La riposte

Hommage aux policiers tués à la préfecture de Paris
(Photo AFP)

Le gouvernement a réagi avec célérité, efficacité et fermeté aux attentats qui ont ensanglanté le pays. Il a pris une mesure essentielle, le déploiement de 10 000 soldats pour protéger les sites dits « sensibles ». Il va certainement durcir nos lois anti-terroristes.  Et François Hollande a su décrire la réalité de la crise en montrant que le pays conduit une guerre sans merci à la fois à l’extérieur et à l’intérieur.

À N’EN PAS douter, nous aurions tous préféré que les attentats fussent éventés par les services de sécurité intérieure. Ceux qui ne veulent rien pardonner au gouvernement l’accusent donc de laxisme et d’avoir manqué de vigilance avant l’attaque contre « Charlie Hebdo ». Effectivement, il ne pouvait pas se lancer dans la chasse aux djihadistes au Mali, il ne pouvait pas préconiser les bombardements en Syrie, il ne pouvait pas participer à la guerre contre l’État islamique en Irak sans protéger le sol français contre des représailles. Même s’il ne s’était pas montré offensif contre les terroristes de tout bord, il savait depuis longtemps que la France est une cible pour beaucoup de mouvements violents.

Un lien entre la guerre ici et la guerre là-bas.

Mais François Hollande, comme il l’a fait lorsqu’il a envoyé nos troupes au Mali et en Centrafrique, a très vite lié la guerre à l’étranger au front que les djihadistes tentent d’ouvrir sur notre propre sol. Le fait qu’il ait mobilisé l’armée pour protéger les sites sensibles n’est pas seulement symbolique : il s’agit d’opposer à des commandos qui nous livrent une bataille sans merci des militaires au moins aussi bien armés qu’eux et, on l’espère, suffisamment renseignés. Ce n’est, il faut le dire, que le début d’une riposte qui doit contenir beaucoup de dispositions extrêmement importantes : une amélioration sans doute nécessaire de la collecte du renseignement, un durcissement des condamnations, une politique européenne de sécurité, un effort en faveur de l’éducation, surtout de ces enfants issus de l’immigration et qui se sentent plus proches des terroristes que de la communauté française.

Une tâche de longue haleine.

Il s’agit d’une tâche de longue haleine, qui exige des moyens financiers que nous n’avons pas, qui implique une convergence des opinions partisanes. Tout ce que l’on souhaite, c’est que le consensus exprimé par les Français dimanche dernier se retrouve dans l’effort, lent et pénible, qui nous permettra de protéger la population et d’éradiquer un jour le terrorisme. De la même façon que la douleur engendrée par les crimes commis au nom d’une cause imprécise nous a tous unis dans le même élan en faveur des libertés et de la démocratie, les partis doivent maintenant consentir à rechercher des solutions fondées sur le compromis mais efficaces sur le terrain.

Nous sommes loin des objectifs à atteindre, alors que la France, par ailleurs, se bat contre une crise économique et sociale qui ne la renforce guère. C’est sans doute le budget qu’il faudra revoir pour dégager l’argent indispensable à la sécurité ; c’est l’enseignement qui doit se concentrer sur les irréductibles qu’elle enfante ; c’est l’échange des informations avec les États-Unis et le reste de l’Europe qui devient indispensable. M. Hollande s’est montré infatigable jusqu’ici. Il faut qu’il tienne bon, et pour longtemps.

RICHARD LISCIA

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