POURQUOI l’ancien président de la République a-t-il voulu changer une règle qui avait été adoptée ? S’il complique le vote des Français à l’étranger, c’est probablement parce qu’il le craint et n’en veut pas. Du coup, il a commis une sérieuse erreur d’appréciation. M. Sarkozy n’a pas compris que l’époque où il faisait ce qui lui plaisait dans une impunité absolue est révolue. Il pense encore que sa qualité de président des Républicains lui donne un avantage que n’ont pas ses compétiteurs. Ils n’ont cessé, jusqu’à présent, de lui rappeler que la présidence d’un parti n’est pas celle de la République. Au demeurant, il ne peut rien faire seul. Il y a un comité d’organisation de la primaire présidé par Thierry Solère et une haute autorité, dirigée par Anne Levade qui, tous deux, ont immédiatement annoncé qu’ils ne contenteraient pas de la décision de M. Sarkozy (et de son bureau politique). M. Solère va proposer au parti sa propre solution concernant le vote des Français à l’étranger et Mme Levade invite le bureau politique du parti à reconsidérer sa décision.
Le risque de gâcher une chance unique.
M. Sarkozy ne se berce pas d’illusions. Il sait qu’il est surveillé par ses rivaux et qu’ils ne le laisseront pas prendre des initiatives favorables à sa propre candidature sans réagir assez vivement pour le faire reculer. Il a seulement tâté la température de l’eau. Mais en agissant de la sorte, il renvoie les militants à l’époque où il les faisait marcher au pas et il provoque une mini-crise qui peut en annoncer d’autres. On ne dira jamais assez qu’il y a tout ce qu’il faut, dans les comportements personnels des leaders de la droite et du centre pour gâcher la chance unique qui se présente à eux de gagner les élections de l’an prochain. Jamais le PS n’a été aussi divisé, jamais l’impopularité de François Hollande n’a été aussi grande, jamais le taux de chômage n’a été aussi élevé, jamais le pays n’a exprimé avec une telle vigueur son besoin de changement et son désir de tourner la page de la gauche au pouvoir.
Une démarche nuisible.
Tous ces éléments conjugués donnent à l’opposition un atout sans pareil, même si la crise de confiance qui affecte les Français les rend au moins aussi méfiants à l’égard de l’opposition que du gouvernement. Cela signifie que le rôle de la droite aujourd’hui consiste d’abord à refaire son unité, à adopter une éthique indiscutable, à désigner son candidat dans des conditions de transparence absolue. Cela signifie en outre qu’elle ne doit pas gagner les élections seulement pour prendre le pouvoir, mais qu’elle sera chargée, si elle l’emporte, de remettre la France sur pied. M. Sarkozy se prend encore pour le chien dans un jeu de quilles. Il croit qu’en bousculant la droite, il en prendra le contrôle. Il se croit encore en 2007. Tout a changé et de telle manière qu’il en oublie sa propre responsabilité dans l’accroissement du chômage et de la dette. Il ne nous appartient pas de dire qu’il est disqualifié, mais au moins doit-il s’adapter aux règles exigeantes que Les Républicains ont voulu se donner pour apparaître aux yeux de l’opinion comme des politiciens décidés à respecter la morale.
C’est en ce sens que la démarche de M. Sarkozy est nuisible. Elle porte un coup à la crédibilité de la droite et donc, de facto, elle tend à diminuer ses chances. Pas celles de tel ou tel candidat, mais les chances non seulement de battre la majorité actuelle, non seulement de mettre au point un programme de gouvernement efficace mais d’éloigner aussi le danger que le Front national fait peser sur l’avenir du pays.
RICHARD LISCIA
Je pense que l’éditorial de Richard Liscia est très marqué par un antisarkosisme primaire.
Toutes les opinions sont bonnes à entendre, qu’elles soient de droite, de gauche, d’extrême droite, d’extrême gauche ou de l’ancien président.
Toutes les opinions, y compris la mienne.
R.L.