Coup dur pour la Russie

Experts au travail

Experts russes au travail
(Photo AFP)

C’est une vérité que les Russes et les Égyptiens ont essayé désespérément de cacher : le crash de l’avion russe dans le Sinaï n’était pas un accident, mais un attentat. Pour Vladimir Poutine, il s’agit d’un défi lancé par l’État islamique (EI) qui va sans doute changer la politique syrienne de la Russie.

LES ÉTATS-UNIS signalent qu’un de leurs satellites a enregistré un flash au moment où l’appareil russe s’est disloqué ; l’EI a aussitôt revendiqué l’attentat, ce qu’il ne fait que si c’est vrai, pour renforcer sa crédibilité ; l’avion n’a pas été abattu par un missile sol-air mais par une bombe à bord, ce qui tend à montrer que la sécurité n’est pas efficace en Égypte. Le pays qui a le plus à perdre, c’est l’Égypte qui voit fuir les touristes. Les Britanniques ont décidé d’annuler tous leurs vols à destination de Charm-El-Cheikh, aéroport de départ du charter russe qui transportait 224 personnes, toutes décédées.

Poutine : une autre stratégie.

Quelles sont les conséquences de l’attentat ? Le constat principal, c’est que Daech reste extrêmement dangereux et que le retour à la sécurité passe par une élimination de cette organisation, avec laquelle il est impossible de négocier quoi que ce soit. L’EI est également présent partout dans le monde, en Afrique, dans le monde arabe bien sûr, mais ses tentacules s’étendent aux cellules dites « dormantes » qui peuvent frapper à tout instant en Occident.
Quand il a décidé d’intervenir militairement en Syrie pour protéger Bachar Al-Assad, Vladimir Poutine a estimé que le danger le plus urgent auquel le dictateur syrien était le plus exposé était la présence de la rébellion syrienne, qu’il a bombardée préférentiellement, si l’on peut dire, en épargnant relativement Daech. Cette méthode est-elle la bonne ? Le problème est que l’EI vient de désigner la Russie comme l’un de ses ennemis, en attaquant brutalement ses civils. La société russe ne manquera pas de demander des comptes à Poutine, lequel, conformément à son tempérament, sera tenté de riposter en causant des dommages aussi importants que possibles à ses agresseurs islamistes. La nature de l’intervention militaire russe en Syrie pourrait donc changer. Le président russe avait désigné les rebelles syriens comme des « terroristes », il va être contraint d’admettre qu’il y a des terroristes plus terrifiants que d’autres. L’opinion russe, pour sa part, aura plutôt tendance à lui demander de cesser toute ingérence en Syrie.

L’idée de vengeance.

L’attentat et ses terribles conséquences vont poser à M. Poutine un problème très difficile à résoudre. Les bombardements russes n’ont pas eu les effets escomptés. Les rebelles syriens viennent de reconquérir une position sur la route Alep-Hama, ligne que Bachar doit contrôler s’il ne veut pas que l’un de ses très nombreux ennemis vienne le chercher dans son palais. L’armée loyaliste syrienne s’est montré incapable de reprendre les zones bombardées par l’aviation russe, notamment parce que les États-Unis livrent à la rébellion des armes anti-chars qui empêchent toute progression des loyalistes. De sorte que Moscou va s’enliser en Syrie : pour combattre toutes les menaces qui pèsent sur Bachar, il va lui falloir accroître ses moyens militaires. L’idée de vengeance, qui n’est pas étrangère à Poutine, va entraîner des pertes en soldats russes. À long terme, le danger économique et politique que représente l’État islamique peut se traduire par un rapprochement entre la Russie d’une part, l’Europe et les États-Unis d’autre part.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Coup dur pour la Russie

  1. Michel de Guibert dit :

    La politique américaine en Syrie -et la France en petit toutou derrière- consistant à livrer des armes aux « rebelles » syriens, alias le Front Al Nosra (Al Qaida) est irresponsable.

    Réponse
    Faux. Al Nosra est distinct du Conseil national syrien, qui regroupe les membres d’une opposition non-islamiste.

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