PS : l’envie de perdre

Hollande bien mal servi par les siens (Photo AFP)

Hollande bien mal servi par les siens
(Photo AFP)

François Hollande ne s’attend guère à un succès lors des élections régionales de décembre prochain, mais il espère en limiter les dégâts, en conservant au moins quatre des 13 nouvelles régions où les socialistes ont encore une chance. De toute façon, la gauche essuiera nécessairement un échec car elle part de très haut. Elle dispose en effet actuellement de 21 des 22 régions de l’ancien découpage du territoire.

LES RÉGIONALES sont la répétition de 2017. Elles vont mettre à l’épreuve les tactiques ou stratégies envisagées par les partis. Si elles n’ont pas beaucoup d’importance du point de vue de l’électorat, elles en ont énormément dans l’esprit des partis. Malheureusement pour elles, les formations de gauche ou d’extrême gauche ont adopté la politique de Gribouille. Elles seraient presque impatientes de perdre, elles sont fascinées par le gouffre qui s’ouvre sous leurs pieds et s’y laissent entraîner. Comment décrire autrement leur attitude quand on voit le PS se déchirer pour des raisons idéologiques qui n’intéressent même pas les électeurs socialistes, quand on voit l’écart se creuser entre le parti de gauche et le PCF, quand on voit les écologistes, qui avaient pourtant l’occasion, avec la prise de conscience mondiale du réchauffement de la planète, de devenir un grand parti, préférer les querelles intestines, les divisions et les démissions ?

Le syndrome grec.

Je veux bien qu’un homme ou une femme politique s’attache avec conviction à ses idées. Mais le pays est dans un tel état qu’un minimum de rationalisme est requis de tout élu qui prétend participer à la gestion des affaires publiques. Prenons le cas de ces socialistes auxquels on a donné le nom commode de « frondeurs ». Leur argument est le suivant : le gouvernement de Manuel Valls répète à l’envi qu’il ne changera pas de politique économique et sociale, alors que les chiffres montrent qu’elle ne produit aucun résultat en matière de croissance et d’emploi. En réalité, le Premier ministre est clairement freiné dans son action par la prudence de François Hollande qui ne désespère pas de rallier à lui l’ensemble de la gauche lors des échéances électorales. M. Valls a lancé des réformes qui doivent être accentuées, aller encore plus dans le sens d’une réduction du coût du travail (et non des salaires), de la liberté d’embaucher et de licencier, de la réduction de la dépense publique, même si elle est douloureuse pour les collectivités locales. Sans quoi, nous serons bientôt dans la situation des Grecs. Les « frondeurs » mettent au compte de M. Valls ce qui résulte de leur propre influence sur l’Élysée.

Vivement la défaite !

La « fronde » ne va pas sans une sorte de mauvaise humeur permanente chez les frondeurs, dont le mode de communication est systématiquement désagréable pour le pouvoir auquel les attaques de l’opposition suffiraient pleinement. Pourquoi donnent-ils d’eux-mêmes cette image de censeurs impénitents, de détracteurs invétérés, de seconde opposition ? Peut-être parce qu’ils ne sont pas sûrs de ce qu’ils avancent. Ils ne veulent pas être associés à l’action du pouvoir, un peu comme s’ils ne voulaient pas mettre les mains dans le cambouis. Dans ce cas, qu’est-ce qui les maintiendrait dans une pureté immaculée, sinon de ne plus faire partie de la majorité ? Leur vertige les conduit à accélérer la chute de la gauche : vivement la défaite ! Ah, c’est dans l’opposition qu’ils retrouveront leur humour, leur bonheur, leur joie de vivre. Ne pas gouverner, c’est le credo de tous ceux qui hurlent à la mort, de Jean-Marie Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en passant par Arnaud Montebourg, jamais avares d’injures contre la Ve République, jamais épouvantés par le projet de changer tout, institutions, gestion de l’économie, politique extérieure. Tant que cela s’énonce mais ne se fait pas, pourquoi pas ?
Ce n’est certes pas l’idée d’un Hollande ou d’un Valls qui ont chacun son plan pour l’avenir. Ils sont bien mal servis par le parti d’où ils sont issus. Je ne sais pas si le président va se présenter pour un second mandat, mais je suis convaincu que ce profond désarroi qui saisit la gauche finira par désigner un homme fort capable d’en recoller les morceaux. Et ce ne sera ni un frondeur, ni M. Mélenchon ni un écologiste.

RICHARD LISCIA

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