Le triomphe de Netanyahu

Un quatrième mandat (Photo AFP)

Un quatrième mandat
(Photo AFP)

Contre toute attente, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu a gagné les élections législatives anticipées en Israël. Son parti, le Likoud, a en effet obtenu 23,36 % des suffrages, alors que l’opposition travailliste n’en a gagné que 18,73 %, ce qui place le chef de l’Union sioniste, Isaac Hertzog, en deuxième position. Le président d’Israël appellera donc M. Netanyahu à former le prochain gouvernement. L’ancien et nouveau Premier ministre a le choix entre une coalition de droite ou une coalition plus centriste.

DE CETTE COALITION dépendent les orientations futures du prochain gouvernement, notamment en politique étrangère. À la fin de la campagne, M. Netanyahu a durci le ton en déclarant que la création d’un État palestinien n’était pas nécessaire. Ce propos correspond à un changement profond de politique : il signifie qu’il n’y aurait pas deux États côte à côte, mais un seul État dont la démographie serait telle que les juifs deviendraient rapidement une minorité au sein de leur propre nation. Pour la première fois, la liste des Israéliens arabes remporte 14 sièges, ce qui en fait une minorité avec laquelle il faudra sans doute compter.

Une crise sociale.

M. Netanyahu n’aura pas de mal à former une coalition, en dépit du morcellement de l’électorat en huit partis différents. Moshé Kahlon, chef d’un mouvement qui a gagné dix sièges, a promis d’entrer dans la coalition en échange du portefeuille des finances. M. Kahlon entend apporter à sa gestion une touche sociale pour répondre aux aspirations des Israéliens, indignés par la hausse des prix et la crise du logement. Le Premier ministre a fait une excellente campagne électorale et déjoué tous les pronostics, grâce à sa prestation pendant la dernière semaine qui a précédé le scrutin : il s’est imposé comme le garant de la sécurité d’Israël, ce qui est le point crucial de toute compétition électorale au sein de l’État juif. Les instituts d’opinion auront brillé par leur incompétence et la gauche aura manqué d’un chef charismatique.

Le problème israélo-palestinien demeure.

La victoire de M. Netanyahu souligne un fait extraordinaire, à savoir que la question palestinienne ne figure plus en tête des priorités du peuple israélien et qu’elle a même été reléguée bien loin du pouvoir d’achat et des inégalités sociales, auxquelles M. Netanyahu n’a pas beaucoup prêté attention, tout occupé qu’il était par son bras de fer avec Barack Obama dans l’affaire du nucléaire iranien, qu’il continue à présenter comme le danger numéro un qui pèse sur la sécurité d’Israël. Son exploit électoral laisse penser qu’il n’y aura aucun progrès diplomatique, dans les années à venir, au sujet des relations entre Israéliens et Palestiniens, et que de nouveaux affrontements, notamment à Gaza ou à la frontière libanaise, risquent de se produire. Des années de discussions inutiles et d’illusions perdues, ponctuées par des batailles sanglantes avec le Hamas ou le Hezbollah et par une expansion territoriale des colonies en Cisjordanie ont amené la plupart des Israéliens à renoncer à la recherche d’une solution négociée. De ce point de vue, M. Netanyahu ne subira aucune pression pour reprendre les négociations avec le leader palestinien Mahmoud Abbas.

Ce qui ne veut pas dire que le problème sera enterré. L’absence de tout espoir pourrait inciter les Palestiniens à recourir encore à la violence. Un meilleur score de l’opposition de gauche aurait sans doute permis à Israël d’essayer un scénario différent. Le succès de M. Netanyahu est celui de la droite et de l’extrême droite, il ne constitue pas un progrès pour la paix et pour la coexistence, pourtant nécessaire, entre les deux peuples.

RICHARD LISCIA

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