Chômage : stricte réforme

Edouard Philippe
(Photo AFP)

Le Premier ministre, Édouard Philippe, reçoit ce matin à l’Hôtel-Matignon, en compagnie de Muriel Pénicaud, ministre des Affaires sociales, les syndicats et le patronat pour leur annoncer les nouvelles dispositions en matière d’assurance-chômage. Celles-ci vont probablement entraîner des réactions négatives chez les employeurs et les employés.

LE GOUVERNEMENT s’est saisi de l’affaire parce que les négociations directes entre les syndicats et le Medef ont échoué au cours de l’hiver dernier. C’est la première fois depuis 1982 que les pouvoirs publics s’emparent des relations sociales pour en redéfinir les règles qui régissent l’indemnisation des chômeurs. Le climat est d’autant plus lourd que le projet gouvernemental déplaît à la fois aux organisations syndicales, aux représentants des cadres et au patronat. Cependant, le Premier  ministre est incité à trancher le nœud gordien car l’assurance-chômage a accumulé un déficit de 35 milliards et son premier objectif est de la désendetter. Son deuxième objectif est de ramener le taux de chômage à 7 % en 2022 et de recouvrer le plein emploi en 2025. Les syndicats protestent contre un projet qui consisterait à économiser entre 1 et 1,3 milliard d’euros par an et qui permettrait à l’État de financer partiellement les dépenses publiques provoquées par la crise des gilets jaunes.

Bonus-malus.

Invité hier soir sur la 5, Édouard Philippe a nié que l’État cherche à faire des économies, ce qui, pourtant, entre dans logique du retour aux équilibres budgétaires. « Nous voulons faire en sorte, a-t-il déclaré, que le travail paie plus que l’inactivité ». C’est ce concept réformiste qui lui vaut le plus de critiques. Le patronat s’accroche aux contrats courts dont il semble faire un usage excessif. Le gouvernement a donc mis en place un système dit de bonus-malus qui encourage financièrement les contrats longs et pénalise les courts. Les patrons insistent sur la nécessité de recourir aux contrats courts, notamment dans les métiers saisonniers, par exemple l’hôtellerie et la restauration, l’hébergement médico-social, la santé et l’action sociale.  Les pouvoirs publics ne sont soutenus sur ce point que par le Medef. Quant aux économies, elles obéiraient au schéma suivant : jusqu’à présent, il suffisait de travailler quatre mois sur les 28 derniers mois pour obtenir une indemnisation, dorénavant, il faudra 6 mois d’activité sur 24. Huit cent mille personnes, sur un total de trois millions six cent mille chômeurs, bénéficient de ce dispositif qui va donc devenir plus contraignant.

Le fait accompli.

Les syndicats considèrent qu’ils ont été mis devant le fait accompli. Le gouvernement entend réformer un système qui est un tonneau des Danaïdes mais dont les déficits ne peuvent être comblés que par le sacrifice financier des chômeurs. Édouard Philippe explique que les normes françaises en matière d’assurance-chômage sont trop généreuses et entraînent des dépenses inacceptables. Il n’a pas tort. Mais, au fond, sa réforme consiste à demander aux chômeurs ou aux personnes travaillant par intermittence de financer leur propre chômage par leurs propres deniers, ce qui est une forme de régression. On ne s’en étonne pas dès lors que, dans le dilemme créé par des dépenses sociales dont le financement accroît la dette publique, il n’y a jamais d’autre solution, si l’on veut diminuer les dépenses, que de renoncer aux avantages sociaux.

RICHARD LISCIA

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