Le prix d’une élection

Des dépenses peu tempérées (Photo AFP)

Des dépenses peu tempérées
(Photo AFP)

Ceux qui douteraient encore de la décision de François Hollande de se présenter à un second mandat seront rapidement convaincus s’ils se penchent sur la profusion de dépenses à laquelle il se livre depuis le début de l’année pour ramener à lui les bataillons de socialistes qu’il a déçus.

LA SERIE de ses mesures annoncée semaine après semaine, distinctes les unes des autres et réparties dans le temps, forme un puissant effort financier destiné à contenter des groupes professionnels dont les raisons d’être mécontents se sont multipliées ces derniers mois. Qu’on en juge : le gouvernement s’est d’abord adressé aux chômeurs en créant, le 18 janvier dernier, une prime à l’embauche dans les entreprises de moins de 250 salariés qui, désormais, bénéficient de 2 000 euros pour chaque recrutement à un salaire compris entre 1,3 et 1,5 fois le Smic. Le coût de cette mesure est évalué à un milliard d’euros. La formation des chômeurs s’étend à un million (au lieu de 500 000). Le coût du dispositif censé ramener à l’emploi 20 % du total des chômeurs français est de 600 millions.

Filières bovine et canards.

Au début de cette année, le gouvernement a lancé un plan d’aide aux éleveurs comprenant des avances sur trésorerie, une compensation pour les filières canards du Sud-Ouest et bovine, pour un coût de 900 millions. L’effort le plus spectaculaire va en direction des fonctionnaires. La valeur du point de l’indice est augmentée de 1,2 %, soit un coût de 2,4 milliards en année pleine. Par ailleurs, en octobre 2015, François Hollande s’était engagé à revaloriser les salaires des forces de l’ordre, après une grande manifestation de policiers. Les salaires seront progressivement augmentés d’ici à 2020 pour un coût de 865 millions. La prime des professeurs des écoles est augmentée de 800 euros, pour un coût global de 206 millions, afin de réduire l’écart entre les salaires des enseignants du primaire et du secondaire.

Une nouvelle baisse des impôts.

Comment ces hausses massives seront-elles financées ? Le gouvernement explique doctement qu’il tient ses promesses et que, après une période de remise en ordre des finances publiques et d’austérité, le temps de la redistribution est arrivé. Problème : il arrive à point nommé à quelques mois des élections générales et il a une signification politique beaucoup plus claire que la signification économique que le pouvoir nous en donne. Dans les dispositions qu’il a prises, l’exécutif a répondu ici à un cas d’urgence, là à une nécessité. Policiers et gendarmes, notamment, doivent être encouragés au moment où ils fournissent un effort exceptionnel et interminable au nom de la sécurité. Le plan du gouvernement aurait été cependant plus cohérent si toutes les mesures avaient figuré dans un dispositif d’ensemble, si son coût avait été évalué à l’euro près et si le financement en avait été expliqué. Ce n’est pas le cas. Le gouvernement nous dit qu’il va dépenser 4 milliards de plus cette année, mais le président LR de la Commission des finances de l’Assemblée, Gilles Carrez, l’évalue à six milliards. Le ministre du Budget, Christian Eckert affirme que chaque dépense sera compensée par une économie budgétaire ou par le recours à la « réserve de précaution », quelques milliards mis de côté pour faire face à des dépenses urgentes et inattendues.
Et l’année n’est pas finie. M. Hollande s’apprête à frapper un grand coup en procédant à une réduction de l’impôt sur les classes moyenne et pauvre, qui serait appliquée avant les élections de 2017. Combien de milliards elle va coûter, où le gouvernement va les trouver, voilà une autre question. Tout se passe comme si, loin de réformer (par exemple en diminuant le nombre de fonctionnaires pour leur donner un salaire décent), le pouvoir entendait dépenser à tout-va ; et peu importent les conséquences.

RICHARD LISCIA

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