Macron dans la mêlée

Macron à la finale de rugby
(Photo AFP)

Notre nouveau président cumule les succès, diplomatiques notamment, mais aussi les difficultés liées à la campagne des législatives au cours de laquelle les tentatives de le déstabiliser n’ont pas manqué. Il semble toutefois illusoire d’essayer de l’affaiblir.

« LE PARISIEN » a publié hier un document censé représenter le projet de loi Travail du gouvernement, lequel a démenti et devait de toute façon présenter ce soir aux organisations syndicales un texte complètement différent. Dans le projet exposé par le quotidien, le code du travail n’était pas modifié mais chamboulé et prévoyait l’adoption de dispositions, comme l’inversion de la hiérarchie des normes, l’augmentation du temps de travail et le plafonnement des indemnités de licenciement, tous sujets sur lesquels les divergences avec les syndicats sont profondes. Le suspense n’aura pas duré mais l’usage des « révélations » faites par « le Parisien » a pour objectif de compliquer la réforme du gouvernement et, surtout, de faire reculer la République en marche aux législatives.

Des éléments négatifs.

Ni les sondages ni le premier tour des législatives à l’étranger, qui a déjà eu lieu et s’est traduit par une abstention de 80 %, mais aussi par la victoire de la REM dans dix circonscriptions sur onze, ne laissent prévoir le renversement d’une situation clairement favorable aux candidats qui arborent les couleurs du président Macron. De la même manière, le chef de l’État a été vivement critiqué pour avoir fait une blague sur les bateaux comoriens qui apportent à Mayotte beaucoup moins de marchandises qu’ils n’amènent de passagers clandestins. Il était logique que l’opposition à la REM surenchérisse sur une plaisanterie qui n’est pas du meilleur goût. De là à ouvrir un procès suffisamment durable et médiatisé pour le priver d’une bonne fraction de l’Assemblée nationale, il y a un pas infranchissable. À quatre jours du scrutin, les dés sont-ils jetés ? L’affaire Ferrand, toujours pas résolue par la démission ou le limogeage de l’intéressé, les relations de l’Élysée avec la presse, qui doivent être améliorées si le président ne veut pas être soupçonné de vouloir la dominer ou la manipuler, la polémique croissante sur le loi Travail, le projet de hausse de la CSG, inique pour les retraités, la suppression de la taxe d’habitation pour 80 % des contribuables pour laquelle le financement est fort incertain, tous ces éléments négatifs pourraient faire naître un doute quant à la capacité de M. Macron de gouverner sans provoquer la colère des syndicats ou de ces fractions de la population directement touchées par ses mesures fiscales.

Un exécutif fort.

Mais l’état des lieux électoraux suggère une autre analyse. En dépit de la difficulté à projeter sur le second tour les résultats du premier tour des législatives tels que les voient les sondages, M. Macron semble en mesure de remporter la majorité absolue, et même plus. Nous devrions donc avoir dans peu de temps un exécutif fort et stable, capable, par conséquent, de conduire sa politique avec plus de liberté que s’il était obligé de composer avec le pouvoir législatif. Les Français, de toute évidence, ne souhaitent ni un gouvernement de coalition ni un gouvernement de cohabitation. Et, en somme, ils ont raison parce qu’Emmanuel Macron répond à une série d’exigences essentielles : il entend réformer le pays en profondeur, il a acquis, en très peu de temps, une stature présidentielle que plus personne ne lui nie, il a su créer un choc qui a rendu l’espoir aux Européens et a recomposé le paysage politique. Le nouveau président a répondu à la volonté de changement exprimée par le peuple lors des élections primaires. Il propose aux Français une autre façon de faire de la politique et ils semblent prêts à lui accorder leur confiance. Au passage, il a écarté deux dangers, le Front National et la France insoumise, qui espéraient s’épanouir sur les décombres du PS et la défaite de LR. Jean-Luc Mélenchon, lui aussi, voulait faire au pays une offre politique diamétralement opposée, sur le plan idéologique, à celle de M. Macron. Le prochain scrutin confirmera sa défaite.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Macron dans la mêlée

  1. mathieu dit :

    En clair, en fait de nouvelle façon de faire de la politique, nous revenons précisément aux fondements de la Vème République:
    – un président fort issu directement du suffrage universel, sans appui (direct) des partis
    – une majorité parlementaire large prêtant allégeance au seul président (comme en 1958 ou 1968, où la « chambre introuvable » était issue de candidats « Vème République »…
    Du pur classicisme; d’ailleurs, Mr Macron était l’un des rares « chamboule-tout » à ne pas parler de VIème république…

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