L’assaut des écolos

Yannick Jadot
(Photo AFP)

Comme beaucoup d’autres peuples, les Français ont déjà pratiqué le dégagisme. Il semble que les écologistes d’EE-LV (Europe Économie les Verts) en font eux aussi un instrument de leur argumentation électorale.

YANNICK Jadot, chef d’EE-LV, est convaincu que les élections municipales lui offriront un marche-pied vers les élections générales de 2022 et que, grâce au jeu des alliances, son parti est en mesure de conquérir quelques grandes villes emblématiques. C’est d’autant plus  plausible que les écologistes sont déjà bien implantés dans quelques agglomérations. La gauche socialiste, mal en point, ne devrait pas hésiter à rejoindre les écologistes et, déjà, on parle d’une alliance entre Cédric Villani, dissident de la République en marche et le chef de la campagne d’EE-LV à Paris, David Belliard, ce qui relativiserait les scrupules exprimés par M. Villani, qui a refusé devant Emmanuel Macron, de retirer sa candidature, et qui a fini par être exclu de la REM : il est sur point de passer à l’ennemi, incapable qu’il est se sacrifier à un mouvement et à un président qui lui ont donné sa seconde notoriété, le leader politique ayant remplacé le mathématicien.

Hidalgo par défaut ?

Ni la gauche, ni l’extrême gauche ni le RN ni la droite LR ne semblent capables de prendre à Anne Hidalgo la mairie de Paris. Leurs électorats sont faibles, de sorte que les Parisiens seraient prêts à passer six ans de plus avec elle. En revanche, les écologistes feront un bon score, surtout si un accord est forgé avec M. Villani. Comme les Français, les Parisiens ont tout essayé et aujourd’hui, le parti qui semble mieux incarner le dégagisme, c’est EE-LV. Le macronisme, affaibli par les gilets jaunes et la réforme des retraites, est déjà relégué au grenier où s’entassent ceux qui ont eu un passé mais n’ont pas d’avenir. Le président de la République n’a certes pas pu convaincre Villani de se retirer. En revanche, à Biarritz, il a sommé les deux ministres, celui de l’Agriculture, Didier Guillaume et le secrétaire d’État au Tourisme et au Commerce extérieur, Jean-François Lemoyne, de s’abstenir. Ils se sont soumis sans hésiter. Après son échec parisien dont on aura tout le temps de mesurer les conséquences, M. Macron s’est montré intraitable, ce qui est souvent le moyen de mettre de l’ordre dans ses propres troupes.

Jadot confiant en lui-même.

Yannick Jadot est parti au combat avec un optimise remarquable. Il fait toutes ses campagnes à gauche, damant le pion au PS, qui n’a plus assez d’air pour respirer et présente des signes de suffocation. Les sondages montrent que cette stratégie est efficace. Les écolos apparaissent, à ceux qui ne les ont pas essayés, comme un mouvement dégagiste, d’où leur succès apparent. Leur faiblesse vient de la confiance excessive que M. Jadot se porte à lui-même et, surtout, de leur habitude de faire des scores électoraux en zigzag, avec de beaux succès, suivis de défaites inattendues. Aussi les pronostics sondagiers doivent-ils être pris avec des pincettes : l’opinion parisienne est changeante et il y a comme une contradiction entre la place imposante occupée par Anne Hidalgo et un ras-de-marée écologiste éventuel. Non pas que la maire actuelle oublie de rappeler tous les efforts chiffrés qu’elle a fournis en faveur d’un environnement plus propre, mais il suffit de traverser Paris pour constater que le niveau d’hygiène est en train de baisser (en même temps que le civisme, il est vrai).

RICHARD LISCIA

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