Le cap du 1er mai

Samedi à la République
(Photo AFP)

Les manifestations de gilets jaunes samedi dernier ont démontré que le mouvement s’affaiblit chaque semaine, mais le 1er mai sera l’occasion d’un second souffle et risque d’être violent.

UNE évaluation de la lente érosion des actions des gilets jaunes et d’un soutien populaire qui tend à devenir minoritaire ne prouve pas que les manifestants ont compris le message livré par Emmanuel Macron jeudi dernier, même s’il a proposé des solutions concrètes pour les foyers au travail, mais pauvres. Les porte-parole du mouvement n’ont même pas fait mine de s’intéresser à ce que disait le président de la République. Ils s’en tiennent à des revendications, dissolution de l’Assemblée et démission du chef de l’État, qu’il ne peut pas satisfaire.  En outre, le moindre incident peut relancer la protestation, d’autant que les partis d’opposition continuent à jeter de l’huile sur le feu. L’imagination des gilets jaunes se cantonne en général à la répétition des propos les plus provocateurs que tiennent les personnalités politiques vouées à un changement de république.

Une absence d’idéologie.

On a beaucoup commenté l’orientation idéologique  (introuvable) des gilets, en les classant dans l’extrême gauche après les avoir assimilés à l’extrême droite. En réalité, ils semblent surtout séduits par le radicalisme de l’une et de l’autre et trouvent leur confort intellectuel dans des doléances auxquelles ils savent à l’avance que le pouvoir ne peut donner suite qu’en se suicidant. C’est ce qui explique la mauvaise qualité du « dialogue » entre le gouvernement et les manifestants et c’est ce qui rend toute solution politique impossible. Ce que l’on peut dire de M. Macron, c’est qu’il a tenu bon, non sans avoir laissé, et à plusieurs reprises, les black blocs et leurs associés se livrer à la casse des centres-villes, avec l’aide des gilets les plus violents, ceux qui, lorsqu’ils sont interrogés, insistent davantage sur leurs difficultés économiques que sur leur rôle dans la dégradation de l’économie du pays. Si le chef de l’État s’en tient à un programme de distribution d’argent qui risque de plomber nos comptes budgétaires, il sait pertinemment qu’il ne convaincra jamais ses opposants. Il a donc décidé, et depuis longtemps, de jouer sur la fatigue des manifestants, qui est largement perceptible, mais ils refusent quand même de s’organiser pour négocier avec le gouvernement. Dans leur lassitude, notamment celle des personnages qui sont parvenus à se faire connaître, il y a autant de colère à l’égard des dirigeants -et plus particulièrement contre le président, haï comme ne l’a jamais été aucun de ses prédécesseurs-, que de malaise dû à l’incapacité du mouvement d’adopter une forme politique.

Raviver les braises.

Le 1er mai, après-demain, peut être l’occasion de raviver les braises, surtout si les éléments les plus perturbateurs se mêlent de la partie. Mais, comme lors de la grève de la SNCF, on se retrouvera bientôt à la veille des vacances, tradition supérieure à celle, pourtant bien ancrée, de la revendication systématique. L’an dernier, M. Macron a fini par l’emporter au terme d’une longue grève des cheminots. Cette année, il espère que la conjugaison d’un absolutisme déraisonnable, de la nature hétéroclite du mouvement, des dissensions qui le déchirent, lui offriront l’occasion de sortir de l’impasse. Solution certes médiocre, mais solution quand même, dans un pays qui semble toujours au bord de l’insurrection mais qui finit tout aussi souvent par se calmer quand surviennent l’été et les vacances, même si ceux qui protestent sont les moins susceptibles de pouvoir se payer un séjour à la plage.

Des précédents.

Il ne s’agit nullement d’une prédiction, mais d’une hypothèse fondée sur des précédents (par exemple, mai 68). Le 1er mai pourrait bien être l’apothéose d’un mouvement capable de se consumer dans les flammes qu’il a allumées, mais le 26 mai, soit trois semaines plus tard, le scrutin européen peut lancer le signal d’un renforcement de la majorité actuelle. Il est vrai que les sondages les plus récents indiquent une remontée du Rassemblement national, au coude-à-coude avec la République en marche, et une progression sensible des Républicains, à 14 %. Mais  la campagne de la REM a à peine commencé et elle peut creuser l’écart avec l’opposition en durcissant le ton. Nathalie Loiseau, chef de file de la REM, n’a pas été agressive jusqu’à présent. Elle doit s’y résoudre.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Le cap du 1er mai

  1. Michel de Guibert dit :

    Pour le 1er mai, on pourrait rappeler Alexandre Benalla pour faire le service d’ordre !

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