Le foot féminisé

Megan Rapinoe, capitaine de l’équipe US
((Photo AFP)

Ce n’est pas d’aujourd’hui qu’il existe des footballeuses à travers le monde. Le tournoi mondial de football qui vient de se terminer les a néanmoins consacrées.

JE M’EMPRESSE de dire que je connais rien à ce sport (ni aux autres) et que je n’ai jamais caché, ici ou ailleurs, mon hostilité au foot, dont je déteste la violence, un certain degré de corruption et un lien trop étroit avec l’argent.  Les femmes qui font du football lui apportent cependant un peu de vertu. Elles sont d’abord moins intéressées par l’argent, ne serait-ce que parce qu’elles sont moins bien payées que les hommes, mais la parité salariale ne va pas tarder. Elles cèdent plus rarement à la violence et elles offrent un spectacle plus fair play que les hommes. De sorte  qu’elles nous ont offert pendant toute la compétition qui s’est déroulée en France, ce qui nous a permis à tous d’oublier les vicissitudes de la politique, les fins de mois et la fin du monde, des prestations de grande qualité. Qui l’eût cru ? Qui, parmi les spectateurs masculins, réunis devant leur téléviseur avec une et même plusieurs bières, leur aurait accordé une chance, un peu de respect, ou se seraient, plus simplement,  départis de leur sexisme ?

Une aubaine électorale.

Le mouvement est irrésistible et les footballeuses seront dorénavant sur le devant de la scène, compteront leurs célébrités, et commenteront leur jeu à la télévision. Les Américaines, championnes du monde, nous sembleront d’autant plus sympathiques qu’elles refusent d’aller célébrer leur formidable victoire à la Maison Blanche, tant que Donald Trump y traîne sa forte silhouette. Elle lui reprochent sa politique à l’égard des minorités, elles auraient pu dénoncer sa désinvolture à l’égard des femmes. Elles tiennent à le stigmatiser car leur exploit aurait été pour lui une aubaine électorale, alors que les démocrates, trop nombreux dans la course, sont en train de tout faire pour que Trump obtienne un second mandat. Inutile de se perdre en conjectures sur l’issue des élections de 2020 aux États-Unis. La primaire démocrate nous réserve assurément de grosses surprises. Et la part de l’impondérable est énorme : non seulement le choix de Trump par le peuple américain était inattendu, mais la remontée actuelle de sa cote de popularité est incompréhensible, si on fait exception de la prospérité, quelque peu artificielle, des États-Unis.

S’inspirer de la conduite des femmes.

Revenons au foot : non seulement les hommes doivent accepter l’égalité des femmes, mais les footballeurs devraient s’inspirer des footballeuses. Au moment où le débat se poursuit, notamment en France, sur l’homophobie et le racisme dans le sport, les femmes, elles, nous donnent chaque jour une leçon de tolérance.  Si, par le seul spectacle qu’elles offrent, elles parvenaient à intimider les hommes enfermés dans leurs préjugés, elles nous rendraient déjà à tous un service remarquable. Peut-être ne faut-il pas complètement désespérer de l’humanité. La dérive populiste à laquelle nous assistons depuis plusieurs années aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Europe reçoit les coups de boutoir lancés par des faits éclatants. Le succès de ce mondial en France nous le confirme : les gens ne sont pas si mauvais et ils sont sensibles à un spectacle de qualité, ce qui prouve leur aptitude à se laisser convaincre par l’art. Le football féminin, c’est comme du Bach : plus on le regarde, mieux on se sent.

RICHARD LISCIA

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