Merkel dans la tourmente

Angela Merkel
(Photo AFP)

Le parti frère de la CDU (conservateurs dirigés par la chancelière Angela Merkel) n’a obtenu, aux élections régionales de Bavière, « que » 37 % des voix contre 9,5 % seulement pour le SPD (sociaux-démocrates, membre de la coalition gouvernementale), 17,8 % pour les Verts et plus de 11% pour l’AfD, Alternative für Deutschland, extrême-droite.

LA MONTÉE de l’extrême droite se confirme donc en Allemagne, mais le plus impressionnant est moins ce phénomène que l’effritement rapide de la coalition au pouvoir. On pourrait très bien dire que les grands vainqueurs de la consultation sont les Verts, qui ont recueilli  plus de 17% des suffrages et que l’ascension de l’AfD est moins marquée que ce parti n’aurait pu l’espérer.  Si la CSU, alliée de la CDU, a pu obtenir 37 % des suffrages, elle a perdu un bonne dizaine de points par rapport aux régionales de 2013, des points que l’on retrouve à l’AfD. Et cela, malgré les efforts du grand patron de la Bavière, le ministre de l’Intérieur fédéral Horst Seehofer qui, depuis le début de l’été, a attaqué Mme Merkel à plusieurs reprises, dans une tentative désespérée pour se démarquer d’elle et de sa générosité à l’égard des immigrants, et de conserver une position dominante.

L’original et la copie.

C’est bel et bien raté. Comme en France, l’électorat préfère l’original à la copie et Laurent Wauquiez, président des Républicains, devrait s’en souvenir, lui qui, comme jadis Nicolas Sarkozy, s’efforce de convaincre une partie des électeurs du Rassemblement national de se rallier à lui, alors qu’en réalité le rapport de forces avec LR est en faveur du RN.  M. Seehofer, dont l’absence de loyauté à l’égard de la chancelière et de la coalition ont surpris, a pris une voie sans issue. Mais, soulignons-le, le gouvernement de Mme Merkel n’est pas aux abois, il dispose encore d’une bonne avance sur les autres partis et il a surtout besoin d’une clarification des uns et des autres : les sociaux-démocrates ne peuvent pas se contenter de payer, à chaque élection locale, le prix de leur présence dans la coalition, même si le vent idéologique tourne vers l’extrême droite en Allemagne, ce qui fait souffrir la gauche allemande comme la gauche française. Et la CSU, de son côté, doit reconnaître que sa stratégie électorale ne produit pas de bons résultats.

La coalition risque de rompre.

Le danger, pour Mme Merkel, est une éventuelle crise de nerfs du SPD, qui ne souffrirait plus de gouverner et demanderait sa liberté, ce qui obligerait la chancelière à demander la participation des Verts. Un sondage publié par la « Bild Zeitung » accorde encore 26 % à la CDU/CSU et 17 % au SPD, soit un total minoritaire de 43 %. Mme Merkel peut-elle continuer à gouverner dans ces conditions, alors que le SPD s’effondre et que la CDU est fortement concurrencée par l’AfD ? La dame aux quatre mandats pourrait bien en avoir fait un de trop car, à l’origine de ses tourments, il y a surtout sa politique migratoire fort généreuse qui a vivement indisposé une grosse fraction de l’électorat, ces Allemands qui craignent le fameux « grand remplacement ». Les élections générales de Hesse, qui ont lieu le 28 octobre diront si l’affaiblissement de la coalition se confirme. Mais d’ores et déjà, la position personnelle de Mme Merkel est menacée. Théoriquement, son mandat court jusqu’en 2021, mais elle risque d’être déstabilisée de l’intérieur, M. Seehofer n’ayant pas caché qu’à ses yeux elle dirige un gouvernement impuissant. Il pourrait créer les conditions d’un vote au sein de la CDU qui contraindrait Mme Merkel à partir. C’est d’ailleurs de cette manière qu’elle s’est débarrassée d’un Helmut Kohl affaibli par un scandale financier, en 1999, pour accéder au pouvoir en 2005.

Le très gros problème que crée la crise allemande est européen. Les élections au Parlement de Strasbourg ont lieu l’année prochaine et tout indique qu’elles seront un match entre « progressistes » et « populistes », deux termes qui désignent, chacun dans sa catégorie, des gens très différents, mais qui expliquent bien que l’affrontement aura lieu entre ceux qui soutiennent l’Union européenne et ceux qui souhaitent sa destruction. Bien entendu, le scrutin aura des formes diverses, adaptées aux situations nationales : on parle déjà d’un référendum pour ou contre Macron en France, des scores élevés que pourraient faire le RN, la Ligue italienne et l’AfD allemande, et le seul moyen des démocrates pour arrêter la dérive des électorats vers l’idéologie de l’extrême droite, c’est de voter pour les partis pro-européens.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Merkel dans la tourmente

  1. JULIEN dit :

    Merci de mettre encore une fois en garde contre les partis populistes d’extrême droite. Comme vous le dites dans votre conclusion, il faut absolument voter aux élections européennes. Surtout ne pas s’abstenir et voter pour les partis pro-européens.

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