’UMP, et le plus « libéral », au sens économique du terme. M. Fillon veut économiser 110 milliards de dépense publique en cinq ans, reporter l’âge de la retraite à 65 ans, imposer les 39 heures aux fonctionnaires, diminuer leur nombre, supprimer l’ISF. Il explique la sévérité de ses propositions par la gravité de la situation. La dépense publique, affirme-t-il, augmentera de 14 milliards en 2015. « On est à 57,7 % de dépense publique, c‘est 1 milliard de plus qu’en 2012, c’est un  record absolu depuis 50 ans ». Mais en disant aux Français la vérité, il emprunte la voie la plus difficile, alors que sa cote de popularité est déjà basse.

M. Fillon, constatant que le président Hollande ne veut pas revenir aux urnes, le presse de négocier de nouvelles réformes avec l’opposition, notamment celle du code du travail, celle des retraites ainsi que la réduction de la dépense publique. Il estime que les dispositions annoncées par Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, comme la libéralisation du travail le dimanche et la relance de l’autocar, ne sont pas à la hauteur de l’enjeu.

Faire sauter des verrous.

En fait, M. Macron sait très bien qu’il ne va pas diminuer la dette et les déficits par ce genre de décision. Il s’attaque aux verrous de l’économie française, avec l’espoir de changer les mentalités à long terme. Bien entendu, il est accueilli par une levée de boucliers, notamment chez les syndicats qui, pourtant, ne sont guère représentatifs des travailleurs du secteur privé, et continuent fièrement de défendre les avantages acquis, lesquels ne sont plus qu’une machine à produire des chômeurs. Des manifestations syndicales ont lieu aujourd’hui dans toute la France pour protester contre les projets de réforme de la politique familiale. Entre « avantages acquis » et « réduction des déficits », le fossé est profond. Il est culturel. Tout se passe comme si les ardents censeurs d’une austérité qui, à ce jour, n’a atteint que les retraités, et les promoteurs d’un changement indispensable vivaient sur deux planètes différentes.

RICHARD LISCIA

 

 

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