Crise dans la majorité

Griveaux quand il était porte-parole
(Photo AFP)

Pour ceux qui ne s’en sont pas encore aperçus, la bataille des municipales est lancée depuis quelques semaines. Elle prend un tour qui mine la majorité présidentielle, car la concurrence est vive entre la demi-douzaine de candidats qui se réclament de la REM. 

LE PROBLÈME vient principalement de Benjamin Griveaux, ancien porte-parole du gouvernement, qui a quitté son poste pour se consacrer exclusivement aux élections municipales à Paris. Il a été imité par Mounir Mahjoubi, ex-secrétaire d’État au numérique. Les deux hommes ont semblé vouloir prendre un temps d’avance sur les autres candidats, Hugues Renson, Cédric Villani et Anne Lebreton. Tout le monde pense qu’Anne Hidalgo, actuelle maire de Paris, est affaiblie et qu’il est relativement facile de la remplacer. Il vaudrait mieux attendre et voir. Tout le monde pense aussi que M. Griveaux est le candidat favori du président de la République et d’aucuns demandent pourquoi M. Macron n’annonce pas son choix.  L’inconvénient de cette méthode, c’est qu’elle fait du chef de l’État l’arbitre de toutes les querelles et minimise le vote populaire. À quoi fait-on référence ? Mais pardi, à une élection primaire.

Certaines primaires sont catastrophiques.

Les primaires passées, et plus particulièrement celle qu’a remportée haut la main François Fillon juste avant l’élection présidentielle 2017, ont montré que le vœu du peuple risque d’être catastrophique. Aussi la commission nationale d’investiture est intervenue hier soir pour tenter de remettre un peu d’ordre dans l’affaire. Dénonçant la précipitation avec laquelle les candidats de la REM tentent de dire que chacun est plus légitime que les autres, elle dit qu’elle prendra tout son temps pour se prononcer. Tandis que Gilles Legendre, chef de la majorité à l’Assemblée, exprime son inquiétude : l’affaire, dit-il sombrement, déplaît à l’opinion.

Ce qui est spécifique à la majorité, c’est la querelle d’ego. Chaque candidat REM s’estime plus valable que les autres ou tout au moins s’efforce de réclamer une procédure plus démocratique que l’affirmation d’une hégémonie  personnelle. On ne critiquera pas néanmoins le coup d’accélérateur donné aux élections municipales, car les autres partis ne sont pas en reste. Hier, au terme d’une réunion avec ses militants, Marine Le Pen a nommé Jordan Bardella vice-président du parti et annoncé sa volonté de conquérir plusieurs villes qui lui semblent mûres pour passer au RN. Elle s’est hâtée d’envoyer aux Républicains un message affectueux en leur conseillant de rejoindre le Rassemblement national.

Le dépeçage de LR.

On assiste donc à un dépeçage de LR par ces deux partis carnassiers que sont la REM et le RN. La réalité des choses est limpide : d’abord la France, en campagne depuis 2017, restera en campagne d’une manière permanente jusqu’en 2022. Ensuite, il est inutile de critiquer le rythme des rendez-vous électoraux ou le temps requis par les partis pour se préparer à l’échéance. Il va falloir que la gauche, la droite et EELV entrent aussi rapidement dans la course s’ils ne veulent pas être dépassés par les événements. Leader des écologistes, Yannick Jadot compte mettre à profit les quelque 14 % qu’ils a obtenus aux élections européennes. Il rêve d’arriver et même de dépasser le cap fatidique des 20 %, qui le placerait dans une situation favorable pour les élections générales de 2022. Les candidats qui ont pris le départ de la course municipale avant le signal sont donc fondés à dire que les incertitudes sont assez nombreuses, la mêlée assez confuse, les ambitions assez grandes pour que la majorité ne perde pas de temps.

La commission nationale d’investiture de la REM a fait ce qu’il fallait pour éloigner le danger d’une primaire qui risque d’avoir des effets ravageurs. Elle a annoncé ce matin qu’elle désignerait le candidat de la REM à la mairie de Paris. Dans la chaleur de la polémique, les bons principes pourraient bien, malheureusement, être oubliés et les candidats de la REM ont déjà donné le ton en s’affranchissant de toute discipline.

RICHARD LISCIA

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