Un pays en quête d’unité

Hollande doit empêcher de nouveaux attentats (Photo AFP)

Hollande doit empêcher de nouveaux attentats
(Photo AFP)

Par la multiplicité des commémorations des attentats de janvier 2015, par l’offensive législative pour donner aux pouvoirs publics les instruments de la lutte anti-terroriste, et surtout par son rejet des freins idéologiques, ce qui l’a conduit à emprunter quelques idées de la droite et même de l’extrême droite, François Hollande espère refaire l’unité du pays autours de son nom. La tâche n’est pas facile.

LES FRANÇAIS ont eu le bon sens, au lendemain des attentats du 13 novembre (qui ont fait 130 morts et une multitude de blessés), de se dresser d’abord contre les agresseurs avant de réfléchir au contexte sécuritaire des massacres du stade de France et surtout du 11è arrondissement. Si le premier réflexe a été de se réunir autour de celui qui incarne l’ensemble de nos institutions, le deuxième, plus politique, fut de se poser des questions sur l’efficacité des moyens de prévention auxquels l’État a recours. Depuis le terrible précédent créé par Mohamed Merah et ses assassinats de militaires et d’enfants, on nous a régulièrement expliqué que les terroristes liés à ces meurtres étaient fichés, mais qu’il est impossible de contrôler et a fortiori de neutraliser ceux dont on sait qu’ils risquent de basculer dans le djihadisme s’ils ne l’ont pas déjà fait.

Prévention, maître mot.

Les dispositions que le gouvernement s’apprête à prendre pour donner une suite à l’état d’urgence et s’octroyer les instruments indispensables à l’interpellation rapide de suspects vont, en gros, dans le bon sens. On peut discuter à l’infini de la déchéance de nationalité ou à son succédané. Mais, d’une façon générale, le gouvernement sait qu’il ne peut pas accepter qu’une vague terroriste comparable à celle du 13 novembre 2015 se reproduise, qu’il serait considéré comme responsable de ne pas l’avoir empêchée, surtout si c’est pour des raisons légales ou constitutionnelles, qu’elle réduirait à néant en tout cas ce qu’il reste à M. Hollande de popularité.
Le président de la République s’est égaré quand il s’est lancé dans une campagne en faveur de la déchéance de nationalité, mesure contestée par une bonne partie de son camp, mais surtout inefficace, et qui ne vaut pas, quoi qu’il en soit, la bataille à laquelle elle donne lieu. Il a commis une erreur et il a décidé de ne pas reculer pour ne pas avoir à reconnaître son erreur. Il a ainsi donné le signal d’une contestation qui, après avoir déchiré la gauche, s’est étendue à la droite. Du coup, la belle unité des « Je suis Charlie » vole en éclats. Elle était illusoire depuis janvier dernier. Certes, le peuple français s’est dressé comme un seul homme contre la barbarie, mais il ne l’aurait sans doute pas fait si les tueurs, au lieu de viser trois cibles, avaient groupé leurs tirs sur une seule. La mort de trois policiers n’aurait probablement pas soulevé une telle émotion nationale, pas plus que le meurtre de quatre citoyens juifs, si ces attentats avaient été commis séparément. L’attaque contre Charlie Hebdo, en revanche, a eu un effet fédérateur parce que la liberté d’expression était clairement visée.

Un contexte politique défavorable.

On remarquera que, en se livrant à massacre aveugle contre des gens assis à la table d’un restaurant, regardant un match ou écoutant de la musique au Bataclan, les assassins ont montré qu’ils visaient la totalité et la diversité du peuple français. Notre unité nous est plus dictée par nos ennemis, tueurs de civils, que par le consensus autour des libertés et du mode de vie. La violence inouïe des assauts contre les Français (notre 13 novembre est un 11 septembre-bis) assure le gouvernement de la cohésion de ses administrés, quels que soient pas ailleurs les débats politiques soulevés par un si grand traumatisme. Malheureusement, la conjoncture affaiblira cette cohésion, à commencer par un calendrier politique qui prévoit des primaires et des élections, événements qui ne peuvent se dérouler que dans le bruit et la fureur. Le chef de l’État sait que le meilleur ciment national, ce n’est ni la fermeté, ni l’emprunt d’idées, ni l’usage personnel et politique qu’il fait de la crise sécuritaire. Ce sera, dans les mois qui viennent, la capacité d’empêcher un attentat grave.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.