Coronavirus : crise planétaire

Touristes à Venise
(Photo AFP)

Les conséquences immédiates et à plus long terme de l’épidémie du nouveau coronavirus seront beaucoup plus lourdes qu’on ne l’imaginait. On ne peut pas être citoyen du monde et ne pas se sentir concerné.

LA COMPARAISON avec la grippe saisonnière n’est pas pertinente. La grippe tue des milliers de gens, mais elle ne dévaste pas leur mode de vie. Le coronavirus est combattu par des moyens autrement plus compliqués et angoissants que la vaccination (mais on trouvera un jour un vaccin contre ce virus aussi) : le confinement de millions de personnes en Chine, de milliers ailleurs, ce qui signifie qu’elles ne peuvent pas sortir pour travailler, acheter des vivres, se distraire. La Chine recense plus de deux mille morts, des milliers de contaminés. L’épidémie s’étend en Iran et dans plusieurs autres pays. Les idées qui apparaissent dans le débat sont extrêmes : fermeture des frontières, arrêt de tous les transports d’un pays à un autre désigné comme dangereux, animosité à l’égard des Chinois, soudaine xénophobie, peur des autres, suspicion généralisée surtout pour ceux qui reviennent de l’étranger.

Bonne gestion en France.

Quant aux gouvernements, ils sont dépendants de la médecine. En France, les dispositions adoptées ont eu un excellent effet avec, aujourd’hui, seulement trois cas de contamination recensés. Il y en aura d’autres. Pour le moment, on déplore deux décès dont un hier. Mais des gens contaminés ont été guéris sans vaccin. D’autres n’étaient pas infectés, ont fini leur quarantaine et ont retrouvé la liberté. Nous avons évité au moins une mesure déraisonnable : la fermeture de notre frontière avec l’Italie qui n’aurait pas empêché le virus d’arriver en France et aurait causé plus de complications que d’améliorations. Toutefois, la première question qui vient à l’esprit est : quand le virus sera-t-il vaincu ? Quand pourrons-nous reprendre nos bonnes vieilles habitudes ? Avec ou sans vaccin, il faudra plusieurs mois pour qu’on n’en reparle plus. Ce qui signifie que nous allons inévitablement subir un ralentissement de la croissance. Prévue à 1,1 % cette année, elle pourrait être inférieure à 1 %, ce qui est vraiment très peu, insuffisant en tout cas sur le plan budgétaire.

Méthodes chinoises.

C’est pourquoi au-delà de la peur qu’inspire le virus, les conséquences économiques et commerciales sont considérables. La Chine étant, par définition, l’atelier du monde, certains produits seront rapidement, en Europe et aux États-Unis, en rupture de stock. Des emplois seront sacrifiés à la baisse de l’offre, puis de la demande. Nos prévisions de croissance et d’emploi doivent être complètement révisées. Les secteurs les plus touchés seront parfois, comme les médicaments, ceux qui nous aident à vivre. Le rôle essentiel de la Chine est, de ce point de vue, surprenant. Le gouvernement n’a pas réagi aux toutes premières alertes qui remontent au début de décembre. Il est donc responsable de la crise à Wuhan, qui a été et est encore particulièrement aiguë. L’exemple sardonique, dans cette affaire, est celui du jeune médecin qui a lancé l’alerte, a été dénoncé en tant que traître à la patrie et a finalement succombé au coronavirus, comme pour prouver qu’il avait raison.  Après avoir perdu quelques jours précieux, les dirigeants chinois ont surréagi en ferment littéralement Wuhan et d’autres villes et faisant respecter ses mesures par la manière forte, flicage, drones, poursuites judiciaires contre ceux qui sortaient de chez eux. C’est la Chine qui a été la plus atteinte parce qu’elle empêche la liberté d’expression ; c’est la Chine qui finira la première par venir à bout du virus grâce à l’absence de liberté. Ou à cause d’elle.

RICHARD LISCIA

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3 réponses à Coronavirus : crise planétaire

  1. Laurent Liscia dit :

    « C’est la Chine qui a été la plus atteinte parce qu’elle empêche la liberté d’expression »: magnifique!
    « C’est la Chine qui finira la première par venir à bout du virus grâce à l’absence de liberté ». Pas sûr. Quelques faits d’abord. 1. La crise est planétaire parce que l’économie est planétaire et on assistera à tous les remous que tu mentionnes; mais il y aura aussi de nouvelles opportunités de sous-traitance pour des pays qui ne demandent que çà depuis longtemps. Il y a des produits de remplacement un peu partout, et il y a même un mouvement pour rapatrier une partie de la base industrielle dans les pays riches. 2. La liberté de communication et d’enquête c’est exactement ce qui permet la victoire sur les épidémies, pas la répression. Il faut pouvoir étudier les virus et c’est toujours un effort international et transparent par définition. Je suis prêt a parier que la Chine va finir par se tourner vers les nations occidentales, surtout si nous développons un vaccin. 3. Le taux de mortalité du COVID19 se situe entre 1 et 2 %. Ebola: 90 %. L’espèce humaine est remarquable: elle a réussi a contenir l’Ebola, bien plus dangereux que COVID. Elle saura contenir le COVID. Le vrai risque c’est celui d’une mutation délétère qui augmenterait soudain le taux de mortalité – mais çà, on ne peut pas y faire face sans liberté d’étude et d’expression.

  2. guerrier dit :

    Laurent, fils de Richard, (?), a raison, tout comme Richard. En fait, au début d’un problème médical de ce type, certains ont très peur, avec raison ou pas, et ouvrent donc le parapluie par des mesures peut-être inutiles, mais on le saura plus tard. D’autres sont optimistes, ne voyant que le verre à moitié vide (ou plein,ça dépend) et crient à la psychose provoquée. Donc qui croire ? Eh bien personne puisque personne ne peut prévoir l’évolution. De toute façon la protection individuelle, pour l’instant, tout azimut, ne peut pas être critiqué et doit faire appel au bon sens, c’est-à-dire appliquée en cas de symptômes ou de contact, mais il serait exagéré de stopper l’économie actuellement. La complexité est extrême. Faire confiance aux médecins, oui, c’est encore eux qui sont les mieux placés ou plutôt le moins mal.

  3. Alessio Damiano dit :

    Les contaminations en dehors de la Chine, avec les dernières données scientifiques sur le Covid-19, suggèrent que nous pourrions bientôt voir une augmentation rapide des infections.

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