La colère de Macron

Macron, un dictateur ?
(Photo AFP)

Lors de son retour d’Israël, le président de la République a répondu, dans son avion, à une question des journalistes sur la notion d’une transformation rampante de la France en dictature.

SI LA question est déjà dans l’air depuis un bon moment, c’est dû principalement à un nouveau fantasme populaire. Face à la rigidité du gouvernement devant l’exigence de retrait de la  réforme des retraites, les grévistes et manifestants estiment qu’ils vivent non plus en démocratie mais sous un régime dictatorial. C’est, bien entendu, une vision complètement déformée par la passion, car notre régime est celui d’une république démocratique et le gouvernement actuel ne détient son pouvoir que d’une majorité de suffrages, quoi qu’en pensent les gilets jaunes et syndicats, lesquels auraient tendance, de leur côté, à nous imposer par la force leur volonté, chaque fois qu’ils mentionnent leur détermination. D’un côté, l’intransigeance gouvernementale a provoqué une haine populaire  qui devient, avec le temps et surtout l’échec des grèves, irréductible. De l’autre, l’idée que l’on souffre assez pour dénicher, sous les apparences du suffrage universel, l’hydre de la dictature est une fantaisie que le pays ne peut pas s’offrir.

Une diffamation.

Emmanuel Macron reçoit cette critique, une de plus, comme une diffamation. À peu près rien de ce qu’il fait ne relève du non droit ou de la délinquance. Il fait très rarement ce qu’il n’a pas annoncé lors de sa campagne électorale et, si les Français l’avaient mieux écouté avant l’élection présidentielle de 2017, il leur suffisait de ne pas voter pour lui. Contrairement à ce que disent les multiples opposants à M. Macron, il a été élu dans les plus pures formes de la démocratie et, pour le répéter, je n’ai pas besoin que l’on me dise qu’il est passé au premier tour avec seulement 24 % des voix. Au premier tour, on élimine, au second, on choisit. Pour changer la constitution, pour revenir à la Quatrième République, pour restaurer le régime des partis, il faut une majorité des deux tiers. Les grévistes peuvent bien hurler leur amertume, ils doivent s’y faire. Nous avons un régime stable ; nous avons une Loi fondamentale ; nous avons une majorité absolue et, pour le moment, s’il est possible que la France soit en situation « pré-insurrectionnelle », le mouvement et les désordres tendent à s’affaiblir.

Le malaise national est durable.

Le gouvernement a-t-il gagné la bataille, fût-elle circonscrite dans le réseau des règles démocratiques ? En tout cas, il ne l’a pas perdue, et il ne semble pas devoir la perdre. Ce qu’il peut craindre en revanche, c’est que demeure dans les cœurs cette haine tenace dont nous avons vu les effets coûteux et que, après un apparent retour au calme, le malaise national se poursuive. Les mécontents sont nombreux mais minoritaires. Les sondages d’opinion, si sévères pour nos dirigeants, ne disent rien d’une réalité tenace, à savoir que la crise est le fait d’une petite minorité qui voudrait, contrairement aux principes démocratiques, imposer sa volonté au reste du peuple. On n’est pas dans le peuple parce qu’on fait grève, il y a des gens du peuple qui travaillent tous les jours et font tourner l’économie, paient leurs impôts et leurs cotisations et protègent par leur assiduité un système que d’autres voudraient mettre en péril. La grande question est maintenant la suivante : l’exécutif avait-il besoin de procéder à la réforme des retraites ? Sans doute l’ambition du président est-elle de faire enfin ce que ses prédécesseurs n’ont pas osé faire. Mais, contrairement à ce qu’on nous crie répétitivement, de manière tonitruante et dans la vocifération, il n’y a aucune raison de défendre le système actuel des pensions, il court à la faillite. Il faut donc établir un nouveau système qui soit durable, c’est-à-dire avec des comptes équilibrés. D’ailleurs, les opposants n’ont jamais porté aux nues le système de retraite à 42 régimes différents. Ils en ont découvert les vertus quand M. Macron leur en a proposé un autre.

Je suis tout à fait d’accord pour dire que, après les réformes lancées par François Hollande et celles de Macron, le pays avait peut-être besoin d’un répit. On lui a fait  avaler trop de réformes structurelles et il en a fait une indigestion. Mais le temps  presse, parce que le mandat est court. Nous sommes déterminés, affirment les grévistes, qui prévoient de nouvelles journées de manifestations. D’accord. Il leur suffit d’autoriser leurs gouvernants à être tout aussi déterminés qu’eux.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

3 réponses à La colère de Macron

  1. Boy dit :

    Merci de rappeler que c’est Mitterrand en démagogue professionnel qui a fait ce cadeau que personne ne lui demandait de la retraite à 60 ans. Il ne pouvait pas ignorer que c’était une hérésie avec l’allongement de la durée de vie, mais devait s’amuser d’avance des problèmes que cela poserait à ses successeurs (de droite)

  2. vultaggio-lucas dit :

    Vous nous écrivez: « …car notre régime est celui d’une république démocratique… ». Il fut un temps que les moins de vingt ans ne peuvent connaitre, où « République démocratique de… » était synonyme dans les pays occidentaux de dictature (communiste/soviétique). Heureusement, dans votre phrase il n’y a pas de « de » après  » république démocratique ».

  3. vultaggio-lucas dit :

    En 1996, du fait de la colère « chiraquienne », il fut possible de voir aux « infos » des militaires israéliens avec leur inséparable fusil en bandoulière, sortir de l’église Sainte Anne, lieu saint par essence mais aussi territoire français par présent des Ottomans à la France… Il y eut aussi une bousculade entre Chirac et la sécurité israélienne qui nous donna l’impression de comprendre l’anglais comme jamais. Sur la vidéo montrant le « courroux » macronien, pas de militaires israéliens armés en vu sur le » territoire français », que des agents de la sécurité israélienne selon les médias qui n’auraient pas respecté les « rules » selon le président de la République française. Mais quelles règles, au fait? Celles qui confèrent à la France un territoire offert par les Ottomans et qu’Israël ayant d’autres soucis à régler en 1948, n’a pas réclamé à la France comme cela aurait dû/pu se faire.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.