COP 21 : un espoir fragile

Hollande et Obama ce matin (Photo AFP)

Hollande et Obama ce matin
(Photo AFP)

Dimanche et lundi, la réunion mondiale (plus de 150 chefs d’État ou de gouvernement, des dizaines de milliers de délégués) pour limiter à deux degrés la hausse de la température de la planète due au réchauffement climatique induit par les gaz à effet de serre, a été principalement un cauchemar sécuritaire. Le président de la conférence, Laurent Fabius, est relativement optimiste mais la partie n’est pas gagnée.

LA FRANCE a eu raison de maintenir la réunion, en dépit des attentats terroristes du 13 novembre dernier. Annuler l’événement ou le reporter aurait donné un plaisir supplémentaire aux monstres qui ont semé la mort dans les rues de Paris et au Bataclan. Aussi le gouvernement pouvait-il souhaiter que, dans des circonstances aussi particulières, il aurait été suivi et approuvé par la totalité du peuple. Ce ne fut pas le cas. On a dit aux écologistes qu’on allait tout faire pour l’écologie à partir du 30 novembre, ils ont cru bon quand même de manifester. Des casseurs se sont glissés dans leurs rangs et provoqué une émeute place de la République. Loin de s’excuser pour son mouvement, Cécile Duflot a exprimé sa surprise : l’état d’urgence, dit-elle, ne devrait pas s’appliquer aux manifestations en faveur de l’écologie. Attitude d’autant plus curieuse que des élus d’EE-LV ont voté pour l’état d’urgence.

Des discours de trois minutes.

C’est une première contrariété pour le pouvoir qui, décidément, n’aura jamais le soutien d’EE-LV, même quand il s’engage dans une action propre à le satisfaire. Il en aura d’autres. La conférence semble fort bien organisée. On est impressionné quand on apprend que les discours de chef d’État seront limités à trois minutes. Cela indique qu’ils ne diront pas grand-chose, mais que les discussions seront moins verbeuses et plus efficaces. L’objectif mondial a été défini. Il reste à l’atteindre. Comme il n’y a pas de vote, les défenseurs de l’environnement devront convaincre tous les gouvernements, y compris ceux qui ont besoin d’être aidés financièrement et ceux qui ne veulent pas que leur développement soit freiné ou diminué par les contraintes écologiques. Ce sera très difficile de contraindre la Chine à se hâter de trouver une alternative au charbon, l’Inde à polluer moins, les monarchies pétrolières à passer à l’énergie solaire et… à exporter moins de pétrole. D’une part, on voudrait être sûr que deux degrés de plus seraient supportables, ce qui n’est pas sûr quand on observe la sècheresse en Californie et en Australie, ainsi que la fonte des glaciers. D’autre part, on ne voit pas comment il sera possible de discipliner tous les États du monde alors que beaucoup d’entre eux, par exemple en Afrique et au Proche-Orient, se consacrent à des conflits bi- ou multilatéraux, quand ils ne sont pas en proie à des guerres civiles.

Cette sagesse que nous n’avons pas.

La leçon est très claire : le réchauffement de la Terre entraîne des désordres naturels et économiques, des sècheresses qui menacent la vie même de certaines populations ou une élévation de la mer qui pourrait submerger les gens qui vivent sur certaines îles ou sur des coraux. Il est temps d’agir. On aurait même dû agir beaucoup plus tôt. Les difficultés sont toutefois considérables : la pollution provient en premier lieu d’une démographie galopante dont on sait qu’elle va se stabiliser pendant le siècle actuel, mais à un niveau élevé ; elle provient aussi de l’énergie fossile, par laquelle nous sommes intoxiqués, alors que les alternatives ne sont pas encore convaincantes; elle provient enfin des désordres politiques, des migrations, des crises et de la violence du monde. Or la réflexion sur l’environnement exige des connaissances et de la sagesse. On ne peut pas dire que l’état du monde nous conduise vers une forme de rationalisme universel.

RICHARD LISCIA

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