Lubrizol : la défiance

Rouen, jeudi dernier
(Photo AFP)

L’incendie de l’usine Lubrizol, un site classé Seveso, donc considéré comme très dangereux pour l’environnement, a provoqué une pollution qui s’étend jusqu’à 250 kilomètres au nord de Rouen. Les fumées incommodent les habitants de la ville ; les sols et les biens ont recouverts d’une couche sinistre de suie. Aussitôt, la population, les agriculteurs et les défenseurs de l’environnement ont accusé le gouvernement de ne pas réagir d’une manière transparente.

IL S’AGIT d’une catastrophe dont les conséquences immédiates et à plus long terme seront graves. Plusieurs enquêtes sont en cours et le gouvernement continue à recommander la prudence aux personnes concernées. On s’étonne, bien sûr, de ce qu’une usine Seveso existe au milieu d’un quartier résidentiel. Mais, d’une part, la pollution s’étend bien au-delà du site de l’incendie et, d’autre part, la dynamique immobilière a fait que des logements ont été construits de plus en plus près de l’usine.

Des procès en vue.

Ce genre d’accident est assez complexe pour que les pouvoirs publics essaient d’en savoir plus en s’appuyant sur les données et les analyses dont ils disposent. Ils affirment qu’il n’y a pas de danger pour les habitants, ce qui ne semble rassurer personne. Les victimes, gagnées par une colère bien compréhensible, portent plainte, et des procès se préparent. Les plaignants réclament une transparence complète des actes et initiatives des autorités politiques et sanitaires. Le Premier ministre se hâte de répondre que la transparence sera absolue. Plus il le répète, moins on le croit. Encore une fois et à propos d’une usine qui ne date pas d’hier et dont l’incendie ne saurait être attribué à la seule responsabilité du gouvernement actuel, le peuple fait une crise de nerfs et le pouvoir tente, mais en vain, de le calmer.

Le feu venait-il de l’extérieur ?

Bien entendu, il faut se mettre à la place des victimes et sans doute poser le problème de tous les sites Seveso de France, car un autre accident du même genre peut se produire ailleurs dans notre pays. Il demeure qui si l’on a relevé des cas de malaise sérieux, il n’y a pas de malades hospitalisés. Les habitants de Rouen et des alentours sont rongés par l’incertitude. Les résultats des analyses seront connus demain, ce qui devrait limiter la panique. La question de l’indemnisation des victimes, notamment des agriculteurs, doit être réglée aussi vite que possible. Rouen mérite la solidarité de la nation. Mais la frustration conduit la population à désigner un coupable et tombe dans ce travers éculé, l’interpellation systématique du gouvernement, forcément responsable de ce qui vient de se produire. Cette attitude est d’autant plus illogique qu’on ne peut pas exclure un acte terroriste depuis que les dirigeants de l’usine ont déclaré que le feu a pris en dehors du site.

Indemniser rapidement.

Lubrizol appartenant à un investisseur américain, le célèbre Warren Buffet, les victimes lui demandent des sous. Il est probable que M. Buffet, ou plutôt son entreprise, Berkshire Hathaway, ne sait pas grand-chose sur cette usine qu’il possède en France et, s’il est prouvé que l’origine de l’incendie est criminelle, ils commenceront pas se retourner contres les criminels ou les terroristes qui ont allumé le feu. J’ai entendu sur les radios des commentaires qui fustigent l’avarice de M. Buffet, cet homme si riche qu’il aurait dû envoyer des hélicoptères pour déverser des monceaux de billets de banque sur Rouen, mais enfin les choses ne se passent pas de cette manière : il faudra que la justice se hâte, si elle en est capable, et que les victimes soient rapidement indemnisées.

RICHARD LISCIA

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