Épidémie et totalitarisme

L’embarquement à Wu Han dimanche
(Photo AFP)

Selon toute vraisemblance, l’épidémie de coronavirus en Chine est pour le moment contenue. Elle a certes fait de nombreuses victimes, dont au moins trois cents morts. Bien que sa propagation soit rapide dans plusieurs régions du monde, les autorités sanitaires nationales et internationales ont fini par s’adresser fermement au danger. Les conséquences économiques et commerciales sont bien plus graves.

LES CHINOIS espèrent en effet juguler la maladie et  rétablir aussi rapidement que possible la situation antérieure. L’épidémie complique néanmoins leurs projets de relance d’une économie qui commençait déjà à s’essouffler. Parmi les mesures draconiennes qu’ils ont prises, de la mise en quarantaine de Wu Han à l’injection de 156 milliards de dollars dans l’économie chinoise pour qu’elle reparte de plus belle, de la construction d’un hôpital en dix jours à la discipline de fer imposée aux citoyens chinois, parfois par des drones qui les surveillent, sont les plus spectaculaires. Sans doute n’y a-t-il qu’en Chine que l’on puisse prendre de décisions aussi massives et efficaces. L’ordre immuable créé par le parti communiste contribue au calme et à l’obéissance populaire. On découvre, face à un malheur national, une capacité unique à lutter contre la maladie, à la fois en utilisant tous les moyens de la prophylaxie et les instruments de surveillance mis en place par les autorités quand tout allait bien dans le meilleur des mondes totalitaires.

Un virus qui affecte le monde entier.

C’est donc l’alliance des ressources, notamment la reconnaissance faciale, iniquement généralisée, et de la volonté des dirigeants qui permet de croire que non seulement la Chine va juguler l’épidémie et qu’elle le fera vite, mais qu’elle se lancera de nouveau, et dans des délais assez courts, dans la production. Il n’empêche que le monde entier est affecté par le coronavirus. D’abord parce qu’il a déclenché une psychose planétaire qui donné un coup d’arrêt aux voyages, aux transports aériens, aux échanges commerciaux et culturels. Ensuite parce que la panique, même lorsqu’elle n’est pas exprimée, rend les gens agressifs à l’égard de ceux qui seraient porteurs du virus. C’est ainsi que les Français rapatriés de Chine pour être installés dans une quarantaine (aucun n’est contaminé) n’ont pas été reçus les bras ouverts par leurs compatriotes du coin qui ne souhaitent pas que leur village devienne un réservoir du coronavirus. Ensuite, parce qu’il faudra beaucoup de temps pour rassurer les peuples non chinois, qui hésiteront à retourner dans l’empire du Milieu et éviteront de passer de nouveaux contrats avec les entreprises chinoises.

Précision et vigueur.

Les conséquences de l’épidémie sont donc bien plus graves que le protectionnisme de Donald Trump. Elles sont néfastes pour les importateurs américains et pour les exportateurs chinois. Elles affecteront durablement le tourisme mondial car beaucoup de voyageurs craindront d’entrer en contact avec des populations asiatiques ou même avec des gens qui auraient commis l’erreur de se trouver en Chine au mauvais moment. Elles vont obliger les gouvernements des grands pays à chercher des alternatives au manque à gagner inévitable de leurs balances commerciales. On dit ici et là que les dirigeants chinois n’ont pas réagi assez vite aux premiers symptômes de l’épidémie. Il faudrait être sur place pour le savoir. Mais quand il a fallu attaquer le virus, ils ont manœuvré leur immense nation avec une précision et une vigueur impressionnantes.

RICHARD LISCIA

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