Remaniement en vue

Jean-Jacques Urvoas (Photo AFP)

Jean-Jacques Urvoas
(Photo AFP)

Le président de la République a l’intention de procéder dans les jours qui viennent à un remaniement gouvernemental. Manuel Valls resterait Premier ministre mais plusieurs ministères seraient concernés. Ce serait le dernier remaniement du quinquennat et François Hollande voudrait en faire une machine de guerre dans la perspective des élections de 2017.

LE REMANIEMENT a déjà commencé puisque Christiane Taubira a été remplacée lundi par Jean-Jacques Urvoas au ministère de la Justice. Acceptée le 29 janvier dernier par François Hollande, la démission de Mme Taubira a représenté une évolution politique majeure. D’autant que M. Urvoas, ancien président de la commission des lois à l’Assemblée, défend dur comme fer la déchéance de la nationalité pour les auteurs de crimes terroristes. M. Urvoas est un proche de Manuel Valls et il semble bien qu’un pacte unisse désormais le chef de l’État au chef du gouvernement. Il y a d’abord une entente sur la ligne : elle reste libérale sur le plan économique, elle tourne à droite sur le plan politique. Les deux hommes ont décidé de passer outre les états d’âme de la gauche et vont placer tout leur camp, gauche d’opposition comprise, devant ses responsabilités : ou bien tout le monde file doux et vote la déchéance (M. Urvoas est convaincu qu’il y aura une majorité de gauche), ou bien les élus de gauche dans leur ensemble paieront les frais de la fronde aux législatives de l’année prochaine.

Le show Taubira.

Le durcissement de l’Élysée vient sans doute du départ de Mme Taubira. L’ex-ministre en a fait un spectacle qui a été applaudi par la gauche d’opposition et par les frondeurs. Le voyage qu’elle a fait à New York dans la foulée a également été un triomphe. Cela a renforcé la détermination du président qui, en dépit des critiques qui fusent de toutes parts et que l’on entend même dans son palais, a décidé de passer en force pour la réforme constitutionnelle. Cependant, la fermeté de M. Hollande contient une faille. Il n’est pas combattu que pour la déchéance. La commission de Bruxelles vient d’annoncer que la France ne reviendrait pas en 2017 à un déficit budgétaire inférieur à 3 %. La crise agricole fait tache d’huile sans que Stéphane Le Foll semble disposer d’un plan d’action pour calmer le jeu. La crise des migrants, notamment à Calais, menace l’équilibre national. Le chômage ne cesse d’augmenter, ridiculisant la ministre du Travail actuelle tout autant qu’il a ridiculisé ses prédécesseurs.
Selon un sondage YouGov publié ce matin, la popularité de M. Hollande se situe à 19 %, celle de Manuel Valls à 25 %. Le président et le Premier ministre répètent à l’envi que la réforme constitutionnelle renforcera l’unité des Français. Il n’est pas impossible qu’elle séduise la droite mais elle risque de casser la majorité en deux mouvements politiques distincts et hostiles l’un à l’autre. Ce grand élan oecuménique vers les élections est en réalité un quitte ou double : ou bien M. Hollande convainc l’opinion que l’on peut voter pour lui à quelque camp que l’on appartienne, ou bien il va au front avec une armée divisée et sceptique, qui ne croit pas à la tactique militaire adoptée.

Macron trop ambitieux.

Le remaniement concernera sans doute le ministère des Affaires étrangères que Laurent Fabius souhaite abandonner pour prendre la présidence du Conseil constitutionnel, actuellement occupée par Jean-Louis Debré qui arrive au terme de son mandat. Sylvia Pinel (MRG), élue première vice-présidente de la région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, va quitter ses fonctions de secrétaire d’État au Logement et pourrait être remplacée par Jean-Michel Baylet, président du Mouvement des radicaux de gauche. Emmanuel Macron a demandé un super ministère de l’Économie et des Finances, il ne l’obtiendra pas. Manuel Valls souhaite accentuer l’orientation libérale de la politique gouvernementale, mais il juge le jeune ministre trop ambitieux (sans compter qu’il ferait une mauvaise manière à Michel Sapin s’il le privait de son ministère).
Selon un sondage Odoxa, également paru ce matin, les ministres les plus populaires sont Bernard Cazeneuve, Emmanuel Macron et Jean-Yves le Drian. Les ministres dont les personnes interrogées souhaitent le départ sont trois femmes : Myriam El Khomri (Travail), Najet Vallaud-Belkacem (Éducation) et Marisol Touraine (Affaires sociales et Santé).

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Remaniement en vue

  1. Dr LE dit :

    Editorial très juste. Au moins cela pour le reste de ce quinquennat qui a malmené la France.

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