LE MINISTRE des Sports, Patrick Kanner, (et avant lui, le Premier ministre) a eu beau jeu de rappeler que, avant le 10 juin, l’opposition s’était montrée très alarmiste et soulignait tous les dangers de ces rassemblements massifs dans les stades ou les fan zones, qui auraient pu être autant de cibles pour les terroristes. La discipline des spectateurs, la qualité des mesures de sécurité, la détermination des pouvoirs publics à ne renoncer sous aucun prétexte ont permis à cette manifestation longue et lourde de dangers de se dérouler dans les meilleures conditions, si l’on met entre parenthèses les incidents sérieux provoqués par des houligans russes à Marseille. Au moment où le gouvernement est vilipendé de toutes parts, il n’est pas inutile de rendre à la vérité ce qui lui appartient. Les médias ont noté que Nicolas Sarkozy avait pris soin de ne pas assister au match France-Portugal, sous le prétexte que « c’est un moment qui appartient aux Français ». Scrupule bien suspect chez ce passionné du ballon rond qui a eu l’occasion maintes fois de récupérer diverses compétitions sportives sans craindre de les dérober à ses concitoyens.
Grosses recettes.
Dans cette détermination de nos dirigeants, il y avait, à n’en pas douter, des préoccupations économiques et politiques. Il m’est arrivé de dénoncer le rapport entre le football et l’argent, mais l’économie française, si mal en point, a besoin de tous les moyens possibles pour se redresser et un Euro, cela représente des milliards en billetterie, en recettes touristiques et hôtelières, en publicité, en taxes. De ce montant, il faut cependant défalquer les 1,7 milliard d’euros que l’Etat et les collectivités locales ont dépensés pour la rénovation des stades et infrastructures. Enfin, il s’agit d’un événement qui a été souhaité par la très grande majorité des Français ; l’annulation de l’événement aurait provoqué une révolte populaire. L’exécutif a pris ses responsabilités : son plan anti-terroriste a été draconien et efficace.
Certes la défaite a engendré une frustration qui n’est pas le facteur d’une réunification de la société française. De ce point de vue, le président de la République ne doit pas attendre de l’Euro des retombées politiques telles qu’elles amélioreraient ses chances à l’élection présidentielle de 2017. En revanche, il ne cesse de marteler l’idée que, désormais, la France est candidate aux Jeux olympiques de 2024, car elle a largement prouvé sa capacité à organiser une telle réunion. Le présent est perdu, vive l’avenir.
RICHARD LISCIA