La bataille UMP-FN

La femme à combattre (Photo AFP)

La femme à combattre
(Photo AFP)

La déroute de la gauche est plus sérieuse qu’il n’y paraissait dimanche soir, notamment parce que Manuel Valls, à 20 h 02, a cru bon de commenter les résultats d’une façon plutôt favorable à son camp. Le second tour des élections départementales oppose donc surtout le FN à l’UMP-UDI. Le PS est en grande partie responsable de l’ascension du Front, mais c’est à la droite classique que revient aujourd’hui la responsabilité de la contenir. On saura dimanche prochain si la stratégie adoptée par Nicolas Sarkozy porte ses fruits.

NICOLAS SARKOZY ne se soucie guère du sort de la gauche. Son objectif est très clair : il lui importe, en 2017, d’arriver en tête au premier tour de l’élection présidentielle. Si Marine Le Pen est qualifiée, il sait qu’il la battra, comme Chirac a battu Jean-Marie Le Pen en 2002. Il connaît donc son adversaire privilégié. C’est contre le Front qu’il doit réunir toutes les forces disponibles de la droite, pour autant qu’il remporte la primaire de l’UMP. La question n’est plus de savoir si nous sommes passés du bipartisme au tripartisme. C’est fait. La question est que les institutions sont ainsi faites qu’il ne peut y avoir que deux candidats au second tour de la présidentielle.

Une trentaine de départements de plus pour la droite.

Cependant, rien n’est écrit. François Hollande peut toujours renaître de ses cendres, surtout si l’économie s’améliore et recommence à créer des emplois, si les idéologues de la gauche finissent par comprendre que c’est dans l’union qu’ils peuvent remonter la pente et que la perspective de perdre face au FN est bien plus grave que les choix de gestion faits par le président. Mais on n’en est pas là. Pour le moment, la gauche va perdre un nombre impressionnant de départements au second tour. L’UMP va en gagner une trentaine, ce qui assurera son implantation locale. Au « troisième » tour, c’est-à-dire lors de l’élection des présidents de département, on connaîtra le poids du FN dans les régions et on aura une idée de ce qui se passera aux élections régionales de la fin de l’année.

On se demande aussi si la progression du Front est une affaire durable qui va changer profondément la carte politique ou si elle n’est qu’une feu de paille qui peut s’éteindre si la droite classique gagne en crédibilité et si une amélioration de la conjoncture peut remettre la gauche en selle. C’est une incertitude pour l’UMP qui devra adapter sa stratégie aux résultats des scrutins successifs qui auront lieu jusqu’en 2017. La crainte d’une suprématie du FN peut amener la gauche à se ressaisir et à se résoudre à soutenir Manuel Valls, dont il est à peu près certain qu’il restera à Matignon après le second tour, en dépit de la défaite probable de la gauche.

Sur le scrutin majoritaire.

Le triomphalisme du Front ne trompe personne : il n’a pas voulu reconnaître que la gauche a perdu moins de plumes que prévu et que son affaiblissement profite surtout à la droite et au centre. Son intention affichée est de conquérir tous les postes de la République, y compris la présidence, mais rien ne permet de croire, pour le moment, qu’il peut franchir la barre que lui oppose le scrutin majoritaire à deux tours. On entend beaucoup de voix pour s’élever contre cette forme de scrutin, mais elle constitue le meilleur instrument pour battre l’extrême droite et il serait suicidaire, pour le pays, d’en changer au nom d’une justice politique que le Front, une fois au pouvoir, n’hésiterait pas à transgresser. De François Bayrou à Arnaud Montebourg, en passant par les Verts, François Bayrou et Jean-Luc Mélenchon, beaucoup militent pour la proportionnelle, comme s’il était plus important à leurs yeux que leurs propres courants soient renforcés que de contenir la poussée du FN. Oui, il est parfaitement injuste que des millions d’électeurs ne soient pas représentés par un nombre acceptable d’élus. Mais il faut aussi que la France soit gouvernée et ce sont les institutions de la Vè République qui assurent la stabilité gouvernementale.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La bataille UMP-FN

  1. Oj dit :

    Tout à fait d’accord avec votre analyse. Ne peut-on pas penser que la droite gagnerait à proposer une opposition constructive plutôt qu’une position dogmatique « anti-tout » ? Les électeurs en ont marre de ces diatribes stériles de rejet systématique de ce que dit l’autre camp et ils sont une majorité à penser qu’il faut faire évoluer le pays. À supposer que la conjoncture économique continue de s’améliorer, la droite ne tirerait-elle pas avantage, comme la gauche, de cette embellie, puisque la politique menée actuellement par la majorité est celle que préconise l’opposition mais en nettement plus timide ? Concernant la sécurité, les attentats de janvier ont réuni les points de vue au moins pour un temps. Le Front national dans ce contexte, ne devrait pouvoir faire que du populisme grossier.

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