Comment perdre une élection

Cédric Villani
(Photo AFP)

Un sondage pour le « Journal du dimanche » accorde la première place à Anne Hidago (PS), maire sortante, aux élections municipales à Paris. Elle devance Rachida Dati (19 %), Benjamin Griveaux (15 %), et Cédric Villani (13 %).

CE SONDAGE est un coup de clairon qui salue le parti socialiste. Surtout, il annonce l’échec de la République en marche, dû, bien sûr, à la présence de deux candidats qui se réclament de la REM. Cependant, l’analyse des chiffres montrent un affaiblissement de la REM sans rapport avec la rivalité Griveaux-Villani. Paris, lors des élections législatives de 2017, aura été la place forte du parti d’Emmanuel Macron, en lui apportant une majorité stratosphérique. Lors des européennes, il réunissait dans la capitale 33 % des voix. Les suffrages additionnés de Griveaux et Villani ne dépassent le pourcentage de 28. On peut donc tirer de cette enquête, réalisée à deux mois des élections municipales, la conclusion que les Parisiens auraient pardonné à Anne Hidalgo, largement critiquée pour ses marottes (comme la circulation) et une politique environnementale grandiose qui n’a pas empêché la saleté et l’invasion des rats de faire des progrès considérables sous son mandat. Un signe explicite : au second tour, Mme Hidalgo, associée aux Verts, recueillerait 41 % des voix, contre 20 % à Benjamin Griveaux et 17 % à Villani.

Les raisons de Villani.

Lequel a répété ce matin sur France Info qu’il n’entendait pas rallier M. Griveaux. Bien qu’il se réclame encore, non sans mauvaise foi, de son engagement auprès d’Emmanuel Macron, il estime en effet que son programme est totalement différent de celui de M. Griveaux et qu’il ne peut, dans ces conditions, s’allier à lui. Autrement dit, il est prêt à sa battre jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’au moment où il aura perdu et fait perdre le parti du président. La crise qui sévit en France depuis plus d’un an explique sans doute l’affaiblissement considérable de la REM. Il est normal que le mécontentement de l’opinion ait gagné les Parisiens. Mais, si M. Villani ne fait rien pour obéir à la discipline de parti, c’est aussi parce que le chef de l’État s’est mêlé des municipales, qui ne sont pas vraiment de son ressort, en désignant son homme-lige, en l’occurrence M. Griveaux, qui a certes réussi à convaincre plusieurs concurrents d’abandonner, notamment l’ancien ministre du Numérique, Mounir Mahjoubi, mais ne se doutait pas de l’entêtement, de la combativité, ou de l’acharnement suicidaire de M. Villani. Bien que celui-ci admire M. Macron, il n’a jamais accepté que les candidatures de la REM aux municipales ne passent pas par des élections primaires. Faute originelle qui a déclenché un processus délétère, lequel se traduira dans deux mois par la défaite de la REM à Paris. Ce qui pourrait bien être le signe avant-coureur d’autres échecs électoraux.

Dati sauve la droite.

Il faut noter la remontada de la droite LR sous la houlette de Rachida Dati. C’est un exploit un peu inattendu, Mme Dati s’étant, depuis quelques années, un peu marginalisée au sein des Républicains, notamment en menaçant divers adversaires. Dont Philippe Goujon, maire LR du XVe arrondissement de la capitale qui affirme ne pas pouvoir prononcer le nom de Rachida Dati. Pourquoi tant de haine ? On ne cherchera pas à le savoir. Il reste à voir de quelle manière M. Goujon pourrait arrêter la marche triomphante de l’ancienne ministre de la Justice. Non seulement le sondage lui attribue des galons, mais elle représente à elle seule l’unique espoir de la droite classique de sauver l’honneur aux municipales. Ce que ne pourront faire ni la France insoumise (qui, selon l’enquête, obtiendrait 5 % des suffrages) ni le Rassemblement national, situé au même palier.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Comment perdre une élection

  1. admin dit :

    LL dit :

    Il est vrai aussi que le statut de maire sortante confère au moins l’avantage de la « marque reconnaissable » à Anne Hidalgo. Tu écris, « sans rapport avec la rivalité », certes, mais Villani n’aurait pas du faire bande a part … Il y a toujours une prime électorale à l’unité, en l’occurrence difficile à mesurer.

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